Partager la publication "L’État de droit, arme des démocraties face à l’islamisme"
En France, l’état d’urgence est toujours en vigueur, prorogé le 6 juillet par le Parlement pour la 6e fois, avant, peut-être, que le projet de loi antiterroriste actuellement en débat ne fasse entrer certaines dispositions du régime d’exception dans le droit commun.
La lutte contre le terrorisme, selon l’ancien préfet de région André Viau, nous amène à nous questionner en profondeur sur la notion d’État de droit.
S’agit-il d’une guerre ?
Rien de tel en ce qui concerne le terrorisme : l’ennemi n’est identifié qu’au terme d’une enquête ou lorsqu’il revendique son acte ; contrairement aux Etats belligérants il n’a pas de caractère institutionnel, ni aucun représentant légitime avec qui négocier la fin du conflit. Les guerres, si longues soient elles, ont une fin, par la défaite d’un des belligérants ou par la recherche d’un consensus de paix. Mais en ce qui concerne le terrorisme, peut-on vraiment négocier avec une organisation criminelle ? Le combat où nous sommes engagés aura-t-il une fin? Est-il un affrontement de type nouveau ou un simple cas particulier de la répression de la criminalité ?
On s’indigne à juste titre du statut des prisonniers de Guantanamo mais comment traiter des individus que l’on ne veut pas considérer comme des prisonniers de guerre, protégés par des conventions internationales, ni comme des prisonniers de droit commun, et soumis aux règles de la justice ordinaire ? Ne tranchons pas ces difficiles problèmes mais il faut avoir en tête les questions fondamentales qu’ils entrainent. En particulier la question de l’Etat de droit.
“Il y a des juges à Berlin”
Que l’Etat se soumette aux règles de droit qu’il a lui-même établi, voilà ce miracle qui fonde nos sociétés politiques ! Voilà l’Etat de droit. L’affirmation de ce principe passe à raison pour un acquis majeur dans l’organisation de nos sociétés modernes. Nos institutions ont construit peu à peu des dispositifs juridiques qui encadrent l’action des pouvoirs publics, les maintiennent dans le cadre défini par nos lois et les sanctionnent si elles s’en écartent.
L’autorité judiciaire y trouve une de ses toutes premières vocations. C’est ainsi que les libertés publiques – droit d’aller et venir, liberté de conscience, liberté d’expression, secret des correspondances, droit de se réunir, de manifester, etc – sont garanties par ce même Etat. Il en accepte l’exercice, même si elles gênent son action.
Pour mener la combat contre le terrorisme, rien n’empêche nos démocraties occidentales, respectueuses de leurs valeurs et de l’Etat de droit, de prendre des mesures restrictives des libertés, sous réserve qu’elles soient efficaces, proportionnées et que leur application soit soumise, dans des conditions qui n’entravent pas leur efficacité, au contrôle du juge. Opposer l’état de droit à l’état d’urgence est un contre sens dont il faut se débarrasser. Cela ne nous dispense pas d’être très attentifs à l’application de ces principes qui peut connaître d’importantes dérives.
Nommer l’ennemi
Le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau en Occident : nous avons connu le terrorisme des nihilistes, le terrorisme idéologique (allemand, italien notamment), le terrorisme identitaire, anti colonial ou nationaliste, et maintenant le terrorisme islamiste. Il est bien clair que leurs buts, leurs méthodes, leur dangerosité sont très différents et partant les moyens pour les combattre. Une chose est sûre : le succès dépendra de notre courage.
Être courageux
Ancien préfet de région, il fut directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Intérieur (2006/2007), conseiller au cabinet du Premier Ministre (2002/2004) et directeur de cabinet du ministre de la Défense (2007/2009). Il est gérant d’Ares Audit depuis 2016.
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