Partager la publication "Jeunes, entreprenez… et plantez-vous, ça vous apprendra la vie !"
C’est en tout cas ce que je me suis dit pour me rassurer à 26 ans quand je déposais le bilan de ma première entreprise, Lucyf’Hair (conception de bijoux pour cheveux). Mais je n’avais pas imaginé la suite : une procédure collective difficile à vivre, un commissaire priseur qui a estimé les actifs de ma société à 3 500 € (alors que la valeur d’achat de l’ensemble des actifs était plutôt de l’ordre de 120 000 €), un liquidateur qui m’a mené la vie dure, une banque qui m’a fait un procès pour le remboursement d’une caution sur laquelle nous n’étions pas d’accord et ma copine qui m’a largué.
Faut-il pour autant cesser d’entreprendre, par peur de l’échec ? Bien sûr que non. Alors tenez-vous le pour dit : jeunes, lancez-vous, entreprenez… et plantez-vous, car c’est ainsi que vous finirez par réussir !
La culture de l’excellence
A 21 ans, je n’y avais été que très peu confronté. Oui, j’avais raté mon permis moto à 18 ans. Mais mon parcours scolaire était plutôt réussi avec mon entrée à EMLyon. Quand on réussit à intégrer une telle école, on ne peut que réussir son ambitieuse start-up, non ?
Au contraire, dans les pays anglo-saxons, la posture face à l’échec est beaucoup plus nuancée. Il est davantage considéré comme un vecteur d’apprentissage, une étape presque nécessaire avant la réussite, une sorte de brouillon avant le chef-d’œuvre escompté.
J’ai passé quelques mois à New York pour tenter d’y implanter ma nouvelle startup (Tilkee). Même si cela s’est soldé par un échec (concurrence exacerbée, normes sur le tracking différentes par rapport à l’Europe, frais de développement très élevés…), j’y ai découvert que les investisseurs valorisaient énormément les expériences ratées. Surtout quand l’entrepreneur avait appris de ses erreurs (et gagné en humilité).
Et finalement, c’est une vision bien plus rationnelle : un virtuose n’a-t-il pas commencé par faire des fausses notes ? Pourquoi alors attendre du jeune entrepreneur davantage que des autres ?
L’entrepreneur et l’échec
Le corollaire, c’est que les difficultés, elles aussi, peuvent arriver très rapidement, tout comme les erreurs pouvant être fatales à l’entreprise. C’est là qu’il faut être capable de prendre du recul et d’analyser son échec. Comprendre pourquoi, où et comment on a été mauvais, cela permet de ne pas refaire les mêmes erreurs par la suite.
Quand on se plante, on ne peut pas trop se cacher. Ce n’est pas la faute des autres. C’est à 99 % de sa faute et des mauvais choix qui ont été faits. Il est alors indispensable de les comprendre.
Alors qu’une réussite est difficilement reproductible, c’est très facile de reproduire des erreurs. Et le résultat est toujours le même…
Savoir dire stop
N’oubliez pas que vos salariés et fournisseurs d’hier seront peut-être vos premiers clients demain… Il est important d’être naïf pour renverser des montagnes mais il ne faut pas non plus se voiler la face et créer une cascade d’impayés. Si vous allez avoir tendance à l’oublier, vos fournisseurs, eux, ne l’oublieront pas.
Le droit à l’erreur
C’est un peu comme quand le prof d’anglais nous reprenait dès qu’on faisait une petite faute à l’oral. Ensuite, plus personne ne prenait la parole en classe. Du coup, en France, on n’est pas super bon en anglais. Pourtant, en vivant à l’étranger, on se rend compte que l’essentiel est de communiquer et de se faire comprendre.
Alors, jeunes candidats à l’entrepreneuriat ou à l’intrapreneuriat, ayez en conscience : un échec ne signifie pas nécessairement la fin du monde. Souvent, même, les entrepreneurs qui ont lamentablement échoué connaissant de belles réussites par la suite. En grande partie grâce aux leçons qu’ils ont pu tirer de leurs erreurs !
Sylvain Tillon.