Google Home : des employés écoutent vos conversations

Big Brother vous regarde, Google, lui, vous écoute, et parfois à votre insu. L’enceinte connectée Google Home et son assistant vocal sont au cœur d’un scandale révélé par le média belge néerlandophone VRT News, mercredi 10 juillet.

Le fait que Google Home enregistre les questions que les utilisateurs lui posent n’est pas un secret, le géant américain ne s’en est jamais caché et le précise même dans les conditions générales d’utilisation de son assistant vocal.

Mais les journalistes de VRT News révèlent que des conversations sont parfois enregistrées sans que personne n’ait prononcé le mot magique “OK Google”, censé déclencher l’appareil. Plus inquiétant encore, ces enregistrements sont ensuite écoutés, retranscrits et analysés par des employés d’un sous-traitant de Google.

Des données personnelles analysées

Sous couvert d’anonymat, un employé a accepté de témoigner et de fournir aux journalistes de VRT News certains enregistrements réalisés en Belgique et aux Pays-Bas.

Il explique que Google lui envoie environ 1000 conversations par semaine à écouter. Il doit les retranscrire à la virgule près, en précisant s’il s’agit d’une voix d’homme, de femme ou d’enfant, en notant lorsque quelqu’un tousse ou qu’un bruit parasite est enregistré.

Les enregistrements sont rendus anonymes – ils ne sont pas reliés à un nom ni à un compte Google – mais les voix ne sont pas modifiées et les informations personnelles (adresse, numéro de téléphone…) ne sont pas masquées.

Les journalistes de VRT News ont d’ailleurs prouvé à quel point il est facile de retrouver les utilisateurs de l’enceinte connectée en se rendant par surprise au domicile ou sur le lieu de travail de certains.

Lire aussi : “Les assistants vocaux des GAFAM menacent notre vie privée”

Des conversations privées enregistrées par erreur

Parmi les 1 000 enregistrements auxquels les journalistes ont eu accès, 153 ont été déclenchés par erreur, sans que les utilisateurs n’aient cherché à activer l’assistant vocal.

Il s’agit de conversations tantôt professionnelles, tantôt intimes. On peut y entendre des réunions, des babillages d’enfants, des disputes ou ébats de couple, et même l’agression physique d’une femme par son compagnon.

Tous ces moments de vie privée sont enregistrés à l’insu des utilisateurs, qui révèlent parfois des informations sensibles comme leur situation médicale ou un dossier confidentiel au travail.

L’entreprise américaine affirme pourtant que Google Home ne se met à enregistrer qu’une fois le mot “OK Google” prononcé. Mais l’enquête montre qu’un mot qui y ressemble vaguement suffit parfois à déclencher l’enregistrement.

Le géant américain sur la défensive

Dès le lendemain de la publication de l’enquête, Google a réagi à ces fuites dans un article visant à rassurer les utilisateurs sur la protection de leurs données personnelles, mais reconnaissant l’existence de ces écoutes.

L’entreprise explique faire appel à des sous-traitants experts en langues, dans le but d’améliorer le système d’intelligence artificielle de Google Home : “C’est une partie importante du développement des technologies vocales, et ce travail est nécessaire pour créer des produits comme l’Assistant Google.”

Une justification qui n’est pas en accord avec le Règlement Général sur la Protection des Données, qui requiert d’informer les utilisateurs de l’usage de leurs données (dans quel but, par qui…).

Or, dans les conditions générales d’utilisation de Google Home, il n’est jamais précisé que les enregistrements sont susceptibles d’être écoutés par Google ou ses sous-traitants pour entraîner l’algorithme.

Selon le géant américain, seuls 0,2 % des enregistrements audios sont écoutés par des employés, mais impossible de savoir quels utilisateurs seront concernés. À bon entendeur…

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