Jeux vidéo, théâtre… Le monde de la culture fait sa transition numérique

Le jeu vidéo est “un art comme les autres”. Saluée par les gamers, la phrase de la ministre de la Culture prononcée il y a plusieurs semaines suscite l’espoir parmi tous ceux qui cherchent à innover dans le secteur culturel.
 
Femme de lettres et directrice d’une prestigieuse maison d’édition, Françoise Nyssen était pourtant inconnue du grand public lorsqu’elle fut nommée ministre de la Culture en mai.
 
En 2008, Hubert Nyssen, fondateur d’Actes Sud, affirmait que la célèbre maison d’édition “a joué un grand rôle, en montrant que la littérature n’était pas française mais internationale… En amenant de la littérature étrangère en train de se faire, on a donné aux auteurs français une forme de liberté et d’ouverture”.
 
Or, ceux qui connaissent sa fille, qui a repris les rênes de la maison arlésienne avec son mari Jean-Paul Capitani, savent qu’elle saura rendre hommage à ces positions antidogmatiques et ambitieuses. La nouvelle ministre devrait en effet défendre une vision de la culture ouverte sur le monde tout en étant consciente des richesses françaises.

Un marché en forte hausse

Pour preuve, ses récentes déclarations au sujet des jeux vidéo, qui ont été saluées par les principaux organismes de promotion et de défense des intérêts de l’industrie en France.
 
“C’est un art comme les autres, ça fait partie de la culture et nous y sommes très attachés”, s’enthousiasmait la ministre un mois après le relèvement du crédit d’impôt jeu vidéo de 20 % à 30 % des dépenses, une façon de soutenir l’industrie française face à la concurrence fiscale du Royaume-Uni et le Québec.

Plus exactement, c’est 33 millions de Français qui s’adonnent, plus ou moins régulièrement, aux “logiciels de loisirs” par le biais des consoles de jeu (63 % du marché), d’ordinateurs (29 %) ou encore de mobile (9 %).
 
Un public important, donc, que touchent des œuvres françaises au fort potentiel artistique tel qu’Alone in the Dark, Beyond Good & Evil ou encore Heavy Rain, dont l’expérience est fréquemment comparée à l’impact émotionnel d’un film.

Culture: la nouvelle vague sera numérique ou ne sera pas

Mais la “numérisation” de la culture ne concerne pas uniquement les jeux vidéos. Les exemples sont de plus en plus nombreux et variés. À l’image d’Opsis TV, jeune startup créée en 2016, qui se propose d’offrir à tous l’opportunité de “découvrir le théâtre autrement”. Sa plateforme de streaming offre un répertoire théâtral riche et diversifié : classique, contemporain, comédie, musical, jeunesse…
 
Surnommée la “Netflix du théâtre”, Opsis TV s’est vue octroyer le Prix Audiens de l’initiative numérique 2017, qui récompense et promeut des projets numériques au service de la culture, de la communication et des médias développés par des créateurs d’entreprise, startups, associations ou étudiants.

Le fond de protection sociale soutient également l’innovation à travers sa “Nurserie” (dispositif d’accompagnement des jeunes entrepreneurs dans leur phase d’amorçage), son réseau Culture et Innovation (passerelle entre les acteurs traditionnelles de la culture et les nouveaux acteurs du numérique) ainsi que l’organisation de nombreux colloques sur les métiers de l’audiovisuel et de la presse.
 
Par ces initiatives, le groupe met son expertise “au service de tous ceux qui contribuent au rayonnement de la culture”, souligne Eric Breux, directeur du pôle Entreprises et institutions d’Audiens.
 
Signe du dynamisme du secteur, une nouvelle édition du prix Think Culture, mettant en avant les startups qui évoluent dans le monde du spectacle, s’est tenue le 5 septembre dernier. Cette année, Delight a reçu le prix Innovation numérique pour son travail pour les salles de spectacle. La startup se propose en effet de permettre aux producteurs de tirer parti du Big Data pour concevoir, déclencher et suivre des campagnes marketing leur permettant d’attirer des nouveaux publics.

Anissa Hégly, consultante en ingénierie culturelle et passionnée de jeux vidéos.

Anissa Hélgy est diplômée en Histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre et consultante freelance en ingénierie culturelle. Elle se passionne pour le lien entre culture et numérique ainsi que les arts arabo-berbères.
 

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