Partager la publication "Haro sur l’empreinte carbone colossale des milliardaires français"
63 milliardaires français polluent autant que la moitié de la population. Tel est le constat dressé dans un rapport publié par Greenpeace France et Oxfam France. Les deux ONG ont calculé l’empreinte carbone des personnes (et familles) les plus riches du pays en se basant sur les actifs financiers qu’ils possèdent dans leur “principale entreprise”. “Nous avons attribué à chaque milliardaire une partie de l’empreinte carbone de l’entreprise dans laquelle il détient le plus de parts, détaille le rapport.
“Avec au moins 152 millions de tonnes de CO2 en une année, le patrimoine financier de 63 milliardaires français émet autant que celui de 49,4 % des ménages français.” Partant de cette estimation, les deux ONG préconisent la création d’un Impôt sur la fortune (ISF) climatique. Mais aussi “la mise en place d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) contraignants pour les grandes entreprises, une taxation accrue des dividendes et une interdiction de verser des dividendes climaticides.”
Parmi les 63 milliardaires pointés du doigt, les trois premiers sont évidemment sous le feux des projecteurs. La famille Mulliez, qui détient le groupe Auchan, Boulanger, Decathlon, Flunch, Kiabi, etc., prend la première place du podium. Suivie de la famille de Rodolphe Saadé (CMA CGM) et de celle d’Emmanuel Besnier (Lactalis). Leur empreinte carbone est équivalente à 23,4 % de la population française.
A noter que le rapport établit que, en moyenne, l’empreinte carbone du patrimoine financier d’un milliardaire français s’élève à 2,4 millions d’équivalent tonnes de CO2 contre 10,7 d’équivalent tonnes de CO2 pour un français moyen. Qui plus est, le fossé est vertigineux mais il pourrait l’être encore plus. Le rapport explique que les estimations ne sont que partielles car les entreprises ne sont pas totalement transparentes dans leurs émissions de CO2. Et que les milliardaires ne dévoilent pas en détail leur portefeuille d’actions.
Le rapport pointe du doigt qu’à l’heure actuelle, la fiscalité ne reflète l’urgence écologique et climatique que via une taxe à la consommation régressive, et donc appliqué de manière uniforme à l’ensemble des ménages. Conséquence : les ménages les moins aisés sont davantage touchés par cette taxe que les plus aisés. Greenpeace France et Oxfam préconisent “l’instauration d’un ISF climatique dès 2022”.
Le principe serait le suivant : “Il s’agit d’inclure dans le calcul de l’impôt des plus fortunés un malus assis sur l’empreinte carbone de leurs avoirs financiers. Il faudrait donc restaurer un ISF ‘stable’, débarrassé des nombreuses failles et dérogations qui minaient auparavant sa portée (en revoyant l’exonération des bien dits ‘professionnels’ et en réformant le plafond d’imposition maximal), tout en lui adjoignant une composante carbone ‘variable’ indexée sur l’empreinte carbone du patrimoine financier (actions, obligations, assurances-vie, etc.).” Cela passerait par la création d’une autorité de contrôle publique indépendante qui serait chargée de certifier le bilan carbone des acteurs économiques.
En outre, les deux ONG proposent des mesures complémentaires, comme le fait de, en cas de non-respect des objectifs de décarbonation de leurs activités, les dividendes versés aux actionnaires seraient significativement surtaxés, voire tout bonnement interdits. Autant de pistes de réflexion pour les candidats à la présidentielle 2022.
>> Découvrir le rapport empreinte carbone Greenpeace France & Oxfam en détail
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