“La volonté d’atteindre la neutralité carbone doit devenir la nouvelle norme pour tout le monde, partout, pour chaque pays, entreprise, ville et institution financière, ainsi que pour des secteurs clés tels que l’aviation, le transport maritime, l’industrie et l’agriculture”. Cet appel lancé au printemps est celui du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
De fait, des dizaines de pays vont arriver à la COP26 de Glasgow avec leur “neutralité carbone” en poche. Certains annoncent y parvenir en 2045 comme la Suède et l’Écosse. D’autres en 2050 comme la France, l’Union européenne, les États-Unis ou l’Australie. D’autres encore en 2060 comme la Chine et même la Russie et l’Arabie Saoudite.
En France, elle a remplacé en 2017 la notion de “facteur 4” qui impliquait une division par 4 des émissions par rapport à 1990. Mais que veut donc dire “neutralité carbone” ? Et comment l’atteindre ?
Deux grands sens sont donnés à cette notion. La neutralité carbone est d’abord évoquée par les organismes qui font de la “compensation carbone”. Par exemple, si une entreprise émet une tonne de CO2 en brûlant du charbon et si elle s’engage à planter des arbres qui stockeront à terme une tonne de CO2, elle se dit “neutre” en carbone. Le problème, c’est que si tout le monde fait ça, les émissions de carbone risquent surtout augmenter.
Le terme “neutralité carbone” apparaît également dans les scénarios scientifiques relatifs au climat. Dans ce cas, la “neutralité carbone” revient à émettre la même quantité de carbone dans l’atmosphère que ce que la nature – écosystèmes terrestres, océans – peut absorber. Actuellement, les océans et les écosystèmes terrestres captent environ la moitié de nos émissions annuelles. Pour la décennie 2010-2019, ils ont pompé en moyenne chaque année 21,7 milliards de tonnes de CO2 anthropique, selon l’organisme Global Carbon Project.
Les technologies de géoingénierie à l’étude, qui consistent entre autres à retirer du CO2 de l’atmosphère comme le captage-stockage de carbone (CSC ou CCS en anglais), peuvent également participer à cette “neutralité carbone”. Même si le CSC reste encore très virtuel, les pays adeptes de charbon, de pétrole et de gaz font ce pari technologique. Un tout récent rapport de l’ONU appelle du reste à “un déploiement rapide du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone pour atteindre les objectifs de neutralité carbone et ainsi mettre effectivement en œuvre l’accord de Paris”.
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In fine, le moment où l’on pourrait atteindre la neutralité carbone planétaire marque aussi le pic de concentration atmosphérique de CO2. D’ici là, le revers de la médaille c’est que la concentration de CO2 augmentera systématiquement.
Par exemple, 450 parties par million (PPM) de CO2 dans l’atmosphère, c’est le pic à ne pas dépasser en 2100 pour avoir encore une chance sur deux de limiter le réchauffement planétaire à +2°C, selon le GIEC. Nous sommes à bientôt 420 ppm. Et pour atteindre 1,5°C, il faudrait revenir en dessous de 400 ppm… Donc utiliser de la géo-ingénierie.
Problème supplémentaire: les rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) expliquent que plus la fièvre planétaire va progresser moins les océans et les écosystèmes terrestres seront efficaces pour retirer du CO2 de l’atmosphère…
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