Partager la publication "COP26 : les renouvelables auront la cote, et en France ?"
Le débat sera brûlant lors de la prochaine échéance présidentielle: comme tous les pays, la France va devoir décarboner son économie le plus rapidement possible pour faire chuter ses émissions de gaz à effet de serre. L’impératif mondial est de lancer dès maintenant de grands chantiers afin d’électriser les activités qui aujourd’hui sont fortement dépendantes du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Principalement dans les secteurs des transports et du monde industriel. En plus, la France doit penser à l’avenir d’un parc nucléaire vieillissant.
Au niveau planétaire, la perspective est clairement un développement massif des énergies renouvelables (Enr). Principalement de l’éolien terrestre et offshore, du solaire photovoltaïque ainsi que du solaire thermique. Dans son rapport de 2019 sur une planète à 1,5°C, le GIEC envisage un développement des Enr de l’ordre de plus ou moins 1000 % entre 2010 et 2050.
Malgré la crise liée à la pandémie, 2020 a du reste été une année record. Plus de 260 gigawatts de nouvelles capacités ont été installées, notamment en Chine et aux États-Unis, indique l’Agence internationale pour les énergies renouvelables. (Mais pas en France où l’on enregistre 2 GW de croissance contre 3 en 2019). “2020 marque l’avènement de la décennie des énergies renouvelables”, se réjouit Francesco La Camera, son directeur général.
Malgré tout, la grande difficulté pour l’éolien et le solaire, c’est la variation de leur production. Et donc la gestion des creux et des pointes de production. Surtout si ces énergies deviennent dominantes. L’option qui monte pour stocker les surproductions temporaires est l’hydrogène fabriqué par hydrolyse. Il est appelé “hydrogène vert”. Par opposition à l’hydrogène “gris”, “brun” ou “noir” réalisé avec les énergies fossiles. Et à l’hydrogène “rose”, nucléaire. Il servirait à alimenter des centrales thermiques à gaz décarboné qui assureraient l’équilibre lors des creux de production des renouvelables.
En France, la très ambitieuse start-up nantaise Lhyfe, dès à présent forte de 60 projets en Europe, a commencé à produire cet été en Vendée, de manière industrielle, de l’hydrogène vert, à usage local. Directement à partir de la production d’électricité d’éolienne. Et en parvenant à gérer le problème de l’intermittence. Une première mondiale.
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Grâce aux vents marins, plus puissants et plus réguliers que les vents terrestres, l’éolien offshore résout lui aussi une partie de la question de l’intermittence. Un développement massif est programmé au Royaume-Uni, déjà leader incontesté. Avec d’ici 10 ans une multiplication par 4 de la puissance installée. Sachant que le parc britannique se compose déjà de 2 000 éoliennes.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonce même que l’éolien offshore sera le pilier de la transition énergétique mondiale. “Tout simplement parce que son potentiel est quasi illimité”, selon son directeur Fatih Birol. L’ex-ADEME, aujourd’hui Agence de la Transition écologique, a estimé son “potentiel technique” en France à 220 GW. 140 pour l’éolien flottant, 80 pour l’éolien posé (fixé aux fonds marins). 220 GW, c’est l’équivalent de quelque 200 réacteurs nucléaires actuels. L’Hexagone en compte aujourd’hui 56.
Néanmoins, des pays comme la Russie, la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et donc la France selon les dernières déclarations du Président Emmanuel Macron, envisagent également un développement du nucléaire pour décarboner leurs économies.
Le GIEC estime que l’énergie primaire issue des centrales nucléaires pourrait augmenter de 98 à 501 % à l’horizon 2050 selon les scénarios. Mais il a également déjà émis des réserves sur “les risques liés au fonctionnement et les inquiétudes que ceux-ci suscitent du point de vue de la sécurité. Les risques découlant de l’extraction de l’uranium, les risques financiers et réglementaires. Les problèmes non résolus que soulève le traitement des déchets. Les préoccupations au sujet de la prolifération des armes nucléaires ainsi qu’une opinion publique défavorable”.
Problème supplémentaire : les centrales nucléaires nécessitent la proximité immédiate de la mer ou d’un fleuve. Une hausse du niveau de la mer qui va durer au moins des siècles ainsi que des débits de cours d’eau de plus en plus erratiques, comme l’annonce le GIEC, ne vont sans doute pas simplifier les projets. Dès lors, sa potentielle expansion apparaît plutôt limitée.
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En France, les publications des scénarios pour le paysage énergétique du pays à l’horizon 2050 se multiplient. En amont de la COP26, l’association indépendante d’experts Negawatt confirme son précédent rapport. Un mix énergétique français (électricité et production de chaleur) quasiment 100 % Enr est possible en 2050… Sous condition expresse d’une réduction de moitié de la consommation finale d’énergie, grâce à la sobriété et à l’efficacité énergétique.
RTE, gestionnaire du Réseau de transport d’électricité, estime également qu’une France sobre et 100 % Enr est possible à l’horizon 2050. Néanmoins, RTE juge qu’un mix associant renouvelables et nucléaire sera moins coûteux et plus facilement réalisable qu’une option 100 % renouvelables.
Ces scénarios renouvelables-nucléaire envisagent le prolongement de la durée de vie de centrales actuelles au-delà de 60 ans, une dizaine de nouveaux EPR et éventuellement des “petites” centrales comme celles citées par Emmanuel Macron (réacteurs modulables SMR). Mais les énergies renouvelables restent majoritaires. Sauf pour une option 50 % – 50 %.
L’ex-ADEME doit elle aussi publier mi-novembre un rapport intitulé “Prospectives, énergies, ressources 2050”. Mais il devrait être amputé de son chapitre sur l’électricité, révèle Contexte.com. Parmi les quatre scénarios développés, l’un deux remplaçait trois EPR par 25 GW d’éoliennes offshore flottantes. Avec un coût en faveur des éoliennes…
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