Partager la publication "COP26 : la gravité de la situation climatique en 10 chiffres"
C’est le jour de l’ouverture de la COP26 que l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a choisi de publier la version provisoire de son rapport annuel sur l’état du climat. Avec ses multiples catastrophes, 2021 “porte la marque” du changement climatique. “Les phénomènes extrêmes n’ont plus rien d’exceptionnel”, a déclaré Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM. Tour d’horizon.
Les sept dernières années seraient les plus chaudes depuis la révolution industrielle. 2021 se classerait entre la 5e et la 7e place, selon l’OMM. Le phénomène La Niña dans le Pacifique (l’inverse d’El Niño) explique ce classement : il a un peu rafraîchi l’air.
Selon l’agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) et le Goddard Institute for Space Studies de la NASA, 2014 avait elle-même été l’année la plus chaude, devant 2010 et 2005. Sur cette base, on aurait les huit années les plus chaudes. En revanche, depuis 2015, plus aucune année n’est repassée en dessous de +0,8 °C par rapport à la moyenne du XXe siècle.
Par ailleurs, d’ici fin 2021, l’année 1998, “la plus chaude” du XXe siècle, sortira du top 10 des années les plus chaudes. Toutes seront désormais du XXIe siècle. Emballement ou pas ?
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C’est un record qui sera battu tous les ans jusqu’à ce que la planète retrouve une “neutralité carbone” : la concentration de CO2 dans l’atmosphère a été en moyenne de 413,2 parties par million (ppm) en 2020. Ce taux était de 280 ppm environ avant la révolution industrielle. Il faut remonter des millions d’années en arrière pour retrouver une telle concentration. Une molécule de CO2 reste en moyenne un siècle dans l’atmosphère.
Si le CO2 retient toute l’attention, un autre gaz à effet de serre se concentre de plus en plus dans l’atmosphère : le méthane (CH4), très réchauffant à haute dose. Il est à la fois émis par les milieux naturels (marécages, termites, fonte du pergélisol…) et par les activités humaines (énergies fossiles, élevage, rizières, décharges…). Pour 2020, sa concentration est évaluée à 1 889 parties par milliard (ppb). Un record depuis au moins 800 000 ans. Elle a été multipliée par 2,6 depuis le début de notre époque industrielle.
Plus les océans captent du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, plus ils s’acidifient. Or, le pH de surface n’a pas été aussi bas depuis vingt-six siècles, selon l’Organisation météorologique mondiale. Résultat, plus le pH diminue, moins l’océan peut absorber de CO2. Et plus l’eau est acide, plus les animaux marins fabriquent difficilement leurs coquilles par exemple.
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Dans les quarante-trois dernières années, 2021 est la 12e dans le classement des années présentant les plus petites étendues de glace de mer (la banquise) avec 4,72 millions de km2. “L’étendue de la glace de mer dans l’est de la mer du Groenland a marqué un minimum historique très prononcé”, précise l’OMM. Depuis les années 1990, cette superficie minimale, qui est atteinte en septembre, se réduit chaque décennie de l’ordre d’un million de kilomètres carrés.
C’est l’altitude de la station Summit, le point le plus élevé de la calotte glaciaire du Groenland. Le 14 août 2021, les occupants de la station ont vu tomber de la pluie, ce qui n’arrive jamais là-bas. Le thermomètre est resté au-dessus de zéro pendant environ neuf heures. Les conditions de fonte était réunies. La masse de glace de la calotte du Groenland équivaut à une hausse du niveau de la mer de 7 mètres.
L’élévation du niveau des mers est passée de 2,1 mm par an en moyenne entre 1993 et 2002 à 4,4 mm entre 2013 et 2021. Le niveau des mers va monter de plus en plus vite, et pendant des siècles. Plus de la moitié de l’humanité vit non loin des côtes. Il est prévu que cette proportion grimpe aux trois quarts avant le milieu du siècle.
Le 9 juillet, le thermomètre a atteint 54,4 °C dans la Vallée de la Mort, en Californie, comme en 2020. Les 50 degrés ont été dépassés à Kairouan en Tunisie avec 50,3 °C. Ils ont été approchés en août à Cizre en Turquie, à Montoro en Espagne et en Sicile. Ainsi qu’à Lytton, village canadien, en Colombie-Britannique, avec 49,6 °C. Soit 4,6 degrés de plus que le record précédent. Le lendemain, un incendie a ravagé le village. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) prévoit l’intensification des extrêmes chauds.
Le 20 juillet, la ville de Zhengzhou, dans la province chinoise du Henan, a reçu 20,19 cm de pluie en une heure et 38,2 en six heures. À Wipperfürth-Gardenau, en Allemagne, il est tombé 16,24 mm d’eau en une journée, lors des inondations mortelles de juillet. Le Giec envisage la multiplication des pluies torrentielles. Ce qui provoque des glissements de terrain.
Les phénomènes et conditions météorologiques extrêmes sont souvent exacerbés par le changement climatique. “Les sécheresses consécutives qui ont frappé une grande partie de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine ont coïncidé avec des tempêtes, des cyclones et des ouragans violents, souligne l’OMM. Elles ont eu une incidence considérable sur les moyens de subsistance et la capacité à se remettre des catastrophes météorologiques récurrentes.”
Comme en 2020, le nombre de victimes de la faim dans le monde va dépasser les 700 millions, environ 9 % de la population mondiale. L’Organisation météorologique mondiale évalue à 584 000 le nombre de personnes confrontées “à la famine et à l’effondrement total de leurs moyens de subsistance”. Un nombre qui croît. Selon l’OMM, la situation est principalement inquiétante en Éthiopie, au Soudan du Sud, au Yémen et à Madagascar.
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