Et qui ne facilitera pas le démarrage du chantier, souhaité par la majorité des votants au référendum local organisé le 26 juin dernier. Le Président avait pourtant alors affirmé que leur volonté, démocratiquement exprimée, serait respectée. Le Premier ministre, Manuel Valls, l’a redit depuis avec force.
Mais c’est maintenant Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, qui déclare qu’il faudrait “arrêter les frais”, rajoutant encore à la confusion. Ce sont plutôt les “couacs” qu’il faudrait arrêter.
Développement économique et respect de l’environnement
L’écologie était apparue au début des années 1970, comme une suite logique des réflexions de Mai 1968. Mais les chocs pétroliers et la crise économique qui les a accompagnés allaient mettre au premier plan des préoccupations plus immédiates, comme l’emploi et le pouvoir d’achat.
Il aura fallu l’accident de Tchernobyl (1986), la disparition de la forêt amazonienne ou la fonte des glaces de l’antarctique pour que l’environnement trouve une place dans les médias et dans les esprits.
Gestes écocitoyens
Leurs motivations ne sont pas seulement écologiques et altruistes, mais aussi économiques et sanitaires. Ce qui montre bien qu’il n’y a pas d’incompatibilité.
Bouleversement des priorités
Interrogés sur les thèmes qu’ils souhaitaient voir aborder lors du premier débat de la primaire de droite et du centre (sondage France Info/Odoxa), 41 % des Français ont ainsi placé le chômage en tête, 29 % la lutte contre le terrorisme, 27 % l’immigration, 26 % le pouvoir d’achat, 16 % la fiscalité, à égalité avec l’éducation, 14 % la lutte contre la délinquance.
Seuls 11 % ont cité l’environnement, qui n’était suivi (étonnamment) que par la santé (9 %) et la question de l’identité nationale (4 %). D’autres enquêtes montrent que peu de Français sont aujourd’hui convaincus qu’il faille dépenser des sommes considérables pour fermer des centrales nucléaires. Ils sont davantage intéressés par des solutions permettant de créer des emplois, assurer la sécurité, accroître le pouvoir d’achat.
Écologie et égologie
Mais aussi à vouloir prendre sa destinée en mains, sans ignorer pour autant toute forme de solidarité, ce qui la différencie de l’égoïsme ou de l’individualisme. Sans doute inscrite dans la nature humaine, l’égologie est exacerbée dans la société contemporaine où l’individu et la communauté priment souvent sur la collectivité.
Croissante verte
Mais beaucoup ont compris qu’elle représente en même temps une opportunité pour le monde et pour le pays. Une voie de sortie de crise existe, avec la “croissance verte”.
Une expression plus familière et populaire que celle de “développement durable” ou de “croissance soutenable” (sustainable development) apparues dans le rapport Brundtland publié en 1987, qui a servi de fondement au Sommet de la Terre de 1992.
Un grand projet pour 2017
Compromis synergique entre économie et écologie, “l’écolonomie” [un autre néologisme créé par l’auteur dans une tribune pour le Monde, le 13 octobre 2008, NDLR] pourrait renforcer la croissance et représenter la “troisième voie” dont le monde a besoin.
L’écologie constitue pour l’opinion un garde-fou nécessaire contre les dérives de la “modernité”. Cela ne signifie pas à ses yeux qu’elle doive être “préemptée” par un parti politique. Surtout s’il se montre incapable à l’intérieur de s’entendre sur les grandes options et se positionne comme une force “de gauche”, alors qu’il défend une cause “transversale”.
Cette cause commune devrait au contraire servir de prétexte pour sortir de “l’hémiplégie” dont souffre le pays. Et de support à une action concertée de tous les acteurs de bonne foi, de bonne volonté et de bon sens.
Pression citoyenne
La campagne pour l’élection présidentielle de 2012, obnubilée comme les précédentes par la bipolarisation traditionnelle de la société, n’avait pas permis de jouer cette carte. Celle de 2017 ne paraît pas non plus engagée dans ce sens. L’écologie y est jusqu’ici très peu présente (ceux qui s’en réclament en tant que parti n’ont guère de crédit dans l’opinion) et l’économie passe après la surenchère des discours sécuritaires.
C’est aux citoyens de faire pression sur les candidats pour qu’ils mettent l’écolonomie au centre de leurs programmes.
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