Partager la publication "Écologie, solidarité… Que reste-t-il du “Monde d’après” ?"
Rarement expression aura autant marqué une époque. Lors du premier confinement, l’idée du “Monde d’après” a soudainement surgi, prenant peu à peu de l’ampleur, dans les discours politiques, les médias, la sphère publique… La crise apparaissait alors comme une opportunité de tout réinventer : nos rapports à l’autre, notre consommation, notre industrie, nos idéaux…
WE DEMAIN avait d’ailleurs consacré un podcast à ce “Monde d’après”, dans lequel des personnalités avançaient leurs propositions pour un avenir meilleur.
“En explosant le socle du quotidien, le confinement a décadenassé les pensées et libéré les imaginaires”, rappelle une étude de l’Ademe (Agence de la transition écologique), dont les conclusions ont été publiées jeudi 25 mars. Un an plus tard, avec un peu de recul, cette étude revient sur le sens donné à cette expression, et son usage au fil du temps.
De mars à décembre 2020, plus de 1 000 contributions (articles de presse, think tank, syndicats, ONG…) ont été analysées. Qu’en ressort-il ? D’abord que les espoirs des Français pour ce Monde d’après ont été liés à cinq thématiques majeures.
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La première est la transition écologique, “vue comme un horizon naturel de sortie de crise”, souligne Anne Varet, directrice adjointe de la prospective et à la recherche de l’Ademe.
Le Monde d’après est ensuite associé à une meilleure gouvernance et notamment à une démocratie plus participative qui redonne la parole aux citoyens. La soudaine privation de liberté et le boom du numérique plaident par ailleurs pour un juste équilibre entre respect des droits individuels et contraintes collectives.
Troisième thème récurant : la nécessité de relocaliser les activités économiques et sociales, de donner plus de pouvoir aux territoires. Le Monde d’après est un “monde de près”, relève l’étude.
Le droit à une alimentation plus saine pour tous apparait aussi dans les priorités de Français.
Enfin, 5e préoccupation : la crise met en avant les inégalités et appelle à construire un monde plus juste et plus solidaire.
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Dès le départ, il existe bien sûr des “détracteurs du Monde d’après”, notamment dans les milieux libéraux, conservateurs ou d’extrême droite, note aussi cette étude. Ils dénoncent son aspect “illusoire”, risquant d’alimenter les frustrations, ou y voient une façon d’imposer des idées, notamment écologiques ou anticapitalistes.
Mais bientôt, dès l’été, ce concept de “Monde d’après” s’étiole plus largement dans la société, “comme s’il s’usait”, note Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof. C’est alors la notion de relance économique qui se manifeste le plus.
Enfin, avec le deuxième confinement, les idées des libertés individuelles et de culture et création sont celles qui suscitent le plus d’engagement.
Avec le prolongement de la crise, l’espoir d’un retour à la normale supplante de plus en plus le désir d’un Monde d’après. “Pour les populations qui paieront le plus lourd tribut de l’effondrement économique ce retour à la normale est déjà beaucoup.”
L’idée qui revient fortement est qu’il faut déjà regarder le monde d’aujourd’hui, “qu’à trop parler de l’après, on en oublie le présent, ses crises et ses combats existants”, que “l’après” fantasmé empêcherait de relayer des récits concrets.
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Les propos analysés soulignent d’ailleurs qu’au fil de cette année hors norme “le monde a bel et bien changé”, notamment en termes de mobilité, de consommation, de télétravail, d’enseignement, d’usage du numérique… Des petits ou des grands événements à l’échelle des individus, des villes, des pays…
Bref, le Monde d’après n’aurait pas disparu, “il serait déjà sous nos yeux”. À condition de savoir où regarder.
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