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COP27 : alerte rouge vif pour l’humanité, selon le Global Carbon Project

Il faudrait désormais, chaque année jusqu’à 2050, une baisse au moins comparable à celle subie pendant le covid en 2020, pour que l’humanité ne dépasse pas le budget carbone qu’il lui reste. Ce serait la seule façon de conserver un espoir de limiter le réchauffement planétaire à + 1,5 °C depuis le début de l’ère industrielle. Mais, au rythme où vont les choses actuellement, il y a désormais 50 % de risque que ce budget carbone soit atteint dans neuf ans. Telle est la conclusion des travaux de l’équipe de scientifiques du Global Carbon Project publiés ce vendredi 11 novembre 2022.

Le groupe de scientifiques, qui vient de publier son rapport 2021 des émissions mondiales de CO2 et ses prévisions 2022, est relativement pessimiste. Un objectif hors de portée. Jusqu’alors, les seules notables diminutions des émissions mondiales ont été consécutives à des crises : effondrement de l’URSS, crise financière de 2007-2008, Covid…

Davantage de CO2 d’origine fossile en 2022 qu’en 2019 selon le Global Carbon Project

Le niveau des émissions de CO2 d’origine fossile devrait être de 36,6 milliards de tonnes cette année, soit plus qu’en 2019. Un nouveau record. Il atteindrait 40,6 milliards de tonnes avec les émissions dues au changement d’usage des terres, déforestation entre autres.

La concentration atmosphérique moyenne de CO2 dépasserait 417 parties par million (ppm), 51 % de plus que les niveaux préindustriels, environ 510 ppm avec les autres gaz à effet de serre : méthane (CO2), protoxyde d’azote (N2O), halocarbures (gaz à effet de serre créé par l’homme pour l’industrie)…

Le spectre de l’emballement

Les écosystèmes terrestres et les océans n’absorbant qu’environ la moitié des émissions, cette concentration restera en perpétuelle augmentation jusqu’à une éventuelle “neutralité carbone”. Les scientifiques du Global Carbon Project enregistrent en plus une “réduction de l’absorption de CO2” par ces “puits de carbone” durant la décennie 2012-2021, à cause du changement climatique : -4 % pour les océans, -17 % pour les écosystèmes terrestres. 

Dans le même temps, la concentration atmosphérique de méthane a fait des bonds records en 2020 et 2021: +15 et +18 parties par milliard (ppb). La concentration de ce puissant gaz à effet de serre dépasse 1 895 ppb en 2021, soit environ 162 % de plus que les niveaux préindustriels. Ces deux tendances ne pourront qu’accroître les craintes d’un emballement destructeur du réchauffement, comme la Terre en a déjà connu dans son histoire, hors de contrôle et pouvant s’auto-alimenter.

Le pétrole, plus grand contributeur à la croissance des émissions selon le Global Carbon Project

En 2021, la hausse des émissions a quasiment rattrapé la chute de 2020: +5,1 % contre -5,4 %. L’augmentation dépasse 5 % en Chine, dans l’Union européenne, au Japon, en Iran… Elle est même supérieure à 10 % aux Etats-Unis, en Russie, en Corée-du-Sud, au Canada, en Australie. Record dans le Top 20 des plus gros émetteurs: + 18,7 % en Arabie Saoudite. Au hit-parade 2021 des plus gros émetteurs fossiles, la Chine arrive en tête avec 11,5 milliards de tonnes de CO2. Elle est suivie par les Etats-Unis 5, l’Union européenne 2,8, l’Inde 2,7, la Russie 1,8, le Japon 1,1 et l’Iran, 0,75.

Si l’augmentation prévue pour 2022 est bien plus réduite (+1 %), “les projections des émissions du charbon et du pétrole sont supérieures à leurs niveaux de 2021, le pétrole étant le plus grand contributeur à la croissance des émissions totales (33 %)”, constate Global Carbon Project. “Cette croissance s’explique en grande partie par le rebond de l’aviation internationale suite à la levée des restrictions liées à la pandémie”. 

Hausse des émissions du charbon en Europe

Les augmentations des émissions liées au pétrole (+2,2 % au niveau mondial) sont attendues dans “toutes les grandes régions”, notamment en Inde et aux Etats-Unis, à une exception : la Chine. Les émissions liées au charbon (+1 % en moyenne) devraient notamment augmenter dans l’Union européenne (+6,7 %) et en Inde (+5 %). Une diminution est envisagée en Chine et aux Etats-Unis.

Les émissions dues au gaz “naturel” pourraient en revanche se tasser de -0,2 %, avec en particulier une forte baisse dans l’Union européenne, la demande devant se rétracter de 10 %, baisse qui sera en partie compensée par le charbon. Au total, les émissions de CO2 progresseraient de 6 % en Inde (notamment du fait du charbon) et de +1,5 % aux Etats-Unis et diminueraient de 0,8 % en Europe, et 0,9 % en Chine (baisse des activités liées au ciment, poursuite des confinements).

Stimuler le développement des énergies propres et planter des arbres

Toutefois, en combinant les émissions fossiles et les émissions du changement d’affectation des terres, les émissions globales “sont à peu près constantes depuis 2015”, relève le Global Carbon Project. De plus, les émissions de CO2 fossile “ont diminué dans 24 pays au cours de la décennie 2012-2021 alors que leur économie était en croissance. Au total, ces 24 pays contribuent à environ un quart des émissions mondiales”, notent les scientifiques.

“Si les gouvernements réagissent en stimulant les investissements dans les énergies propres et en plantant (et non en coupant) des arbres, les émissions mondiales pourraient rapidement commencer à diminuer”, estime Philippe Ciais du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui a contribué à l’étude du Global Carbon Project. Même si ce ne sera pas de l’ampleur d’un covid. Comment réagira donc la COP 27 ?

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