Partager la publication "5 chiffres pour comprendre l’accélération éclair des voitures électriques"
C’est un seuil symbolique. L’an passé, les ventes en Europe de voitures électriques et d’hybrides rechargeables ont dépassé le million d’unités, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Soit une part de marché de 22,4 %, contre seulement 8,7 % en 2019, et à peine quelques pour cent les années d’avant.
En France, les ventes de véhicules électriques ont explosé, de 42 000 à 111 000 ventes, sur le 1,6 million de véhicules vendus l’an passé. “Ce sont des chiffres impressionnants : il y a encore quelques années, une grande partie de l’industrie ne les pensait pas possibles”, rappelle Xavier Mosquet, directeur associé senior au cabinet de conseil en stratégie BCG.
Pour cet expert, missionné par Emmanuel Macron sur le sujet et embauché par Barack Obama pour sauver l’industrie automobile américaine en 2009, le boom des voitures électriques a trois moteurs. D’abord les contraintes réglementaires, qui poussent les constructeurs à investir ce marché sous peine de subir des pénalités financières. Puis les aides pour le consommateur. Et enfin la baisse importante du prix des batteries.
C’est le nombre de Renault Zoé vendues en France en 2020, la voiture électrique la plus populaire dans l’Hexagone. Si son prix démarre à 32 500 euros, l’État offre un sérieux coup de pouce. Le bonus écologique et la prime à la conversion peuvent monter jusqu’à 12 000 euros. Sur le long terme, l’électrique est aussi moins cher.
Selon l’association de défense des consommateurs UFC-Que-Choisir, pour les voitures de gabarit moyen, “l’électrique est systématiquement la technologie la moins coûteuse en tenant compte de tous les coûts de détention”, avec un coût de l’énergie en moyenne 73 % plus faible que pour une voiture essence. “Aujourd’hui, le consommateur a un choix large de véhicules, qui ne couvre toutefois pas encore toutes les gammes”, remarque Xavier Mosquet, qui pointe un manque de véhicules petits et gros.
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Même si le coup de pouce financier de l’État n’a pas vocation à être maintenu, le boom des voitures électriques devrait se traduire dès 2026 par le dépassement d’un nouveau cap symbolique. À cette date, selon le BCG, les ventes de véhicules électrifiés dépasseront en France celle des thermiques. “La moitié des consommateurs se posent déjà la question lors de leur achat”, signale Xavier Mosquet.
Plus de ventes, cela veut dire la création d’un marché de l’occasion, un argument de plus pour acheter de l’électrique. Une tendance qui devrait être renforcée par les mesures annoncées par la Commission européenne, qui vise l’interdiction de la vente des véhicules thermiques neufs pour 2035.
Alors que l’industrie automobile est un important employeur en France, avec environ 400 000 emplois dans cette filière, l’Observatoire de la métallurgie pointe le risque d’une perte de 100 000 emplois d’ici à 2035. “La fabrication d’un moteur électrique nécessite 60 % de main d’œuvre en moins que celle d’un diesel”, remarquent ainsi la fondation Nicolas Hulot et la CFDT.
Les deux organisations, dans un rapport récent, plaident pour de nouveaux projets industriels et la relocalisation des chaînes d’approvisionnement, par exemple sur les batteries, le recyclage ou le rétrofit.
Tout en prenant le cap de la sobriété, quitte à reconvertir une partie des usines vers le vélo. “Entre les emplois perdus dans l’essence et le diesel et ceux gagnés dans les nouveaux composants, véhicules et recharges, nous estimons que l’emploi de ce secteur sera stable dans l’Union européenne, à condition que des pays comme la France se saisissent de cette transition”, observe Xavier Mosquet.
Telle est la part de marché de Tesla dans le segment des véhicules électriques rechargeables, en 2020, selon Statista. Une position de leader qui a poussé la capitalisation de cette entreprise créée en 2003 vers des sommets boursiers. “C’est l’Iphone de l’automobile, avec ses voitures à l’autonomie très élevée et une électronique embarquée très en avance”, résume Xavier Mosquet.
L’irruption de Tesla sur ce marché automobile très fermé va-t-elle être suivie de celle des géants de la tech ? Google s’intéresse déjà de près aux systèmes d’informations des véhicules, tandis que l’Apple Car fait fantasmer le grand public. Des mouvements révélateurs de la tectonique des plaques automobile, bouleversée aujourd’hui par l’électrique, demain par les véhicules autonomes.
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