Interdiction des panneaux publicitaires à Grenoble : une première européenne

« Libérer l’espace public de l’affichage publicitaire. » Inscrite dans le programme municipal d’Eric Piolle, élu en mars dernier à Grenoble – sous la bannière du Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes -, cette intention sera bientôt concrétisée.  C’est ce qu’a annoncé la ville dimanche 23 novembre, précisant que le démantèlement des panneaux publicitaires à Grenoble débuterait en janvier prochain.

Cette mesure sera rendue possible par l’arrivée à échéance, le 31 décembre 2014, du contrat qui lie la ville de Grenoble à JC Decaux, numéro un mondial de la communication extérieure.  Au lieu de lancer un nouvel appel d’offres pour la gestion des espaces publicitaires, la municipalité demandera à JC Decaux de démanteler les 326 panneaux, 20 colonnes et 64 grands panneaux disséminés dans la ville. 2051 mètres carrés d’espaces publicitaires sont concernés. À noter que les arrêts de tramway et de bus, pour lesquels un contrat avec JC Decaux est en vigueur jusqu’en 2019, échapperont à la mesure.

Expression citoyenne

Dès janvier 2015, une partie des ces espaces aujourd’hui dédiés à la réclame sera remplacée par 30 à 50 arbres. Par la suite, l’expression d’opinion (citoyenne, politique, syndicale), les communiqués d’association et l’expression culturelle seront développées sur certains des supports libérés par JC Decaux. L’objectif de la municipalité : « embellir la cité, de développer l’expression citoyenne, de redonner de la place à la nature, de privilégier le commerce en ville et de protéger les jeunes générations ». Une concertation citoyenne sera menée afin de préciser les contours de cette nouvelle gestion des anciens espaces publicitaires.

Cette décision ne sera pas sans conséquences pour la ville, qui cessera de percevoir la redevance annuelle que lui versait jusqu’ici JC Decaux. Un manque à gagner, certes, mais qui doit être relativisé : si cette redevance s’élève aujourd’hui à 600 000 euros par an à Grenoble, la renégociation des prestations portant sur l’affichage urbain la réduirait à 150 000 euros pour les années à venir. En cause, la baisse des recettes publicitaires, en raison de la concurrence d’Internet.

Forcalquier, pionnière du zéro-pub

Si Grenoble est la première grande ville d’Europe à s’engager dans une telle démarche, elle n’est pas la première commune française à bannir la pub dans ses rues. Depuis 2009, les 5 000 habitants de la ville de Forcalquier (Alpes de Haute-Provence) vivent libérés de la « pollution visuelle » engendrée par la « publicité intempestive », se félicite son maire Christophe Castaner (PS). Pour l’anecdote, la publicité s’était même immiscée au sein dans un jardin privatif. L’élu raconte avec humour: « un locataire d’HLM  avait détérioré la haie de ce jardin, afin de permettre l’installation d’un panneau publicitaire qu’il sous-louait à une entreprise de communication extérieure. »

C’est une action d’un collectif anti-pub, datant de mai 2009, approuvée par les habitants, qui a convaincu l’élu d’affranchir sa commune des panneaux : « Forcalquier est une jolie ville. Pour l’embellir il faut en respecter l’écrin. »  Un arrêté municipal précise les contours de cette réglementation de l’affichage dit « libre et associatif ». Les affiches doivent être d’un format maximum de A2 (420 cm x 594 cm). Aujourd’hui considérée comme « un acquis », cette mesure a permis, raconte le maire, « une réappropriation de la communication publique » : 18 panneaux publicitaires, un par quartier de la ville, sont devenus le support de la libre expression locale.

Thomas Masson
Journaliste We Demain
Twitter : @Alter_Egaux
 

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