Bitcoin : la monnaie virtuelle en pleine folie spéculative

Créé par un mystérieux internaute suite à la crise de 2008, le Bitcoin est une « monnaie virtuelle » qui circule sur Internet. À l’origine, 1 Bitcoin valait autour de 0,005 dollar. Son cours a progressivement augmenté avant de s’enflammer littéralement ce mois de novembre. Il s’échange, à l’heure où ces lignes sont écrites, environ 1 160 dollars.

Pizza.fr, WordPress, Megaupload… De plus en plus de sites web acceptent les Bitcoins comme système de paiement. Virgin Galactic, qui propose des voyages dans l’espace, vient même de rejoindre le club. La devise était particulièrement prisée pour régler ses emplettes sur le site Silk Road, aujourd’hui fermé, qui proposait herbe et cocaïne livrée à domicile.
 
Cette flambée fait le bonheur des uns et le malheur des autres. Un norvégien vient ainsi de s’offrir un appartement en se remémorant avoir investi 18 euros dans la monnaie à son lancement. Un Gallois a lui perdu 20 millions de livres en se débarrassant un peu trop vite de son disque dur, qui contenait les codes d’accès aux 7 500 Bitcoins qu’il avait collecté quelques années plus tôt. Ce trésor numérique repose aujourd’hui sous les mètres cubes de détritus de sa décharge locale.

P2P et Open Source
 
Bitcoin est une monnaie « peer-to-peer  » et « open source  ». « Peer-to-peer », parce qu’elle permet des interactions locales entre internautes sans autorité centrale régulatrice. « Open source », parce que son code informatique et l’ensemble de ses transactions sont publiques, ce qui en fait un marché totalement libre et transparent. Bitcoin permet en somme de faire des transactions bilatérales instantanées, anonymes et sans aucun frais d’un bout à l’autre du globe : de quoi favoriser toutes les spéculations. En conséquence, la monnaie a déjà connu plusieurs montées en flèche suivies de krashs, ce qui lui valu le surnom de « devise la plus volatile au monde ».

[Vidéo] Comprendre Bitcoin en deux minutes

Sa fluctuation est d’autant plus imprévisible qu’elle obéît à des algorithmes extrêmement complexes. Aucune banque centrale ne contrôle le nombre de Bitcoins en circulation. Impossible donc de « faire tourner la planche à billets » pour augmenter sa masse monétaire où réguler sa valeur. Pour obtenir des Bitcoin, il n’y a que deux solutions : les racheter à des internautes, ce qui au cours actuel est extrêmement risqué, ou « miner ». Le « minage » consiste à allouer une partie de la puissance de son ordinateur aux calculs nécessaires aux milliers de transactions quotidiennes de la monnaie. Les internautes sont rémunérés en Bitcoins pour cette « location de processeur » selon des règles mathématiques assez obscures.

Le phénomène a pris une telle ampleur que des sites, comme Butterflylabs.com, vendent exclusivement des unités centrales dédiées au minage, jusqu’à 5 000 dollars. Des « coopératives  » de mineur se mettent aussi en place pour mettre en commun les processeurs et mutualiser les bénéfices. D’autres monnaies dérivées de Bitcoin, comme Peercoin, prétendent être plus « durables » en consommant moins d’énergie pour générer des bénéfices à partir de calculs. Anoncoin, qui se revendique du mouvement Anonymous, propose de son coté des transaction ultra-cryptées pour assurer la survie d’une monnaie virtuelle au cas où les banques mondiales chercherait à contrôler Bitcoin.

Expérience monétaire
 
Si la plupart des internautes s’adonnent au minage et au trading de bitcoins comme hobby ou revenu complémentaire, certain en ont d’ores et déjà fait une activité lucrative à plein temps. Beaucoup de financiers commencent à s’intéresser à ce placement aussi rémunérateur que risqué. Ben Bernanke, le patron de la réserve fédérale des Etats-Unis, considère la devise « prometteuse à long terme, en particulier pour mettre en place des moyens de paiement plus rapides, efficaces et sûrs ».

L’algorithme prévoit que la quantité de Bitcoin générée baisse progressivement pour atteindre un plafond de 21 millions d’unités, aux alentours de 2040. Peu se risquent à conjecturer sur le cours de Bitcoin ne serait-ce qu’à horizon un an. En ce sens, Bitcoin constitue une sorte d’ « expérience économique à web ouvert ». Ses principes rappellent ceux de l’école néo-libérale dite « autrichienne  », qui préconisait l’abandon de tout contrôle monétaire centralisé et l’absence totale de régulation économique. Tout le monde ne semble pas avoir tiré les mêmes leçons de la crise.

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