Partager la publication "“France nation verte” : l’influence des thinks tanks"
Sans annonce nouvelle, la Première ministre Elisabeth Borne a juste présenté vendredi 21 octobre, à Paris, la “méthode” de travail du nouveau plan écologique “France nation verte”, déclinaison française du Green deal européen, qui doit mener le pays vers la neutralité carbone : ne pas émettre en 2050 plus de dioxyde de carbone (CO2) que la quantité captée par les écosystèmes naturels.
Cela équivaut à un objectif de 2 tonnes de CO2 par an et par habitant, bien moins des chiffres actuels : plus de 10 d’émissions de CO2 aujourd’hui. Avec pour commencer une baisse de 55 % des émissions d’ici à 2030 par rapport à 1990. Un “défi immense” mais également “de plus en plus une question de survie”, reconnaît Elisabeth Borne.
Désirant “changer tout un système, identifier des leviers, se fonder sur des séries d’indicateurs”, dans la concertation en mobilisant politiques, entreprises, partenaires sociaux et représentants de la société civile, ce plan peut paraître à ce stade “complexe ou abstrait”, assume la Première ministre. Il doit en tout cas être composé de 22 chantiers articulés autour de six thèmes : se nourrir, se déplacer, se loger, produire, consommer, protéger et valoriser nos écosystèmes. A ce jour, ces 22 chantiers sont simplement nommés par le gouvernement, comme des tiroirs à remplir. Ils vont de l’alimentation aux mobilités, en passant par l’eau, la décarbonation de l’industrie ou encore le nucléaire (lire ci-dessous).
Sept chantiers transversaux complètent le dispositif : financement, mesures d’accompagnement social, emplois liés à la transformation des filières, sobriété, exemplarité des services publics, planification territoriale. Parce que tous les sujets sont liés, assure Elisabeth Borne : “nous allons avancer de front” sur tous ces chantiers en même temps pour “construire un nouveau modèle de croissance”. Pour elle, “tous les pans de notre quotidien sont concernés. Depuis l’industrie jusqu’au numérique, c’est toute notre économie qui va être transformée”. Un projet de société pour “mieux vivre”.
Méthode d’action : une planification écologique placée sous la houlette de la Première ministre, et pilotée par le nouveau Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) dirigé par Antoine Peillon, 38 ans, nommé cet été. Un haut fonctionnaire de l’ombre ayant travaillé avec Ségolène Royal, Jean Castex, Elisabeth Borne ou encore à l’Elysée. Un ancien de Total au début de sa carrière aussi, puis d’Areva, comme on le trouve discrètement sur la toile. Son équipe d’une quinzaine de personnes travaille “sur le temps long”, a-t-il déjà souligné. Mission : “coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire”, jusqu’alors “trop souvent pensés séparément”… Et veiller “à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement”.
Dans un premier temps, la nouvelle action gouvernementale consiste à lancer dès novembre des concertations dans tous les ministères selon leurs compétences, avec rapidement une première synthèse. “En fin d’année, nous aurons une version consolidée de notre planification écologique”, avec des projections, des objectifs chiffrés ainsi que des indicateurs de suivi. “Des clauses de rendez-vous permettront de partager les résultats obtenus, dans le cadre du Conseil national de la Refondation [dont le groupe “Climat et biodiversité” a également été lancé le 21 octobre]”, a-t-elle précisé.
Si ce plan ne pose donc pour l’heure aucune nouvelle action concrète, ses “éléments de langage” comme on dit dans la “com”, évoque la logique de travail que l’on peut trouver dans certains “laboratoires d’idées”, notamment ceux des associations Terra Nova dirigée par Thierry Pech et The Shift Project, présidée par Jean-Marc Jancovici. “Il ne faut pas hésiter à qualifier ces annonces d’historiques”, s’est d’ailleurs félicité dans un tweet Matthieu Auzanneau, directeur de The Shit Project, à la suite de cette annonce.
Après avoir mobilisé “un grand nombre de spécialistes”, The Shift Project a publié en début d’année un “plan de transformation de l’économie française” qui se veut lui aussi “systémique” et qui décline de multiples actions “secteur par secteur”. Voici quelques-unes de ces propositions :
Dans quelles mesures le gouvernement suivra-t-il ce type de travaux ? C’est maintenant la question. En ce qui concerne le nucléaire, qui dispose de son propre chapitre de développement (contrairement aux énergies renouvelables intégrées sous le titre plus large “Production d’énergie décarbonée hors nucléaire”, pouvant donc théoriquement intégrer également les énergies fossiles équipées d’hypothétiques systèmes de captage et stockage du CO2) c’est visiblement déjà acquis…
SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…
À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…
Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…
Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…