Partager la publication "Guerre en Ukraine : l’environnement, victime collatérale du conflit"
Depuis le début de l’offensive militaire en Ukraine le 24 février, l’ONU estime à 13-14.000 personnes tuées. Dont un peu plus de 3.300 civils. Mais, outre le – toujours trop lourd – bilan humain, cette guerre en Ukraine aura aussi un lourd impact sur l’environnement. Risques de contamination nucléaire, pollution des sols et des eaux par les munitions, émissions de gaz à effet de serre qui montent en flèche à cause des déplacements de blindés et des avions qui survolent le pays… la liste et longue et inquiétante.
“L’Est de l’Ukraine regorge de sites industriels comme les usines du secteur métallurgique et de l’industrie chimique, des centrales électriques ou encore des mines délabrées, explique au site Grist Richard Pearshouse, responsable Crise et environnement chez Amnesty International. Les combats autour de ces sites risquent de générer une pollution toxique extrême. Avec de graves impacts sur la santé, aggravant la crise humanitaire déjà horrible pour les populations locales.”
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La production agricole du pays – notamment localisée à l’Est de l’Ukraine – souffre elle aussi. Le pays, connu pour être le “grenier à blé de l’Europe”, exporte environ 40 % de sa production de blé et de maïs. Parmi ses principaux clients, des pays comme l’Egypte, l’Indonésie, les Philippines, la Turquie ou encore la Tunisie.
C’était le cinquième plus gros exportateur de blé au monde en 2019, selon l’OEC (Observatory of Economic Complexity). La guerre pourrait donc avoir pour conséquences des pénuries alimentaires et une hausse du cours du blé au niveau mondial. D’autant plus que la Russie, elle aussi très gros exportateur de céréales, passe également par les ports de la mer Noire. Elle C’est par là que passent ses cargaisons de blé, maïs, colza, graines de tournesol ou encore d’huile de tournesol.
“C’est la première fois qu’il y a une guerre dans un pays avec autant de centrales nucléaires“, a souligné Olivier Gupta, président de l’Association des autorités de sûreté nucléaire des pays d’Europe de l’Ouest (WENRA), au journal Les Echos. Sur les quatre centrales nucléaires ukrainiennes, la première à tomber aux mains des Russes fût celle de Tchernobyl, le 24 février dernier. L’alimentation en électricité des bâtiments avait été totalement coupée, provoquant une inquiétude. L’absence de refroidissement des zones endommagées par la funeste explosion de 1986 avait de quoi alarmer. [Pour comprendre les enjeux, il peut être utile de regarder ce documentaire disponible sur ArteTV]. Ce n’est que ce dimanche 13 mars que l’agence nucléaire ukrainienne Energoatom a annoncé avoir rétabli l’alimentation électrique.
Mais les Russes se sont aussi emparés, le 4 mars 2022, d’une autre centrale nucléaire, Zaporojie. Plus grande centrale nucléaire d’Europe (6.000 mégawatts) et pleinement en activité, elle avait été bombardée lors de l’assaut et un incendie s’était déclaré. Des chars russes avaient tiré sur les bâtiments, ce qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses :
Pour l’heure, le géant du nucléaire russe, Rosatom, dialogue étroitement avec la direction de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) pour l’informer de l’état de santé des centrales nucléaires occupées. L’AIEA indique que deux des quatre sources d’alimentation électrique externes de Zaporojie ont été “endommagées”. Mais elle précise que des générateurs sont prêts, si nécessaire. Reste que la Russie pourrait vouloir s’emparer d’une troisième centrale pour mettre encore un peu plus la main sur la production d’électricité du pays. Celle de Konstantinovka, située dans le sud du pays, serait en ligne de mire.
A long terme, le risque de pollution des sols est, lui aussi, bien réel. Comme les munitions de chasse, les armes de guerre (obus, mortiers, grenades, roquettes, bombes, munitions…) contiennent des composants toxiques. Des éléments dont les impacts écotoxicologiques sont majeurs, des années après la fin des combats. Le plomb est le premier polluant dans ce cas de figure mais il n’est pas le seul. Mercure, cuivre, Zinc, antimoine, arsenic… autant de métaux lourds qui vont déstabiliser la biodiversité pendant plusieurs décennies.
On a pu le constater en France, à Verdun et ailleurs, après la Première Guerre mondiale. Durant ce conflit, on estime qu’un milliard d’engins d’artillerie classique et autant d’artillerie de tranchée ont été tirés sur le front occidental. En 2022, des sols à la frontière franco-allemande ou franco-belge restent encore inexploitables, car trop pollués. Sans compter les armements non explosés qui représentent encore aujourd’hui un danger. Quoi qu’il se passe ces prochaines semaines et mois, cette guerre est appelée à durer, d’un point de vue environnemental du moins.
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