C’est en version James Bond que Boris Johnson a ouvert les discours des chefs d’État de la COP26. Le Premier ministre britannique a comparé le défi climatique à une mission opérée par 007 pour désamorcer une bombe. Mais “ce n’est pas un film et la machine destructrice est réelle”, a-t-il ajouté. Pour lui, les technologies “décarbonées” peuvent nous sauver. La question est de savoir “si nous en avons la volonté ou non”. Et “plus nous échouerons à œuvrer, pire sera la situation”, a reconnu le Premier ministre britannique. La génération qui arrive “ne nous pardonnera pas”.
La veille de l’ouverture de la COP26, samedi, des participants à la COY (Conference of Youth – Conférence de la jeunesse) ont déjà fait connaître leurs doutes sur la volonté britannique. Ils ont interrompu le discours de clôture d’Alok Sharma, le président, britannique, de la COP26, proche de Boris Johnson. “Que voulons-nous ? La justice climatique ! Quand la voulons-nous ? Maintenant !” ont-ils scandé en parlant de “nouveaux permis d’exploitation pétrolière”, de “mots vides”. “D’hypocrisie” de la COP26.
“La prochaine décennie sera décisive. Glasgow doit être le lancement d’une décennie d’ambition”, a pour sa part lancé Joe Biden. De retour dans la lutte contre le réchauffement planétaire après l’épisode Donald Trump, les États-Unis veulent “mener” le combat. “Aucun d’entre nous n’échappera au pire qui s’annonce si nous échouons à saisir ce moment”, a prévenu le président américain. Ni la Chine, ni la Russie, ni le Brésil… Dont les leaders brillent pas leur absence.
Mais aux États-Unis, la vaste réforme Build Back Better (Reconstruire en mieux), le “plus grand investissement jamais réalisé pour faire face à la crise climatique”, est jusqu’alors bloquée par le Congrès et déjà amendée. En revanche, Joe Biden a bien autorisé peu avant la COP26 l’ouverture de plus de 320 000 km2 à l’exploration pétrolière et gazière dans le golfe du Mexique.
“L’écologie, combat du siècle”, avez-vous dit ? À l’heure de la COP26, l’adage est inscrit en page d’accueil du site elysee.fr. “Ambition, action”, c’est le mot d’ordre de la France. Comme Joe Biden, le président Emmanuel Macron compte bien devenir le leader des négociations climatiques.
Dans l’Union européenne, dont la France prendra la présidence pour six mois le 1er janvier 2022, le défi est la “mise en œuvre du Green Deal“. Un plan qui prévoit pour l’Europe une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport à 1990.
Le président dit détenir la “clé pour les 15 prochains jours”. Que “les plus gros émetteurs dont les stratégies nationales ne sont pas conformes à l’objectif de 1,5 °C rehaussent leurs ambitions”. Pour “rendre crédibles les 1,5 °C”. Ainsi, l’objectif européen de limitation de la hausse de température à ce chiffre deviendrait, lui, crédible ?
L’organisme scientifique Climate Action Tracker, qui suit les politiques climatiques des États, dit le contraire. Bien qu’allant dans le bons sens, cet objectif “ne suffit pas pour rendre l’Union européenne compatible avec l’objectif 1,5 °C de l’accord de Paris”, écrit-il.
Et en France ? Le 14 octobre dernier, le tribunal administratif de Paris a enjoint à l’État de réparer les conséquences “de sa carence en matière de lutte contre le changement climatique”. Objet : la France n’a pas respecté son premier budget carbone (2015-2018). Ensuite, pour tenter de respecter ce budget, l’État a… abaissé ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. La France n’est pas bon élève non plus du côté des énergies renouvelables. Elle reconnaît en effet être bien en retard sur sa feuille de route à l’horizon 2028, qui prévoit 33 % pour les énergies renouvelables dans le mix électrique. Mais, c’est vrai, il y a aussi le nucléaire…
Comme le dit le président Macron, “le leadership exige l’exemplarité”.
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