Crise grecque : “la solution existe, tout le monde la connait”

Un saut dans l’inconnu : c’est selon François Hollande (et la plupart des économistes) ce qui attend l’Europe en cas de sortie de la Grèce de l’Euro, le fameux “Grexit”. La catastrophe est annoncée, l’échéance se profile avec le référendum du 5 juillet décidé par le premier ministre grec, mais plus personne ne peut ou ne veut agir.

Dans cette crise de la dette grecque, tout le monde a menti, au moins par omission. Et chacun a préféré les postures. Les gouvernements grecs d’abord, de droite et de gauche, qui ont sciemment maquillé les comptes pour adhérer à l’euro et développé des politiques purement clientélistes.

Programme irréaliste

À l’arrivée, un pays où la fraude fiscale est un sport national, où les emplois publics sont pléthoriques, et où chacun construit sa maison et mène ses activités sans que l’administration ne soit au courant. Et quand Alexis Tsipras accède au pouvoir en janvier dernier sur fond de discrédit des partis de gouvernement, c’est pour faire alliance, lui, le leader de l’extrême gauche, avec une formation d’extrême-droite nationaliste sur la base d’un programme irréaliste.
 

Austérité destructrice

Mais les gouvernements européens, comme les banquiers, n’ont pas été plus clairvoyants. Ils ont longtemps fermé les yeux sur la réalité désastreuse des finances de la Grèce, puis il lui ont imposé une austérité destructrice, qui comme les saignées des médecins de Molière, ont tué le malade plutôt que guérir la maladie : le produit intérieur brut s’est effondré d’un quart, et si le budget courant de l’état est revenu à l’équilibre, l’endettement a explosé, l’exact contraire du but recherché. Sans oublier les souffrances de la population : chômage de masse, chute du pouvoir d’achat, baisse des retraites.

La solution pourtant existe. Tout le monde la connaît, et les dernières négociations commençaient à les mettre en œuvre. Il s’agit d’échanger l’annulation d’une partie de la dette grecque contre de vraies réformes permettant à ce pays de retrouver de la compétitivité. Chacun sait que la Grèce ne sera jamais en mesure de rembourser tout ce qu’elle a emprunté, et après tout l’Allemagne avait au début des années 50 bénéficié de l’effacement de ses dettes indispensable à sa reconstruction.
 

Palinodies et démagogie

Mais la Grèce doit se réformer : Comment accepter que la TVA y soit à 13 %, en dessous des pays européens qui lui ont prêté de l’argent ? Que l’église orthodoxe ou que les armateurs ne paient pratiquement pas d’impôt ? Que le budget de la Défense soit l’un des plus élevés de l’Union européenne ? À la lucidité et au courage, Alexis Tsipras a préféré les palinodies et la démagogie.

Le couple franco-allemand a tangué : au moment où François Hollande plaidait pour “des discussions jusqu’au bout et un accord tout de suite”, Angela Merkel – soutenue par les pays européens qui ont fait de gros efforts et ne conçoivent pas que la Grèce en soit exemptée –  jugeait qu’on ne discuterait plus avant le référendum et que l’avenir de l’Euro n’était pas en jeu…

Nouvelle croissance​

On verra. Il reste qu’il faudra bien effacer une partie de la dette et que la Grèce devra se réformer. Quant à la zone euro, elle ne s’en sortira durablement qu’en renforçant sa cohésion notamment par une harmonisation fiscale, et en mettant en œuvre une nouvelle croissance répondant aux défis de demain.


Par Gérard Leclerc
Éditorialiste politique pour We Demain

@GerardLeclerc

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