Déchiffrer

Cours de récréation : l’appel de la nature pour des enfants plus éveillés

Parfois, une fausse dichotomie est créée entre l’espace de la salle de classe. Cette dernière est le lieu d’apprentissage et d’enseignement par excellence. L’espace extérieur n’est vu que comme lieu de loisirs. Mais la cour de récréation n’est pas seulement un lieu de divertissement. Une aire de jeux avec un minimum de matériaux offre aux enseignants un environnement intéressant pour développer des pratiques scientifiques avec les enfants. D’autant que de plus en plus d’écoles maternelles transforment leurs cours pour y faire une plus grande place à la nature.

La présence accrue de matériaux non structurés et d’éléments tels que l’eau, le sable, la terre ou les plantes donne davantage de possibilités d’exploration qu’une aire de jeux traditionnelle avec des murs et un sol en béton.

Des jeux, des défis qui stimulent les enfants et favorisent leur bien-être

Malgré la faible importance pédagogique accordée au temps passé dans la cour de récréation, celui-ci peut contribuer aux apprentissages. Et même au bien-être des enfants. En plus de susciter l’attention, le défi, le plaisir et l’excitation, le jeu stimule le développement cognitif. Il encourage la manipulation pour obtenir des informations à partir d’objets. Et incite au raisonnement scientifique lorsque les enfants découvrent les relations de cause à effet. Ou encore étudient les utilisations possibles des matériaux.

Jouer au ballon, chasser les insectes, regarder passer les nuages… autant d’activités extérieures qui éveillent la curiosité et le bien-être des enfants. Crédit : Pixabay.

Lorsque les enfants sont engagés dans de petits défis ou d’enquêtes, le jeu et l’apprentissage se rejoignent. Les enseignants peuvent faciliter ce lien en reliant le jeu aux expériences du programme scolaire. Mais aussi en favorisant les questions qui encouragent les enfants à observer, classer, prédire, expérimenter et exprimer toutes leurs découvertes.

Varier les espaces

De nos jours, les enfants passent malheureusement de moins en moins de temps à explorer la nature. Dans de nombreux cas, leur contact avec les espaces verts est influencé par les peurs et le besoin de contrôle des adultes. Mais ils souffrent aussi du manque d’espaces appropriés en dehors de la salle de classe.

De nombreux terrains de jeux scolaires ne comportent généralement pas d’éléments naturels. Dans d’autres cas, leur présence est anecdotique et sans intérêt pédagogique. Cependant, de plus en plus d’écoles introduisent progressivement et consciemment des matériaux non structurés dans la cour de récréation traditionnelle. Certaines réalisent même des transformations complètes en la végétalisant.

Un environnement naturel est un environnement riche

Ces espaces peuvent constituer un environnement approprié pour l’apprentissage scientifique. Car, comme dans la nature, nous pouvons y trouver un haut degré de variabilité (dans les sons, les formes, les textures) et de stabilité (dans les modèles, les systèmes).

Respirer le parfum des fleurs. Crédit : Tetyana Kovyrina / Pexels.

Un environnement naturel est synonyme d’un environnement riche, où l’apprentissage est stimulé et favorisé. Un terrain de jeu ou un espace extérieur naturalisé destiné à servir un objectif éducatif doit comporter, entre autres, les éléments suivants :

  • l’eau accessible sous forme de ruisseaux, de fontaines ou de flaques d’eau ;
  • les roches, le sable et les différents types de sols et de chaussées ;
  • Une topographie parfois accidentée ainsi que des hauteurs avec des cordes, des tunnels, des tubes et des passages ;
  • une diversité d’arbres et de plantes ;
  • des éléments de jeu constructif et symbolique, des outils pour creuser, des seaux pour transvaser et d’autres matériaux de stockage ;
  • des chemins et des sentiers traversent l’espace, ainsi que des espaces privés pour se cacher. Et, bien sûr, des espaces communs pour socialiser et se reposer, entre autres choses.

Se mettre à hauteur des enfants

En combinant arbres, jeux, sentiers, un espace peut paraître esthétiquement ou fonctionnellement approprié à l’adulte. Mais encore faut-il qu’il soit attrayant et utile pour les enfants, c’est-à-dire qu’ils en fassent pleinement usage.

Varier les jeux, les textures, les plantes… et laisser les enfants s’approprier l’espace. Crédit : Ameruverse Digital Marketing Media / Pexels.

Le fait est que l’approche des enfants fonctionne à partir d’une autre clé : ce que l’espace les « invite » à faire – et leur permet de faire. Chaque enfant interprète les propriétés fonctionnelles des espaces et les adapte ou personnalise. La fonctionnalité qu’ils vont donner à un arbre ou un bâton peut être variée. Ainsi, il est clair que, plus un espace et les éléments qui le composent sont accessibles, hétérogènes et variables, plus il offre de possibilités.

Par exemple, le type d’arbres que nous avons dans notre aire de jeux influencera ce que les enfants peuvent y faire. Car certains ne sont pas assez hauts ou sûrs pour que les enfants puissent y grimper. Ou encore, un espace dont la topologie est uniforme ne permettra pas aux enfants de jouer à lancer ou faire rouler des objets sur des pentes.

Tous ces aspects doivent être pris en compte et étudiés en profondeur lors de la conception de ce type d’espaces. Ou lorsque nous souhaitons effectuer de petites interventions ou modifications sur nos aires de jeux traditionnelles.

À propos des auteurs :
Josu Sanz Alonso.
Profesor Contratado Doctor, Facultad de Educación de Donostia-San Sebastián, Dpto Didáctica de las Ciencias, Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea.
Daniel Zuazagoitia Rey-Baltar. Docente e investigador en el Departamento de Didáctica de las Matemáticas, las Ciencias Experimentales y Sociales, UPV/EHU, Universidad del País Vasco / Euskal Herriko Unibertsitatea.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Recent Posts

  • Découvrir

Tout comprendre au biomimétisme : s’inspirer du vivant pour innover

Le biomimétisme, ou l'art d'innover en s'inspirant du vivant, offre des solutions aussi ingénieuses qu'économes…

7 heures ago
  • Déchiffrer

Christophe Cordonnier (Lagoped) : Coton, polyester… “Il faut accepter que les données scientifiques remettent en question nos certitudes”

Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…

1 jour ago
  • Ralentir

Et si on interdisait le Black Friday pour en faire un jour dédié à la réparation ?

Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…

1 jour ago
  • Partager

Bluesky : l’ascension fulgurante d’un réseau social qui se veut bienveillant

Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…

2 jours ago
  • Déchiffrer

COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…

3 jours ago
  • Déchiffrer

Thomas Breuzard (Norsys) : “La nature devient notre actionnaire avec droit de vote au conseil d’administration”

Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…

4 jours ago