COP21: Hollande redoute des “millions de réfugiés” en cas d’échec financier

Il n’y aura “pas d’accord” à Paris pour lutter contre le dérèglement du climat si les pays riches ne s’engagent pas à financer les politiques climatiques des pays en développement, a prévenu lundi 7 septembre le président François Hollande.

“Il y a des risques d’échec”, a-t-il affirmé lors de sa conférence de presse : 
 

“Il n’y aura pas d’accord – notamment parce que des pays s’y refuseront, des pays émergents, des pays du Sud – s’il n’y a pas d’engagement ferme sur les financements”, a-t-il expliqué.

“Il faut qu’il y ait un préaccord sur la question du financement pour que les chefs d’État arrivent à Paris en ayant la certitude que l’on va pouvoir conclure”, a-t-il encore dit.

Accord universel

François Hollande s’exprimait à moins de 90 jours de la tenue au Bourget de la conférence censée produire, sous l’égide de l’Onu, un accord universel contre le réchauffement global. La France réunit justement dimanche et lundi les représentants de 57 pays, dont 37 ministres, pour des consultations sur les moyens de mise en œuvre du futur accord, notamment les financements et les transferts de technologies.

Ces consultations informelles se déroulent en plus des négociations officielles, qu’elles visent à faciliter, alors que le dernier round de pourparlers tenu à Bonn début septembre n’a pas permis d’avancer notablement, laissant toutes les options sur la table.

“Les déclarations parfois fracassantes ne sont pas toujours sonnantes et trébuchantes”, a regretté lundi François Hollande. “C’est là-dessus que la France va mener maintenant son offensive”, a-t-il détaillé, évoquant le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre, ou encore des rendez-vous en marge de la réunion FMI-Banque mondiale à Lima en octobre.

Des millions de réfugiés climatiques

Le président a rappelé l’engagement des pays riches, à Copenhague en 2009, de fournir 100 milliards de dollars d’aides annuelles à partir de 2020 pour permettre aux pays pauvres d’affronter les impacts du réchauffement et de choisir des modes de développement moins carbonés.

“Pourquoi certains pays penseraient que nous serions capables d’arriver à ce résultat alors que nous n’avons pas avancé depuis Copenhague?” a demandé M. Hollande.

Le président français a également prévu de se rendre à Pékin début novembre, afin de lancer, avec son homologue chinois Xi Jinping, un appel “pour que nous puissions réussir la conférence sur le climat”. Pour lui, “les risques (d’un échec de la conférence, NDLR) sont là” :
 

“Ceux qui pensaient que ce serait un parcours tracé, conduisant jusqu’à Paris avec des lauriers déjà adressés et des accords déjà signés, et que d’un coup le climat allait être changé, je dois les décevoir.”

“Si on ne concluait pas, si aucune mesure substantielle n’était prise, ce ne serait pas des centaines de milliers de réfugiés dans les 20-30 prochaines années que nous aurions à traiter, mais des millions”, a-t-il prévenu.

Dégâts irréversibles

À Paris, les représentants de 195 États devront tenter de s’accorder pour limiter à 2° la hausse des températures, limite fixée par les scientifiques sous peine de dégâts irréversibles. Mais les divergences restent profondes sur de nombreux sujets, en plus des financements: la répartition des efforts entre pays riches, pauvres et émergents, la forme légale de l’accord, la question des pertes et dommages créés par le climat…
 

“Il reste moins de trois mois pour aboutir. Alors la France, parce qu’elle reçoit cette conférence et parce qu’elle est engagée, veut accélérer”, a encore déclaré le président Hollande“Un sursaut est nécessaire, et nous devons une fois encore entraîner le monde.”

La rédaction (avec AFP)

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