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Comment sait-on que les humains sont responsables du changement climatique ?

L’humanité au banc des accusés ? Pour les scientifiques, cela ne fait pas de doute. Face à l’escalade du réchauffement global, la science pointe un doigt accusateur vers les activités humaines. Nos usines, nos voitures, et même nos modes de vie sont devenus des acteurs majeurs de la crise climatique actuelle. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ont conduit à un réchauffement sans précédent, visible et mesurable.

Les climatologues ne laissent aucun doute : il est désormais impossible d’expliquer les bouleversements climatiques actuels par les seules forces de la nature. Pour le dire simplement, la probabilité que le réchauffement climatique actuel se produise sans émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine est inférieure à 1 sur 100 000. Nos choix collectifs et individuels façonnent donc le climat de demain.

Qu’est-ce qui affecte le climat ?

Pour comprendre le réchauffement climatique, il faut comprendre comment le climat fonctionne. La plus grande influence est évidemment le soleil. Depuis 4,6 milliards d’années, celui-ci transmet à la Terre une petite partie de son énergie (178 milliards de millions de watts tout de même) par son rayonnement. Évidemment, selon l’endroit où on se situe sur la planète, le moment de l’année et l’heure de la journée, l’énergie solaire varie mais en moyenne, celle-ci reste relativement stable.

Parmi les autres influences sur le climat, citons aussi les schémas de circulation des courants océanique (qui ont un impact sur la répartition de la chaleur autour de la planète), l’activité volcanique (avec des effets de réchauffement ou de refroidissement) et la quantité globale de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Notons aussi que les trois principaux facteurs – rayonnement solaire, courants océaniques et volcans – n’ont pas beaucoup varié sur les 150 dernières années. Sur la seconde moitié du XXe siècle, l’activité solaire a même été moindre et les éruptions volcaniques ont eu un effet de refroidissement. On peut donc les écarter comme principales causes du réchauffement climatique.

Les éruptions volcaniques peuvent avoir un effet de refroidissement de la planète. Au XIIIe siècle, un petit « âge glaciaire » a ainsi été causé par l’éruption colossale du Samalas, un volcan indonésien situé sur l’île de Lombok. Crédit : Pixabay.

Du CO₂ dans l’atmosphère en très nette hausse par rapport à l’ère préindustrielle

Les preuves de la responsabilité humaine dans le changement climatique sont, elles, non seulement nombreuses, mais aussi de plus en plus irréfutables. Le GIEC, dans ses rapports successifs, a continuellement renforcé ses conclusions sur l’impact des activités humaines. Par exemple, le sixième rapport du GIEC affirme que l’influence de l’homme sur le système climatique est sans équivoque et que les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique atteignent des niveaux jamais vus auparavant. Ainsi, en 2022, les concentrations de dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère ont atteint 420 ppm (parties par million), soit une augmentation de plus de 50 % par rapport aux niveaux préindustriels, qui étaient d’environ 278 ppm.

Ces émissions, principalement dues à la combustion d’énergies fossiles, à la déforestation et à d’autres activités industrielles, ont considérablement augmenté la concentration de CO₂ dans l’atmosphère, contribuant ainsi de manière significative au réchauffement global. Depuis 1850, la température moyenne mondiale a augmenté d’environ 1,2 °C, et les dix dernières années (2013-2022) ont été les plus chaudes jamais enregistrées​.

Des émissions de gaz à effet de serre record malgré les mises en garde scientifiques

Les chiffres sont sans équivoque : les émissions de CO₂ issues des énergies fossiles (gaz, charbon et pétrole) continuent à s’inscrire en hausse années après années. En 2022, elles étaient de 36,6 GtCO₂ et en 2023 de 37,4 GtCO₂ (+1,1 %), selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Le secteur de l’énergie est d’ailleurs le principal contributeur aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde, représentant environ 73 % du total.

La perte du couvert forestier est un autre drame. Chaque année, environ 10 millions d’hectares de forêts sont détruits (ONU), principalement pour laisser la place à l’agriculture et à l’exploitation forestière​. Conséquence : la déforestation est responsable d’environ 10 % des émissions mondiales de CO₂, en raison du carbone stocké dans les arbres qui est relâché dans l’atmosphère lorsqu’ils sont abattus​. Enfin, il faut aussi pointer du doigt le secteur de la construction. La production de ciment seule est responsable de 7 à 8 % des émissions mondiales de CO₂, principalement en raison du processus chimique de calcination du calcaire

La déforestation est un vrai drame pour le climat et la biodiversité. Crédit : Pok Rie / Pixabay.

Les seuls facteurs naturels ne peuvent pas expliquer le réchauffement climatique

Les modèles climatiques utilisés par les scientifiques démontrent que les seuls facteurs naturels, comme les variations solaires et les éruptions volcaniques, ne peuvent expliquer à eux seuls le réchauffement observé au cours des dernières décennies. En réalité, sans les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, la Terre aurait même légèrement refroidi au cours du dernier siècle.

C’est la combinaison de ces facteurs naturels avec les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine qui correspond au réchauffement climatique actuel. Le climatologue Christophe Cassou, membre du GIEC, souligne que le rythme du réchauffement est « sans précédent depuis au moins 2 000 ans ». Une affirmation soutenue par des reconstructions paléoclimatiques qui montrent l’ampleur unique du changement en cours​.

Les membres du GIEC ont déclaré de manière unanime que l’effet de l’être humain sur le climat est « sans équivoque ». Et ils affirment que si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la température mondiale pourrait encore grimper de 4 °C d’ici la fin du siècle. Face à cette responsabilité collective, il est impératif – et urgent – d’adopter des politiques ambitieuses et de changer nos comportements à tous les niveaux de la société. Le temps presse.

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