Partager la publication "A quoi pourrait ressembler le metaverse européen souhaité par Emmanuel Macron ?"
Il ne suffit pas de vouloir, il faut agir. Lors de la présentation de son programme pour l’élection présidentielle 2022, le président de la République sortant, Emmanuel Macron, a dévoilé, jeudi 17 mars, les grandes lignes de son projet pour la France pour les cinq années à venir. Une feuille de route au budget estimé de 50 milliards d’euros par an. Il est question de plein emploi (et du changement de nom de Pôle Emploi en France Travail), d’indépendance énergétique, d’allongement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans… et de metaverse européen (ou métavers).
Oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, cette idée de “metaverse européen” figure bel et bien parmi les “sujets essentiels” évoqués dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron. Alors même que bon nombre de Françaises et de Français n’ont encore jamais entendu parler de ce concept de metaverse ou le maîtrisent mal, le chef de l’État a tenu à le mettre en avant. Comme une manière de signifier de son importance. Si le sujet peut encore paraître flou, certains analystes croient en une progression fulgurante de ces mondes virtuels. Ainsi, selon le cabinet d’analyse Grand View Research, le marché du metaverse pourrait atteindre les 678 milliards de dollars d’ici 2030. Dans moins de 10 ans donc…
Face à un tel potentiel, il peut apparaître louable de ne pas vouloir se reproduire ce qu’il s’est passé dans les réseaux sociaux, le e-commerce ou la publicité en ligne sur ce marché encore émergent. Facebook, Instagram, Snapchat, WhatsApp, Twitter, Google, eBay, Paypal, Amazon, Apple, Microsoft… autant d’entreprises américaines qui occupent le devant de la scène Internet actuelle. Dernièrement, la Chine émerge aussi au niveau mondial avec TikTok. Pour que l’histoire ne bégaie pas d’ici une dizaine d’années dans les metaverse, vouloir créer un monde européen souverain semble une bonne idée.
Comme l’a expliqué Emmanuel Macron dans son discours jeudi dernier, “c’est un sujet clé à la fois pour la création, mais aussi pour la capacité à permettre à tous nos créateurs, quels que soient leurs champs culturels et leurs champs d’activités, de créer et de ne pas dépendre d’acteurs ou d’agrégateurs anglo-saxons ou chinois, qui pourront totalement contourner les règles de respect des droits d’auteur ou des droits voisins. C’est un sujet essentiel pour défendre le droit de nos auteurs”. Mais, derrière ce souhait, quelle réalité ?
Et si le projet d’Emmanuel Macron existait déjà ?! On peut en effet se poser la question quand on voit le succès du metaverse d’origine française, The Sandbox. Ce dernier, né au départ d’un jeu vidéo, ne cesse de gagner en popularité ces derniers mois. Et d’attirer les marques et entreprises qui se positionnent dans ce monde virtuel pour tester les innombrables possibilités de ce nouveau concept. Leur but ? Ne pas rater le coche de qu’on annonce comme étant partie prenante du Web3, le futur d’Internet. Certes, ces projets sont encore en devenir, tout comme celui de Meta (Facebook) ou les réflexions de Microsoft. En Europe… on cherche encore les acteurs émergeants (The Sandbox est d’origine française mais désormais basé à Hong-Kong, NDLR).
Dans la foulée de l’intervention d’Emmanuel Macron, Cédric O, le secrétaire d’Etat au numérique, a précisé à BFMTV que “ce n’est pas un métavers tel que vous allez le voir chez Meta, c’est plutôt que l’on va créer des moteurs graphiques à partir de logiciels”. Le but est donc avant tout de soutenir la création des technologies sous-jacentes. Celles-ci permettront au metaverse de fonctionner, comme des moteurs graphiques tels que Unreal Engine (Epic Games) et Unity. Il s’agit de deux moteurs américain qui permettent de créer des jeux vidéo et univers virtuels. Unity a été fondé au Danemark en 2004 mais est passé sous pavillon étasunien (coté en bourse sur le NYSE) et basé à San Francisco.
La clarification de Cédric O n’est pas anecdotique : on passe d’un projet de metaverse européen à… des moteurs de jeux. Ces derniers ont néanmoins leur importance. Comme le rappelle Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, “Il faut prendre notre place sur le continent numérique pour imposer nos imaginaires, à l’aube de la création de métavers.”
D’autres secteurs sous-jacents sont aussi importants à explorer, comme les “metaverse industriels”. Ce sont des solutions pour créer des écosystèmes permettant de travailler sur des projets massifs (fabrication d’un nouvel avion, création d’une ville jumelle virtuelle d’une ville existante pour mieux la gérer, etc.). En la matière, la France n’a pas à rougir avec des projets menés par des groupes comme Engie ou Dassault Systèmes.
Tout l’intérêt du Web3 est sa décentralisation et la fin d’une ère Internet entre les mains de quelques compagnies, les GAFA. Mais les principaux projets en matière de metaverse, si on omet quelques ovnis comme The Sandbox ou Decentraland (créé par deux Argentins), restent encore et toujours entre les mains des mastodontes de l’Internet actuel. À commencer par Meta (Facebook). Surtout, à l’heure actuelle, la recherche et les principaux investissements sont clairement le fait des géants du numérique américains. En la matière, l’Europe est déjà très clairement en retard.
Reste qu’on ne peut plus parler de souveraineté nationale (ou du moins en termes de territoire) quand il est question de metaverse. En effet, chacun est libre d’apporter sa brique à l’édifice, de créer son propre monde à l’intérieur de ces univers virtuels. Aux Français, et aux Européens, donc de s’en emparer et de créer le monde virtuel dans lequel ils souhaitent vivre.
Et ne pas laisser, encore une fois, la part belle aux mastodontes comme Meta. Ce dernier a d’ores et déjà annoncé sa volonté d’embaucher quelque 10 000 personnes – principalement des ingénieurs hautement qualifiés – d’ici à cinq ans dans l’Union européenne pour travailler sur son metaverse…
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