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Comment le réchauffement climatique aggrave les effets des ouragans

Ils s’appellent Ian, Orlene, Fiona, Danielle, Ida… les ouragans s’intensifient selon les observations des scientifiques. Et le dérèglement climatique en est la cause. Explications.

Le 03/10/2022 par Florence Santrot
ouragan
Vue satellite de l'ouragan Florence au-dessus de l'Atlantique. Crédit : elRoce / Shutterstock.
Vue satellite de l'ouragan Florence au-dessus de l'Atlantique. Crédit : elRoce / Shutterstock.

Des effets plus intenses et plus graves des ouragans sur la planète en raison du dérèglement climatique ? Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à faire le lien entre le phénomène météorologique et le réchauffement de la planète. Selon les observations des derniers ouragans, notamment aux États-Unis, le changement climatique aggrave les effets des tempêtes. Il augmente l’intensité et diminue la vitesse à laquelle ils se déplacent.

Depuis de longues années déjà, les météorologues ont constaté une hausse de l’intensité et de la gravité des ouragans. Sur une période de 39 ans – de 1979 à 2017 –, le nombre d’ouragans majeurs s’est accru tandis que les phénomènes moins intenses se sont réduits. C’est ce qu’a révélé une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) en 2020. En conséquence, ils se révèlent beaucoup plus coûteux en termes de dommages physiques et de décès. D’où l’importance pour les zones côtières, premières touchées par ces phénomènes, de devenir plus résilientes pour se préparer à affronter les prochaines catastrophes naturelles.

Des températures plus élevées à la surface des océans

Comme cela a été particulièrement le cas en Méditerranée cet été, la hausse des températures à la surface des océans accroît la vitesse des vents des ouragans. Suivant les grandes tendances observées ces quarante dernières années, la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine prévoit une augmentation des ouragans de catégories 4 et 5. Et une augmentation de la vitesse des vents des ouragans.

Autre conséquence de cette hausse des températures à la surface des océans : les ouragans sont plus humides. Avec 10 à 15 % de hausse des précipitations lors de ces phénomènes. En effet, les scientifiques ont établi que, pour chaque degré supplémentaire, l’air se charge de 7 % de vapeur d’eau en plus. Or, depuis la fin du XIXe siècle, la température moyenne sur Terre a augmenté de 1,1 degré. À la clé, on observe ces dernières années des inondations dévastatrices. Comme lors de l’ouragan Harvey en 2017, Florence en 2018 et Imelda en 2019.

Une hausse du niveau de la mer

D’une manière générale, le niveau moyen des océans s’est élevé d’environ 15 centimètres depuis le début du XXe siècle. Le niveau de la mer a augmenté plus rapidement au XXe siècle que durant n’importe quel siècle de ces 3 000 dernières années, a constaté le GIEC, sur la base de recherches sur des créatures côtières fossilisées. À la fin de ce siècle, dans des scénarios d’émissions de carbone intermédiaires (pas extrêmement élevés ou faibles), le GIEC prédit que le niveau de la mer augmentera de 30 à 75 centimètres supplémentaires. Puis continuera d’augmenter par la suite.

Ce sont les zones côtières qui seront les premières concernées par ce phénomène. Cette hausse du niveau de la mer va, de manière mécanique, accentuer les risques d’inondation et décupler les effets des ouragans. Une étude portant sur l’ouragan Katrina (2005) a évalué que la montée des eaux avait augmenté de 15 à 60 % le niveau des inondations par rapport aux conditions climatiques de 1900. De même, une autre étude s’intéressant à l’ouragan Sandy (2012) a estimé que la montée du niveau des océans avait multiplié par trois le risque d’inondation. Et que si le phénomène se poursuivait, il pourrait bien accroître de 400 % le risque d’inondation majeure dans le futur.

Des ouragans plus intenses ?

Dans un article publié en 2019 dans la revue Nature, des scientifiques soulignent l’intensification des cyclones tropicaux au-dessus de l’océan Atlantique. Ils se sont pour cela appuyés sur des données prélevées entre 1982 et 2009. Sans pour autant pouvoir réellement quantifier cette intensification pour l’heure – les données sont encore trop peu nombreuses –, ils ont néanmoins constaté une tendance qui se confirme, épisode météorologique extrême après épisode météorologique extrême.

Sur les cinq dernières décennies, la proportion des événements cycloniques extrêmes a doublé, indique le National Hurricane Center. Ces derniers sont classés dans la catégorie 3 à 5, avec des vents à plus de 178 km/h et jusqu’à plus de 251 km/h. Katrina en 2005 (1 836 morts aux États-Unis), mais aussi Irma (136 morts) et Maria en 2017 (3059 morts), appartenaient à la catégorie 5.

Un automne 2022 marqué par les ouragans

Et la saison cyclonique 2022 dans l’océan Atlantique nord vient s’inscrire dans cette tendance. La tempête Fiona – qui a frappé la Guadeloupe, la Porto Rico et l’Ouest du Canada du 13 au 24 septembre – aurait fait 17 morts. Et causé des centaines de milliards de dollars de dégâts. Ian, un ouragan de catégorie 4 (des vents soufflant à 249 km/h ont été enregistrés), a fait son apparition le 23 septembre jusque début octobre.

Il a touché les Antilles, les Bahamas, Cuba et le sud-est des États-Unis. Il est à l’origine d’au moins 88 décès et plus de 400 000 personnes déplacées, selon Reuters. En outre, ces ouragans se déplacent moins vite qu’auparavant en raison du double jet-stream. Ils restent donc plus longtemps sur une zone. Un phénomène qui accroît les dégâts et le nombre de victimes. Tout récemment, ce dimanche 2 octobre 2022, le cyclone Orlene est lui aussi placé en ouragan de catégorie 4 alors qu’il approche les côtes du Mexique. Un autre ouragan majeur alors que ce n’est que le début de l’automne…

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