Des souris mortes dans les placards. Des punaises dans le lit. Un frigo rempli de pourriture. Des serviettes de bain trouées. Une inondation dans la cuisine… Voilà le genre de mésaventure auxquelles vous vous exposez en passant par Airbnb, à en croire « Share Better », une campagne portée par une
vidéo comme seule l’Amérique sait en faire, dirigée contre la plateforme de location entre particuliers.
Financée par une coalition hétéroclite d’hôteliers, de politiciens et d’activistes du logement New-Yorkais, la vidéo illustre de mauvais commentaires trouvés sur Airbnb : « Il y avait des cafards partout » ; « les vitres étaient pleines de graisse », etc. Objectif : dégouter les futurs clients potentiels de passer par le site pour trouver à se loger.
Mais si la vidéo choisit de pointer des problèmes d’hygiène, le procès fait à Airbnb est plus large. La campagne reproche à l’entreprise de permettre aux particuliers de louer leur appartement à la journée à un montant élevé, sans payer les taxes auxquelles sont soumis les hôteliers et les bailleurs classiques.
« Loin d’être un service sans danger permettant aux habitants de New York de partager leurs maisons avec des invités, Airbnb permet aux locataires New-Yorkais d’enfreindre la loi, de violer leurs baux locatifs. Il aggrave la crise du logement dans nos quartiers et pose de graves problèmes de sécurité publique pour les clients, les hôtes, et leurs voisins », peut on lire sur le site officiel,
sharebetter.org. On y trouve aussi une page
horror stories (histoire d’horreur), qui compile des témoignages textes et vidéos de clients déçus par leur location. Coût total de la campagne : 3 millions de dollars !
Dès le lancement de la campagne, vendredi 12 septembre, Airbnb a
répliqué par la voie de son directeur des relations publiques Max Pomeranc.
« Quelques hôtels mal informés dépensent des millions pour empêcher les New-yorkais de partager la maison où ils vivent (…) La communauté Airbnb génère quelque 768 millions de dollars et 6 600 emplois. » Max Pomeranc a également affirmé que son entreprise avait radié beaucoup d’utilisateurs qui utilisaient la plate-forme pour louer des appartements miteux.
La confrontation entre hôteliers et Airbnb va-t-elle s’exporter en Europe, où taxis et VTC se font déjà la guerre ? En Espagne, Enrique Sarasola, président fondateur du groupe hôtelier Room Mate a, lui, choisi de faire la paix avec l’économie collaborative. Il a lancé
Bemate.com, un site qui propose des appartements de particuliers avec services hôteliers assurés par un personnel spécialisé.
« Le logement collaboratif enrichit le tourisme. Les hôtels et les appartements doivent apprendre à coexister librement », déclare le malin patron
au Figaro.