La liste
Europe Écologie Les Verts (EELV), conduite par Yannick Jadot, a créé la surprise en arrivant en troisième position aux élections européennes, derrière le Rassemblement National et La République en Marche. Les sondages lui donnait 8 % des votes, il en a rassemblé 13,47 %, selon les
derniers résultats du ministère de l’Intérieur.
Damien Carême, numéro 3 sur la liste EELV, revient sur ces résultats. Maire de Grande-Synthe depuis 18 ans, plebiscité pour sa politique pionnière de transition écologique, ce défenseur du climat et des réfugiés a été élu hier soir eurodéputé.
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- We Demain : Êtes-vous surpris par le bon résultat de votre liste ?
Damien Carême : Non, je m’y attendais. J’ai fait énormément de déplacements en France et je me rendais compte de cette attente des Français, de cette adhésion à nos idées et nos valeurs. Je trouvais bizarre que les sondages nous donnent à 6, 8 ou 10 %. Je pensais vraiment qu’on serait autour de 13 % et on est même à un peu plus haut. Je suis donc très content ! C’est la première fois qu’on fait autant de voix, plus de 3 millions. Même au plus haut de nos scores avec Daniel Cohn-Bendit, et je lui adresse ce message un peu particulier, on avait fait 2 900 000 voix. Hier on en a fait 250 000 de plus. Aujourd’hui, c’est la responsabilité qu’est la nôtre de ne pas décevoir.
- Quelle analyse faites-vous de cette “croissance verte” ?
Cela veut dire qu’on a réussi à expliquer qu’il s’agissait d’un scrutin européen et pas national, qu’on est arrivés avec un vrai programme cohérent. Je pense que la supercherie de l’écologie, notamment à La République En Marche, n’a pas pris. Les gens réclament un vrai changement. Ce vote conforte ce que l’on a vu lors des marches pour le climat, les 2 millions de signature de l’Affaire du siècle, les grèves des lycéens. 25 % des 18-24 ans ont voté pour nous, c’est extraordinaire, ça nous donne encore plus de responsabilités pour aller travailler et changer les choses.
- Pensez-vous que les récentes grèves scolaires et les manifestations pour le climat ont pesé sur le scrutin ?
Indéniablement, ça a joué chez l’électorat jeune mais pas uniquement. Une vraie attente de la société s’est exprimée pour le groupe de la sincérité, de la cohérence, de l’engagement. Je crois aussi que les compétences dans cette liste ont su rassembler. Mon travail à Grande-Synthe a peut-être montré ce que peut faire l’écologie quand elle est au pouvoir. Mais il y a aussi Benoit Biteau, Claude Gruffat, Marie Toussaint… C’est une liste de gens qui travaillent depuis longtemps sur cette cause écologique.
- Vous êtes maire de Grande-Synthe depuis 2001, salué pour votre action locale. Comment vivez-vous le fait de quitter cette écharpe… ?
Je suis très triste, c’est une longue page qui va se fermer, j’y ai passé du temps, les gens m’ont fait confiance, on a avancé. C’est une tristesse mais je pars avec le sentiment d’avoir accompli de belles choses pour la ville. Je vais passer du local au global, à l’européen. Je vais me servir de ces expériences-là pour aller donner de l’espoir ailleurs.
- De nombreuses listes ont placé l’écologie au cœur de leur programme. Mais EELV a fait le choix de ne pas se rassembler avec d’autres partis de gauche. Est-ce qu’une stratégie d’alliance est envisagée pour l’avenir ?
Non. Disons qu’on ne s’est pas trompés d’élection, c’était une élection européenne. Notre stratégie a été d’avoir un groupe vert européen fort, et aujourd’hui d’après les scores en ma possession, on a 75 eurodéputés verts, contre 51 auparavant. Imaginez ce que l’on va pouvoir faire ! Demain, il faudra se mettre au travail tous ensemble pour que l’écologie gagne. Mais ça veut dire toute l’écologie, rien que l’écologie, dans toute sa cohérence.
- Le score d’EELV est toujours plus élevé aux élections européennes qu’aux nationales. Est-ce amené à changer selon vous ?
Oui, on est vraiment au démarrage d’une nouvelle ère politique, c’est fini l’ère des vieux partis, des compromissions. Aujourd’hui il faut changer radicalement et le démarrage a été donné hier soir avec les résultats aux européennes. Je pense que ça s’amplifiera dans les années qui viennent lors d’autres élections.
- Quels seront vos premiers projets au Parlement européen ? Les points abordés en priorité ?
Non ! On me pose exactement les mêmes questions dans ma ville [rires]. Mais l’écologie c’est la transversalité dans toutes les politiques. On ne peut pas être écologique sur la politique agricole commune et ne pas l’être sur les transports. L’écologie ne peut pas marcher sur une patte, c’est un millepattes. Donc on sera sur tous les fronts, tout de suite, que ce soit sur les énergies renouvelables, le plan massif d’investissement sur la transition écologique, la réforme de Dublin, la crise de l’accueil des exilés en Europe, la poursuite des lobbys…