Partager la publication "L’indépendance est un mirage, l’avenir de l’Europe passe par le fédéralisme"
Clin d’œil de l’histoire à l’actualité : lundi 4 juillet, les États-Unis fêtaient comme chaque année leur indépendance par rapport au Royaume de Grande-Bretagne, auquel ils furent rattachés jusqu’au 4 juillet 1776 (en réalité le 2, mais cela n’a guère d’importance). Quelques jours avant cette célébration (le 23 juin) c’était justement la Grande-Bretagne (élargie au Royaume-Uni) qui votait, signifiant sa volonté majoritaire de sortir de l’Union européenne.
Sans se soucier vraiment des conséquences que cela pourrait avoir pour les autres membres de la “communauté”. Mais on sait qu’il ne faut guère attendre de solidarité entre les peuples en cette époque de repli sur soi. “L’enfer, c’est les autres” , écrivait Sartre. Cette phrase continue d’alimenter ou justifier la xénophobie ambiante, alors qu’elle avait pour son auteur un tout autre sens : il voulait signifier l’importance cruciale que les autres, leur existence et leur jugement ont sur chacun de nous.
Ni plan A pour les Britanniques, ni plan B pour l’Union européenne
À preuve, le désarroi affiché le lendemain dans les capitales ou sur les marchés financiers ou dans les entreprises. Et, surtout, au sein même du Royaume-Uni. Certains partisans de l’indépendance déclarant qu’ils s’étaient trompés et regrettant leur choix. D’autres estimant qu’ils avaient été trompés. Un scandale d’ailleurs confirmé par les aveux de mensonges de Boris Johnson et Nigel Farage, les deux principaux animateurs de la campagne en faveur du Brexit.
Parallèle entre le Royaume-Uni et les États-Unis
À deux siècles d’intervalle, le parallèle entre le Royaume-Uni et les États-Unis est intéressant. Certains l’utiliseront pour démontrer que l’indépendance a plutôt bien réussi aux seconds, puisqu’ils sont devenus et demeurent encore aujourd’hui la première puissance mondiale. On leur rétorquera que c’est sans doute parce qu’ils se sont constitués en une fédération d’États plutôt qu’en une nation détachée du reste de la planète, au propre comme au figuré, et qu’ils ont participé aux grands mouvements du monde (y compris les plus tragiques).
Une raison de plus pour imaginer que le fédéralisme pourrait être l’avenir de l’Europe et des États-nations qui la composent. En tout cas de ceux qui ont l’envie et les capacités d’en être, moins pour profiter des subventions que de l’effet de synergie qu’il permet.
Un mirage de l’indépendance aussi en Corse
Leurs revendications concernent en particulier “l’amnistie des prisonniers politiques corses”. Des notions qui, selon le Premier ministre, ne figurent pas dans le droit français.
“Ni prisonnier politique, ni amnistie ni oubli d’un crime grave. Respect de la loi et de l’humanité. Voilà fermement la ligne du gouvernement”, a-t-il déclaré devant l’hémicycle (clairsemé) de l’Assemblée régionale.
Le statut de la langue corse
Il avait aussi déclaré avec un humour censé faire passer la provocation :
“La France est un pays ami”, juste avant de faire chanter l’hymne corse aux élus. Oubliant que l’ami subventionne toujours très largement l’activité et les “exceptions” de cette partie sensible de son territoire. Son président n’a pas réclamé, semble-t-il, que ces aides soient réduites ou supprimées.On ne pourra reprocher à Manuel Valls de reculer devant les difficultés qui s’accumulent depuis des mois autour de lui et de son gouvernement (même s’il a été contraint à plusieurs reprises de battre finalement en retraite). Après avoir subi les sociodrames du terrorisme, de la déchéance de nationalité, des inondations ou de la loi Travail, sans doute aurait-il préféré faire du tourisme dans l’île de Beauté que de la politique.
La grande illusion
Ce sont aussi des restitutions d’idées colportées par les médias, les réseaux sociaux et autre moyens contemporains d’information et d’influence, qui se substituent à la réflexion individuelle ou l’orientent, parfois la polluent. La complexité des questions actuelles explique le recours, souvent inconscient, aux réponses que l’on a perç
ues dans le bruit médiatique. Et que l’on a retenues pour des raisons que la raison n’a pas eu le temps d’examiner.
L’avenir du pays, pas vertical mais horizontal
Bien qu’elle dispose de solides atouts, la France n’a pas la capacité de constituer seule l’un de ces nœuds. Sa population pèse moins de 1% de celle de la planète. Son économie n’est ni dominante ni très performante. Elle a davantage la culture du confort que le culte de l’effort. Elle ne dispose pas à ce jour de ressources naturelles exceptionnelles et renouvelables. Elle ne peut donc qu’espérer faire partie d’un centre plus large et influent, qui la grandira et la motivera.
Celui-ci ne peut être que l’Europe. Une Europe rénovée, réinventée, avec l’accord et la participation de chaque citoyen. Ce n’est pas seulement une opportunité, mais une nécessité. Ceux qui ne le comprennent pas rendent un très mauvais service au pays. Plutôt que de vouloir bâtir des murs, ils devraient expliquer qu’il faut construire des ponts. Car l’avenir du pays n’est pas vertical mais horizontal.