Partager la publication "COP27 : l’Amazonie, symbole de la situation inquiétante des forêts"
“Il n’y a pas de sécurité climatique pour le monde sans une Amazonie protégée. Nous ferons tout ce qu’il faudra pour avoir zéro déforestation et dégradation de nos écosystèmes d’ici 2030”. Personnalité “la plus attendue” à la COP27 de Charm el-Cheikh, qui a été prolongée jusqu’au 19 novembre, le président brésilien élu Lula s’est montré volontaire sur le front du climat et du sauvetage de la plus grande forêt tropicale du monde (5,5 millions de km2), concentrée à plus de 60 % au Brésil.
Il va le falloir. Depuis le début du siècle et jusqu’en 2018, la déforestation en Amazonie avait déjà atteint plus de 500 000 km2, autant que la superficie de l’Espagne. Au Brésil, elle s’est accélérée avec Jair Bolsonaro. Sur les dix premiers mois de l’année, elle atteint déjà 9494 km2, déjà plus que le record de 9178 km2 en 2021. En cause : l’industrie agricole à plus de 80 %, mais également les exploitations minières et le pétrole.
Alors qu’une centaine de pays se sont engagés, lors de la COP26 à Glasgow, à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, la situation semble encore plus urgente en Amazonie.
Un rapport publié en septembre par un regroupement d’organisations environnementales amazoniennes (RAISG) et la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien (Coica) souligne qu’avec 26 % de sa superficie dégradée, “l’Amazonie a atteint un point de non-retour”.
La forêt amazonienne compose un mega-écosystème qui s’auto-entretient, régule en particulier son humidité, et peut se régénérer après sécheresses et autres incendies. Les scientifiques expliquent néanmoins qu’au-delà d’un certain stade, sa résilience décline : d’une forêt tropicale, on bascule progressivement vers un paysage de savane.
Au lieu de capter de capter du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, l’ensemble devient un émetteur de CO2 et aggrave donc le réchauffement. Les pluies seraient également affectées. Le point de rupture se situe selon les experts entre 20 et 25% de surfaces dégradées.
Les auteurs du rapport soulignent donc l’urgence de restaurer, d’ici 2025, 6 % de la forêt amazonienne, soit l’équivalent de la superficie de la France métropolitaine. Ce rapport s’ajoute à une précédente étude expliquant que l’Amazonie rejette désormais plus de CO2 dans l’atmosphère qu’elle n’en stocke.
Publiée l’an passé dans la revue Nature et basée sur des échantillons de CO2 prélevés entre 2010 et 2018, elle estime que ce dégazage a lieu dans l’est et le sud-est du bassin amazonien tandis que l’ouest émet autant de carbone qu’il n’en émet. Les scientifiques expliquent ce déstockage de CO2 par la combinaison entre la déforestation et l’intensification de la saison sèche consécutive au réchauffement planétaire.
A l’échelle mondiale, les écosystèmes terrestres captent actuellement environ un quart des émissions anthropiques de CO2. Mais cette situation n’est pas immuable. Dans son nouveau rapport sur les émissions mondiales de CO2, publié à l’occasion de la COP27, le Global Carbon Project estime que ce “puits de carbone” constitué principalement par les forêts s’est affaibli durant la décennie 2012-2021, avec une “réduction de l’absorption de CO2” de 17 %.
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