Cathos, fachos et écolos : Comment l’extrême droite s’empare de l’écologie

Qui se souvient que c’est un biologiste et philosophe allemand, Ernst Haeckel, disciple de Darwin, qui inventa en 1886 le terme écologie ? Plus précisément oecologie – du grec oikos : demeure ou milieu – pour désigner les rapports entre un organisme et son environnement.

Philosophiquement, Haeckel se rattache au monisme, une doctrine selon laquelle tout ce qui existe est un tout unique, Dieu s’incarnant dans les lois de la nature. Haeckel est ainsi, avec d’autres, à l’origine d’un courant de pensée nommé plus tard “écologie profonde (deep ecology) ou intégrale”.

Une écologie conservatoire et conservatrice, héritée du romantisme allemand du XIXe siècle et du mouvement païen “völkisch”, qui placent la nature, œuvre de Dieu, au-dessus de tout. Une nature immaculée, immuable, harmonieuse, qu’il faut préserver, protéger de l’action de l’homme qui est en fait un perturbateur dans l’harmonie de la création.

Ce courant a essaimé dans la première moitié du XXe siècle, notamment chez les Anglo-Saxons avec les Américains Aldo Leopold et John Baird Callicott, promoteurs de l’éthique environnementale.

Une écologie humaniste, libertaire et laïque

En France, il est resté plus confidentiel. Le régime de Vichy a tenté de le récupérer : “La terre, elle, ne ment pas”, proclame le maréchal Pétain, qui crée les chantiers de jeunesse où “une vie en contact de la nature assure une formation morale et virile”… L’idéologie nazie se réfère abusivement à Haeckel pour justifier ses théories raciales, et Hitler édicte à partir de 1933 des lois prétendument écologiques pour protéger la nature vierge…

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, c’est l’écologie politique qui s’impose, en Allemagne avec les Grünen, en France avec René Dumont, Les Verts ou Génération Écologie. C’est une écologie qui se veut humaniste, libertaire et laïque. Elle entend certes protéger la nature, mais parce que sa destruction mettrait en danger la survie de l’homme. L’écologie dite intégrale continue néanmoins à cheminer dans différents courants de pensée…

Retrouvez la suite de cet article dans We Demain n°12.

Gérard Leclerc.

Recent Posts

  • Découvrir

Tout comprendre au biomimétisme : s’inspirer du vivant pour innover

Le biomimétisme, ou l'art d'innover en s'inspirant du vivant, offre des solutions aussi ingénieuses qu'économes…

9 heures ago
  • Déchiffrer

Christophe Cordonnier (Lagoped) : Coton, polyester… “Il faut accepter que les données scientifiques remettent en question nos certitudes”

Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…

1 jour ago
  • Ralentir

Et si on interdisait le Black Friday pour en faire un jour dédié à la réparation ?

Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…

1 jour ago
  • Partager

Bluesky : l’ascension fulgurante d’un réseau social qui se veut bienveillant

Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…

2 jours ago
  • Déchiffrer

COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…

3 jours ago
  • Déchiffrer

Thomas Breuzard (Norsys) : “La nature devient notre actionnaire avec droit de vote au conseil d’administration”

Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…

4 jours ago