Partager la publication "COP26 : les États commenceraient-ils à comprendre ?"
C’est une avancée à mettre au crédit de la COP26 par rapport au “brouillon” diffusé le week-end dernier. La première version officielle de la déclaration finale de la conférence rebondit sur les accords signés la semaine passée pour la sortie du charbon et la fin des subventions publiques internationales aux énergies fossiles.
Le texte provisoire de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) appelle précisément les pays à “accélérer l’élimination progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles”. En près de 30 ans de COP sur le climat, c’est la première fois qu’une déclaration finale provisoire inclut une telle mention, reconnaissant ainsi implicitement la responsabilité historique de ces sources d’énergies dans la crise climatique.
Réaffirmant l’objectif de 1,5°C et la nécessité de réductions d’émissions “rapides, profondes et soutenues” (de l’ordre 45 % d’ici 2030 pour le CO2), cette déclaration provisoire demande également aux pays “de revoir et de renforcer” pour 2022 les objectifs 2030 de leurs contributions nationales (CDN). De manière à les rendre “compatibles avec les objectifs de réchauffement de l’accord de Paris”. Une façon de renvoyer le travail “à l’année prochaine”, estime cependant Jennifer Morgan pour Greenpeace.
Pour l’instant, les nouveaux engagements à horizon 2030 des États mènent toujours, selon le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, à un réchauffement de 2,7°C. Il diminue à 2,1°C si l’on intègre les promesses de “neutralité carbone”. Mais “parvenir à ces objectifs de neutralité carbone reste incertain”, estime l’organe de l’ONU. En cause: “le manque de transparence” de ces promesses, “l’absence de mécanisme pour en rendre compte et de système de vérification”, ainsi que leur décalage avec les engagements pour 2030.
Concernant le financement, le texte provisoire de la COP26 demande “un soutien considérablement accru aux pays en développement, au-delà de 100 milliards de dollars par an”. Les pays développés sont notamment appelés “à intensifier de toute urgence leur financement de l’adaptation au changement climatique afin de répondre aux besoins des pays en développement”.
Cette première version de la déclaration finale de la COP26 sera discutée et amendée jusqu’à la fin des négociations, prévue vendredi. “Les textes changeront et évolueront au fur et à mesure que les pays commenceront à s’engager sur les détails. Mais notre engagement commun à accélérer l’action au cours de cette décennie doit être inébranlable. La science doit être notre boussole”, a commenté le président de la COP26, Alok Sharma.
Reste notamment à voir si la dynamique affichée pour s’éloigner progressivement des énergies fossiles se maintiendra et progressera. Car le système des COP réclame le consensus de près de 200 pays.
La semaine dernière, quelques dizaines de pays ont signé l’accord sur la fin du charbon dans les prochaines décennies. C’est le cas de l’Indonésie, le Vietnam, la Pologne, La Corée du sud, l’Égypte, l’Espagne, le Népal, Singapour, le Chili ou encore l’Ukraine. Outre l’Australie (premier exportateur mondial de charbon) qui a refusé de s’y associer, il manque notamment à l’appel la Chine et les États-Unis. Ceux-ci ont néanmoins annoncé mercredi un accord commun afin de “prendre des mesures renforcées pour relever les ambitions pendant les années 2020“. Sans détails précis.
Une vingtaine de pays ont par ailleurs validé l’engagement à ne plus subventionner les énergies fossiles au niveau international d’ici 2022 (sauf si les installations développent des technologies pour capter et stocker le CO2). Parmi eux citons les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Italie, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Suisse. Et également des pays en développement : Éthiopie, Mali, Gambie, Zambie, Fidji, Îles Marshall… L’Allemagne et les Pays-Bas ont depuis rejoint le mouvement. Cette semaine, la France n’avait toujours pas paraphé l’accord.
Ces financements à l’étranger se font notamment par le biais d’assurances “crédit-export”. Grâce à elles, un État peut, par l’intermédiaire de son agence de crédit à l’exportation (comme BpiFrance Assurance Export), se porter garant d’entreprises et les indemniser en cas de problème. En France, les investissements à l’étranger d’EDF, où l’État est majoritaire, peuvent également être considérés comme des financements internationaux.
La France fait néanmoins partie d’une nouvelle alliance annoncée jeudi, cette fois pour fixer la fin progressive de la production de pétrole et de gaz, mais sans date à ce jour. Baptisé Beyond Oil and Gas Alliance (BOGA), cet accord prévoit de ne plus accorder, dès maintenant, de nouvelles concessions pour l’exploration et la production de ces hydrocarbures. Lancé par le Costa Rica et le Danemark, gros producteur de pétrole, il rassemble le Québec, la Suède, le Groenland, le Pays-de-Galles, la Nouvelle-Zélande, la Californie… Certes, il manque les États-Unis, l’Arabie Saoudite, la Russie, etc.
Mais les États commenceraient-il à comprendre ? Ou font-ils mine ?
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