Partager la publication "Ce qu’il faut retenir de cette COP28 axée sur les énergies fossiles"
Au pays du pétrole, il a évidemment beaucoup été question des énergies fossiles et de leur avenir ces deux dernières semaines. Aux premières lueurs du mercredi 13 décembre 2023, un accord a finalement été trouvé, ratifié par 200 pays. Un consensus a été trouvé en faveur non pas d’une “sortie” des énergies fossiles, terme refusé par les pays producteurs de pétrole, mais pour une “transition en dehors des énergies fossiles”. C’est toujours ça. Et presque inespéré au terme de cette COP28 à Dubaï. Pour rappel, les combustibles comme le pétrole, le gaz et le charbon sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète.
Entre espoir et mise en péril de notre avenir, la COP28 hésite encore. Mais, au second plan de ces tractations où l’intérêt monétaire passe avant les objectifs environnementaux, des lueurs d’espoir subsistent. Comme le discours de Gustavo Petro. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il s’agit du président de la Colombie, investi en août 2022. À Dubaï, il a imputé la crise climatique au “capitalisme des pays riches” en matière d’énergies fossiles. Et annoncé avoir ratifié le traité de non-prolifération des énergies fossiles.
En 2022, la Colombie a produit 39,7 Mt (millions de tonnes) de pétrole, soit 0,754 Mb/j (million de barils par jour). Faire une croix sur une production qui représente 40 % des exportations du pays et 12 % des recettes de l’État, ce n’est pas rien. Le premier producteur d’énergies fossiles d’Amérique latine a pourtant annoncé intégrer le traité de non-prolifération des énergies fossiles. Ce texte a vu le jour en 2019 mais était jusqu’à présent signé uniquement par des petits États insulaires (Vanuatu, îles Palaos, Samoa, État de Nauru).
La Colombie est le premier État continental, avec un poids dans la production mondiale non négligeable, à s’engager à refuser tout nouveau projet d’exploitation fossile, mettre en place une sortie progressive de la production en cours et investir en faveur de la transition écologique (notamment grâce aux énergies renouvelables). “Ce que je propose, ce n’est pas un saut dans le vide, comme le disent certains climatosceptiques, a-t-il déclaré à la presse. Il s’agit plutôt d’un changement dans la voie à suivre. Une voie à suivre qui, de mon point de vue, peut être bien plus puissante et prospère que le chemin que nous laisserions derrière nous.”
Quid de la France en la matière ? À en croire la vidéo diffusée par CliMates France (ONG de jeunes engagé.e.s pour l’écologie) sur son compte Instagram, Emmanuel Macron y est totalement favorable. Du moins à l’oral…
118 pays – dont la France – ont signé un autre accord intéressant dans le cadre de la COP28. Même s’il est non contraignant, ces États s’engagent à coopérer pour tripler les capacités des énergies renouvelables d’ici 2030. Ce texte, qui fait suite à la proposition de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, fait aussi référence à un objectif de doublement de l’efficacité énergétique d’ici la fin de la décennie. On peut cependant regretter que cet accord n’est pas soutenu par trois des plus gros pollueurs, à savoir la Chine, l’Inde et la Russie. En revanche, les États-Unis soutiennent cet accord.
Autre annonce intéressante qui a eu lieu dans le cadre de la COP28 : la création du fonds “pertes et dommages” annoncé l’an dernier dans le cadre de la COP27 en Égypte. Ici, ce sont 198 pays qui se sont accordés en début de Conférence pour le climat autour de ce fonds destiné à soutenir financièrement les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques. Cependant les montants des aides annoncées sont bien en-deçà de ce qui était espéré/attendu.
L’Union européenne a promis de verser annuellement 225 millions de dollars (108 millions rien que par la France). Les Émirats arabes unis ont annoncé 100 millions de dollars, le Royaume-Uni 50 millions, les USA 17,5 millions et 10 millions de la part du Japon. Cumulés, les montants atteignent environ 700 millions d’euros. Cela reste très loin des “6,5 milliards d’euros de subventions que les États, dont certains de ces donateurs, accordent chaque année pour soutenir l’industrie des combustibles fossiles”, regrette Amnesty International. Et cela ne représente que 0,2 % des besoins réels des pays les plus pauvres et les plus touchés par le réchauffement climatique , précise le Guardian.
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