Européennes 2019 : un chatbot pour lutter contre l’abstention des jeunes

“Salut Pauline, ravi de faire ta connaissance !” Sur Facebook, mon interlocuteur démarre la conversation avec enthousiasme. Admirateur secret ? Futur contact pro ? Rien de tout cela. Celui qui m’apostrophe est en réalité… mon nouveau coach politique.

“Je suis Voxe, l’ami neutre et non partisan qui t’aide à mieux comprendre l’actu et à t’engager, notamment via un quizz le week-end sur l’actu de la semaine ”. Me voilà partie pour un long échange par claviers interposés. Pas avec un humain, mais avec un robot. Un chatbot pour être plus précis.

Lancé fin 2016 par le site voxe.org , cet outil conversationnel échange avec des milliers d’utilisateurs tous les mois via Facebook Messenger. “Nous sommes à plus de 100 000 utilisateurs depuis 2018”, précise sa co-créatrice et directrice Léonore de Roquefeuil.

Depuis avril, le bot propose, en plus de ses quiz hebdomadaires, un contenu dédié aux élections européennes du 26 mai prochain.

“Les européennes sont une des élections les plus difficiles à couvrir”, reconnaît sa fondatrice. “Ses enjeux sont mal connus. La majeure partie des jeunes avec qui nous avons échangé en amont du projet n’étaient même pas au courant qu’ils pouvaient voter. Il y a un flou artistique sur l’influence concrète de l’Union Européenne dans leur quotidien.”

Lutter contre l’abstention…

À chaque élection européenne, la génération des 18-35 ans bat des records d’abstention. Ils étaient 73 % à ne pas s’être rendus aux urnes en 2014. Et les prévisions pour le scrutin du 26 mai ne sont guère plus rassurantes. Selon un sondage Ifop, ils sont 77 % à prévoir de s’abstenir.

“Les élections sont désertées par notre génération, alors même que les jeunes sont ceux qui veulent le moins quitter l’Europe”, déplore Léonore de Roquefeuil. Selon l’Eurobaromètre 2015, plus de trois jeunes Français (15-24 ans) sur quatre se définissent comme citoyen européen.

“Les jeunes sont hyper engagés, ils défilent dans la rue, ils militent pour le climat. Pourtant on n’arrive pas à exploiter ce potentiel, à le transformer en action politique. Voter n’est pas la seule manière de s’engager, mais le changement commence par retourner aux urnes et faire entendre sa voix.”

… en modernisant l’Europe

Voxe veut donc rendre les élections et le fonctionnement européen plus accessibles, et surtout plus concrets.

Au programme : présentation des 34 listes officielles, fiches pédagogiques sur les enjeux de l’élection, reportages au coeur du fonctionnement de l’UE, et quiz pour réviser l’actualité et les propositions des candidats. En deux clics, je me retrouve ainsi (virtuellement) à Bruxelles, en pleine “conversation” avec la directrice de la DG CLIMAT.

Les utilisateurs sont libres de survoler certains sujets, voire de ne pas du tout s’y intéresser. Mais quelque soit les thématiques consultées, Voxe me demande régulièrement si je compte voter le jour J.

Depuis le 15 mai, les indécis peuvent aussi identifier la liste politique qui se rapproche le plus de leurs opinions en répondant à une quarantaine de questions. La stratégie du chatbot semble fonctionner. Plus de 300 000 messages ont été échangés pendant le dernier mois, nous apprend Léonore de Roquefeuil, ajoutant que plus de la moitié (53%) des utilisateurs ont entre 18 et 25 ans.