Partager la publication "Cours de récréation : l’appel de la nature pour des enfants plus éveillés"
Parfois, une fausse dichotomie est créée entre l’espace de la salle de classe. Cette dernière est le lieu d’apprentissage et d’enseignement par excellence. L’espace extérieur n’est vu que comme lieu de loisirs. Mais la cour de récréation n’est pas seulement un lieu de divertissement. Une aire de jeux avec un minimum de matériaux offre aux enseignants un environnement intéressant pour développer des pratiques scientifiques avec les enfants. D’autant que de plus en plus d’écoles maternelles transforment leurs cours pour y faire une plus grande place à la nature.
La présence accrue de matériaux non structurés et d’éléments tels que l’eau, le sable, la terre ou les plantes donne davantage de possibilités d’exploration qu’une aire de jeux traditionnelle avec des murs et un sol en béton.
Malgré la faible importance pédagogique accordée au temps passé dans la cour de récréation, celui-ci peut contribuer aux apprentissages. Et même au bien-être des enfants. En plus de susciter l’attention, le défi, le plaisir et l’excitation, le jeu stimule le développement cognitif. Il encourage la manipulation pour obtenir des informations à partir d’objets. Et incite au raisonnement scientifique lorsque les enfants découvrent les relations de cause à effet. Ou encore étudient les utilisations possibles des matériaux.
Lorsque les enfants sont engagés dans de petits défis ou d’enquêtes, le jeu et l’apprentissage se rejoignent. Les enseignants peuvent faciliter ce lien en reliant le jeu aux expériences du programme scolaire. Mais aussi en favorisant les questions qui encouragent les enfants à observer, classer, prédire, expérimenter et exprimer toutes leurs découvertes.
De nos jours, les enfants passent malheureusement de moins en moins de temps à explorer la nature. Dans de nombreux cas, leur contact avec les espaces verts est influencé par les peurs et le besoin de contrôle des adultes. Mais ils souffrent aussi du manque d’espaces appropriés en dehors de la salle de classe.
De nombreux terrains de jeux scolaires ne comportent généralement pas d’éléments naturels. Dans d’autres cas, leur présence est anecdotique et sans intérêt pédagogique. Cependant, de plus en plus d’écoles introduisent progressivement et consciemment des matériaux non structurés dans la cour de récréation traditionnelle. Certaines réalisent même des transformations complètes en la végétalisant.
Ces espaces peuvent constituer un environnement approprié pour l’apprentissage scientifique. Car, comme dans la nature, nous pouvons y trouver un haut degré de variabilité (dans les sons, les formes, les textures) et de stabilité (dans les modèles, les systèmes).
Un environnement naturel est synonyme d’un environnement riche, où l’apprentissage est stimulé et favorisé. Un terrain de jeu ou un espace extérieur naturalisé destiné à servir un objectif éducatif doit comporter, entre autres, les éléments suivants :
En combinant arbres, jeux, sentiers, un espace peut paraître esthétiquement ou fonctionnellement approprié à l’adulte. Mais encore faut-il qu’il soit attrayant et utile pour les enfants, c’est-à-dire qu’ils en fassent pleinement usage.
Le fait est que l’approche des enfants fonctionne à partir d’une autre clé : ce que l’espace les « invite » à faire – et leur permet de faire. Chaque enfant interprète les propriétés fonctionnelles des espaces et les adapte ou personnalise. La fonctionnalité qu’ils vont donner à un arbre ou un bâton peut être variée. Ainsi, il est clair que, plus un espace et les éléments qui le composent sont accessibles, hétérogènes et variables, plus il offre de possibilités.
Par exemple, le type d’arbres que nous avons dans notre aire de jeux influencera ce que les enfants peuvent y faire. Car certains ne sont pas assez hauts ou sûrs pour que les enfants puissent y grimper. Ou encore, un espace dont la topologie est uniforme ne permettra pas aux enfants de jouer à lancer ou faire rouler des objets sur des pentes.
Tous ces aspects doivent être pris en compte et étudiés en profondeur lors de la conception de ce type d’espaces. Ou lorsque nous souhaitons effectuer de petites interventions ou modifications sur nos aires de jeux traditionnelles.
À propos des auteurs :
Josu Sanz Alonso. Profesor Contratado Doctor, Facultad de Educación de Donostia-San Sebastián, Dpto Didáctica de las Ciencias, Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea.
Daniel Zuazagoitia Rey-Baltar. Docente e investigador en el Departamento de Didáctica de las Matemáticas, las Ciencias Experimentales y Sociales, UPV/EHU, Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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