Partager la publication "Le numérique éducatif va-t-il changer l’école ?"
Le numérique va-t-il changer l’école ? La question est au coeur des États généraux du numérique pour l’éducation, qui se tiendront du 4 au 5 novembre prochain à Poitiers. Elle a également animé le premier débat du Forum “Et si on changeait l’école ?”, co-organisé par WE DEMAIN et France Info, qui s’est tenu le 24 septembre au studio 104 de la Maison de la radio.
Modérée par la journaliste de WE DEMAIN, Armelle Oger, la première discussion de la soirée a réuni deux spécialistes aux positions antagonistes sur le sujet : la professeure agrégée de mathématiques Sophie Guichard, créatrice du site mathenvideo.fr, et Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Institut CNRS des Sciences Cognitives de Lyon et auteur de La fabrique du crétin digital .
Au coeur ou en renfort de l’enseignement, quelle place pour le numérique ?
Les enseignants ont été nombreux à se tourner vers les outils numérique au printemps dernier afin de maintenir le lien avec leurs élèves pendant le confinement.
Certains ont fait la classe sur YouTube, tandis que d’autres ont lancé leur propre site web, à l’instar de la professeure d’anglais Florence Védérine ou Sophie Guichard. Pour cette dernière, “c’est à l’école que l’on doit apprendre les ‘bonnes pratiques’ et les limites du numérique, ce qu’on a le droit de faire, ou pas, en ligne”.
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Ces outils ont permis d’assurer la continuité pédagogique pendant une période particulière. Mais ont-ils pour autant vocation à s’inscrire durablement dans les pratiques éducatives ?
“Il ne s’agit pas de faire une crise technophobe et de dire que tout est à jeter”, reconnaît Michel Desmurget. “Le numérique doit être utilisé comme un outil supplémentaire, et non pas se substituer à l’enseignant”, ajoute-t-il, citant un rapport de la Cour des comptes de 2019 sur le “plan tablettes” déployé sous le mandat de François Hollande, qui s’est traduit par une numérisation anarchique des salles de classe.
“Est-ce qu’on préfère mettre de l’argent pour faire plaisir à Apple et Microsoft, ou dans la formation des enseignants ?” souligne-t-il.
“La première chose à faire est que chacun se demande ce qu’il a besoin et envie de faire au quotidien avec ses élèves, appuie Sophie Guichard. La question des outils n’arrive qu’ensuite.” Ou, comme le résume son co-débatteur : “On a besoin d’une école, mais pas forcément numérique. Juste d’une école.”
Pour continuer à s’interroger…
Outre le numérique, le Forum a permis de mettre en lumière d’autres solutions éducatives alternatives : la pédagogie Montessori, la classe inversée, l’escape-game, l’apprentissage par la nature … Ainsi que de se questionner sur l’impact des neurosciences dans les méthodes éducatives.
Finalement, quels sont les maître-mots de l’école de demain ? François Taddei insiste sur l’importance du “care” pour une génération qui “voit son présent occulté par le Covid, et son futur, par le changement climatique”.
“Prendre soin de la planète est devenu, pour eux, une exigence.“
François Taddei
La crise du Covid n’est que la première d’une longue suite de crises que vont connaître nos sociétés occidentales. Pour les affronter, le directeur du Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI) prône la confiance et la coopération. “Ce qu’il manque beaucoup aux enseignants, c’est une formation continue, pas imposée par d’autres, mais qui parte de leurs propres besoins et qui valorise le fait qu’ils puissent apprendre les uns des autres.”
Quant aux élèves, l’éducation à la citoyenneté à plusieurs niveaux – la classe, le quartier, le pays – devra le transformer en “acteur et auteur du monde de demain”.