Partager la publication "Biodiversité : les rayures du toucan pour tout comprendre au drame actuel"
En 2018, le professeur Ed Hawkins de l’University of Reading, en Angleterre, a eu l’idée de représenter visuellement l’intensification du réchauffement climatique au travers des “climate stripes”, des rayures allant du bleu au rouge à mesure que les températures moyennes s’élèvent depuis 200 ans. En une semaine, plus d’un million de personnes avaient téléchargé le graphique et l’avaient partagé sur les réseaux sociaux. Preuve que le message était passé. Alors pourquoi ne pas réédité la même chose mais pour la biodiversité cette fois ?
Quatre ans plus tard, les “biodiversity stripes” voient le jour. Reprenant le même principe, les rayures du toucan ambitionnent d’avoir le même écho auprès du grand public. La perte de biodiversité manque en effet cruellement de visibilité, le sujet enregistrant huit fois moins de couverture médiatique que le réchauffement climatique. Pourtant, la situation est pour le moins inquiétante. Depuis 1970, la population de mammifères, d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens et de reptiles a connu une baisse moyenne de 68 % dans le monde, selon les données du Living Planet Report.
L’association britannique FindingNature.org.uk s’est donc attelée à créer ces représentation visuelle pour illustrer la perte, qui semble inexorable, de biodiversité, notamment en Amérique latine. Ces rayures s’appuient sur un ensemble de données qui comprend 1 159 populations de 761 espèces terrestres et d’eau douce. Alors que dans les années 70, le vert était de mise, preuve d’une biodiversité en pleine forme, les années passant les rayures sont passées au jaune puis, plus récemment au gris. La bascule a notamment eu lieu depuis le début des années 2000. C’est hélas le signe que la biodiversité est en net déclin. Des rayures qui ont ensuite été intégrées dans le bec d’un toucan afin d’illustrer la biodiversité.
Après avoir un temps “envisagé d’utiliser un ver de terre ou une chenille, j’ai choisir le toucan, explique Miles Richardson, professeur de l’University of Derby, spécialisé dans les facteurs humains et notre connexion avec la nature. La plupart d’entre nous n’ont jamais vu de toucan à l’état sauvage, mais nous les connaissons avec leur grand bec chatoyant qui apporte de la couleur au monde.” Ils vivent en Amériques centrale et méridionale, là où la biodiversité est particulièrement en danger.
L’Amérique latine est loin d’être en souffrance seulement en Amérique latine. C’est aussi vrai en Europe. Une situation qui est notamment liée à notre manque de connexion à la nature et qui, non seulement a un impact sur la planète, mais aussi sur notre bien-être. C’est en tout ca ce que montre le tableau ci-dessous, réalisé selon une enquête menée auprès de 14 745 adultes parmi 14 pays européens. On constate que la France est relativement bien classée (cinquième du classement) mais aussi qu’il est vraiment important de conserver un vrai lien avec la nature car, sans cette connexion, la biodiversité est moins bien préservée.
Pays | Connexion avec la nature | Biodiversité | Bien-être |
Italie | 4,67 | 0,51 | 61 |
Portugal | 4,63 | 0,51 | 65,13 |
République tchèque | 4,47 | 0,50 | 62,35 |
Bulgarie | 4,43 | 0,49 | 63,94 |
France | 4,36 | 0,42 | 61,97 |
Grèce | 4,35 | 0,55 | 63,45 |
Estonie | 4,29 | 0,44 | 56,45 |
Espagne | 4,29 | 0,49 | 67,55 |
Allemagne | 4,27 | 0,37 | 58,23 |
Pays-Bas | 4,21 | 0,41 | 61,52 |
Finlande | 4,17 | 0,29 | 60,61 |
Suède | 4,05 | 0,30 | 58,97 |
Irlande | 3,96 | 0,28 | 58,97 |
Royaume-Uni | 3,71 | 0,32 | 54,13 |
L’étude a également permis de constater que les personnes les plus âgées sont souvent celles qui ont une relation plus étroite avec la nature. En outre, les pays avec un revenu moyen plus élevé sont celles qui ont une relation plus distante avec la biodiversité. Enfin, l’enquête révèle que, plus la population possède un fort taux de possession de smartphone, plus elle est déconnectée de la nature.
FindingNature.gov.uk a également créé les rayures pour certains types d’animaux. C’est le cas pour les poissons ci-dessous, mais aussi les oiseaux sur le graphique suivant :
Enfin, voici les rayures de la perte de biodiversité depuis 1970 en détail :
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