Partager la publication "La baisse des émissions de CO2 liée au confinement n’aura pas d’effet à long terme"
Nous vous l’écrivions début avril : après seulement un mois de confinement, l’empreinte carbone des Français avait baissé de 62 %. Au niveau mondial, le confinement, la forte diminution des transports, le système économique mis sur pause… Autant de facteurs qui ont eu comme conséquence de faire chuter les émissions de gaz à effet de serre, parfois de manière très notable comme à Wuhan, en Chine, foyer de l’épidémie. Une chute qui devrait continuer et atteindre les 8 % sur l’année 2020.
Moins d’émissions de gaz à effet de serre, voilà qui ressemble à une vraie bonne nouvelle ! Pourtant, selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change le 6 août dernier, cette diminution ne devrait rien changer et n’aura probablement aucun effet à long terme sur le climat.
À lire aussi : Pourquoi l’épidémie est une fausse bonne nouvelle pour la planète
Une diminution temporaire
Les auteurs de l’étude se sont concentrés sur dix gaz à effet de serre et sur la façon dont ils avaient été affectés par la pandémie de coronavirus, de février à juin 2020, dans 120 pays. Un des changements marquant concerne le CO2 et les oxydes d’azote, qui ont diminué de 10 à 30 % par rapport à 2019. Ne nous réjouissons pas trop vite, préviennent les chercheurs : en l’absence d’un changement profond de système, ces diminutions ne servirons à “rien”.
Pour rappel, l’Accord de Paris sur le climat vise à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Un objectif ambitieux mais qui semble de plus en plus difficile à respecter, alors que la planète aurait déjà gagné +1°C , rappellent les scientifiques. Le ralentissement du trafic aérien et de la production énergique suite au Covid-19 ne permettrait d’économiser que 0,01 °C d’ici 2030…
“Le confinement a prouvé que nous pouvons changer, et vite, mais il a aussi montré les limites des changements comportementaux”, a commenté Piers Forster, co-auteur de l’étude et directeur du Centre international pour le climat Priestley à l’université britannique de Leeds. “Sans un changement structurel, nous n’y arriverons pas”, relève l’Express qui cite l’AFP.
Même si les promesses de réduction des émissions faites par les États sont respectées, le réchauffement devrait atteindre les +3°C selon les prévisions. Il faudrait “réduire les émissions de CO2 de 7,6 % par an chaque année entre 2020 et 2030” pour espérer atteindre l’objectif fixé en 2015, souligne l’ONU. C’est-à-dire une chute similaire à celle de cette année, tous les ans, et qui soit voulue et non une conséquence d’une pandémie mondiale.
Repenser notre production énergétique et alimentaire
Une seule solution pour les chercheurs : passer par une relance verte. “Avec une reprise économique orientée vers une stimulation verte et une réduction des investissements dans les énergies fossiles, il est possible d’éviter un réchauffement futur de 0,3°C d’ici 2050”, précise l’étude. Ce scénario pourrait permettre “de maintenir le changement de la température globale pré-industrielle dans la limite des 1,5°C”.
Les auteurs de l’étude insistent sur le fait que “même les changements de comportement massifs ne conduisent qu’à de modestes réductions du taux de réchauffement”. En revanche, “les choix d’investissements économiques pour la reprise affecteront fortement la trajectoire de réchauffement d’ici le milieu du siècle”.
Une note d’espoir : pour les scientifiques, il est encore possible d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris si des efforts importants sont mis en place.“Poursuivre une reprise de relance verte après la crise économique post-COVID-19 peut mettre le monde sur la bonne voie pour garder à portée de vue l’objectif de température à long terme de l’Accord de Paris.”