Partager la publication "Attentat de Charlottesville : comment Twitter est devenu un levier d’action politique"
Les réseaux sociaux ont changé la manière d’informer et d’être informé. Mais désormais, on ne se contente plus d’y commenter l’actualité, on l’y fabrique. Après le drame de Charlottesville survenu samedi en Virginie, Twitter est devenu un véritable espace de plaidoirie et d’action politique.
Barack Obama entre dans l’histoire de Twitter
Alors que Donald Trump suscitait l’indignation suite à sa réaction ambiguë après l’attentat de Charlottesville, l’ancien président des États-Unis a, lui, préféré poster un message de tolérance sur son compte Twitter :
https://twitter.com/BarackObama/status/896523232098078720
“Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion”, a écrit Barack Obama, dimanche, un jour après la tragédie.Cette citation empruntée à l’ancien président sud-africain Nelson Mandela est devenue le tweet le plus aimé de toute l’histoire du réseau social. Avec plus de 4,4 millions de likes et 1,6 millions de retweets, il dépasse le post de la chanteuse Ariana Grande publié après l’attentat de Manchester en mai.
Plaidoyer en 140 caractères
À côté des personnalités, des internautes anonymes utilisent également Twitter comme un porte-voix et certains posts peuvent vite devenir viraux. Derrière le pseudo Julius Goat , un Américain de 40 ans, originaire du Midwest – désireux de rester anonyme – a fait sensation en écrivant une véritable tribune en série de tweets pour décrédibiliser les suprémacistes blancs.
https://twitter.com/JuliusGoat/status/896326301832925184
En ironisant sur “l’oppression” que ces derniers pourraient endurer, il rappelle les nombreuses discriminations subies au quotidien par d’autres groupes ethniques :
https://twitter.com/JuliusGoat/status/896327752604844032
“Il n’y a aucun effort massif à l’échelle locale ou nationale pour les priver du droit de vote “
“Il n’y a pas eu de mauvais travaux scientifiques réalisés pendant des centaines années dans le but de ‘prouver’ leur infériorité intellectuelle.”
Et de déconstruire le slogan des néonazis scandé pendant la manifestation du 12 août :
https://twitter.com/JuliusGoat/status/896329520621522944
“Ils scandent ‘nous ne serons pas remplacés’
Remplacés en tant que quoi ?
Je vais vous le dire.”
“Remplacés en tant que l’unique voix dans les discussions publiques.
Remplacés en tant que les seuls corps dans la sphère publique.
Remplacés en tant que les seules vies qui comptent.”
Repérée par Konbini, l’intégralité du plaidoyer – traduit en français – est disponible sur Speech , la plateforme société et politique du média.
Le compte Twitter qui traque les néonazis
Quand l’indignation ne suffit plus, certains décident de passer à l’action. C’est le cas de Logan Smith, un Américain de 30 ans qui a lancé, via son compte “Yes, You’re Racist”, une véritable chasse aux sorcières :
https://twitter.com/YesYoureRacist/status/896411734617075712
“Si vous reconnaissez l’un de ces nazis qui marchent à Charlottesville, envoyez-moi leur nom/profil et je les rendrai célèbres”, tweetait le jeune homme quelques heures après le drame. À partir de photos prises pendant la manifestation néonazie du 14 août, Logan Smith dévoile publiquement l’identité des suprémacistes blancs, précisant même parfois leur activité professionnelle.
Première cible : Cole White, apparemment renvoyé du restaurant qui l’employait après avoir été identifié par le créateur du compte et certains internautes, devenus des détectives amateurs.Également repéré par “Yes, you’re a Racist”, Peter Tefft, aussi présent au rassemblement d’extrême droite, à quant à lui été renié par sa famille.
Mais cette traque est loin de faire l’unanimité. Alors que certains s’inquiètent de la violation de la vie privée, d’autres dénoncent de fausses identifications et les conséquences que cela pourrait avoir. Comme le rapporte Slate , Kyle Quinn, jeune ingénieur américain, a été identifié à tort par les internautes et s’est alors réfugié chez un collègue avec sa femme par peur de représailles.
Si l’ampleur des réactions à l’affaire de Charlottesvilles y a été inédite, ce n’est pas la première fois que Twitter devient un porte-voix pour les internautes et les personnalités, suite à des drames survenus sur fond de racisme aux États-Unis.En 2016, après la mort de Michael Brown, jeune afro-américain abattu par un policier, une avalanche de tweets avait permis d’attirer le regard du monde sur cette affaire. Sans le hashtag #Ferguson, utilisé plus de 7 millions de fois après la mort du jeune homme, cet événement aurait pu ne rester qu’un fait divers local.