Partager la publication "La COP29 a trouvé un accord financier pour 300 milliards par an"
À Bakou, capitale d’Azerbaïdjan, où se tenait la COP29, l’Europe et les autres pays industrialisés n’ont pas été en mesure de fournir aux plus pauvres et aux plus vulnérables les ressources nécessaires pour surmonter la crise climatique. Loin d’un financement de 1 000 milliards de dollars par an espéré, l’accord trouvé par les 197 pays présents ne promet “que” 300 milliards annuels jusqu’en 2035. C’est encore trop peu pour les aider à se sevrer réellement du charbon, du pétrole et du gaz.
Un accord mitigé, mais qui n’est rien en regard du fait que la COP29 n’a pas été en mesure de fournir une feuille de route claire de “transition hors des énergies fossiles” en rebond de l’annonce faite à Dubaï en 2023 lors de la COP28. Le risque est que ce désengagement des énergies les plus polluantes ne restent donc qu’un vœu pieux. Surtout qu’il y a un risque que la COP30, à nouveau organisée en 2025 dans un des principaux pays producteurs de pétrole de la planète, le Brésil, ne bute à nouveau sur cette question.
Le secrétaire général de l’ONU déçu du “manque d’ambition” de l’accord de la COP29
Les conclusions du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, sont sans appel. Sur X, il explique qu’il “espérait un résultat plus ambitieux – aussi bien sur le plan du financement que celui de l’atténuation – pour répondre à l’ampleur du grand défi auquel nous sommes confrontés. Mais l’accord conclu fournit une base sur laquelle s’appuyer. Il doit être honoré dans son intégralité et dans les délais. J’appelle les gouvernements à le faire, de toute urgence.”
Reaching an agreement at #COP29 was essential to keep the 1.5°C global warming limit alive.
— António Guterres (@antonioguterres) November 23, 2024
I had hoped for a more ambitious outcome – on both finance & mitigation – to meet the scale of the great challenge we face, but the agreement reached provides a base on which to build.…
300 milliards au lieu de 1 000 milliards
Dans l’idéal, il aurait fallu un financement annuel de 1 300 milliards de dollars. Le montant minimum de 1 000 milliards a lui aussi été posé sur la table. Un chiffre choisi au doigt mouillé ? Loin de là, ONG et scientifiques s’accordent pour dire que ce montant est nécessaire pour décarboner les économies des pays en voie de développement et répondre avec des moyens adéquats aux catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et dévastatrices. Il se divise ainsi : 400 milliards pour les pertes et dommages, 300 milliards pour l’adaptation et 300 pour l’atténuation.
À cela s’ajoute une nuance de taille : ce financement de la part des pays industrialisés doit prendre la forme d'”équivalent-subvention”. L’aide reçue jusqu’à présent était le plus souvent bien en dessous des engagements pris et accordée fréquemment sous la forme de prêts (69 % en 2022). Autrement, on risque d’aggraver encore la crise de la dette des pays pauvres et vulnérables.
Comment financer ces aides ? Des solutions suggérées pendant la COP29
Pour les pays industrialisés, se pose la question du financement de ces subventions. Lors des discussions de la conférence pour le climat, les solutions proposées sont la suppression progressive des subventions aux énergies fossiles et la taxation des activités à fort impact climatique. Ce n’est qu’avec des politiques climatiques ambitieuses que nous pourrions être capables de garantir une réduction des émissions liées au changement climatique d’au moins 7,5 % par an au cours de la prochaine décennie.
Sans cet effort net et d’ampleur, la poursuite des politiques actuelles nous conduira à une “augmentation catastrophique de la température pouvant atteindre 3,1 °C”, rappelle le Rapport PNUE 2024 sur l’écart des émissions.
Concernant l’Union européenne en particulier, une réduction de 8,3 % des émissions a été enregistrée en 2023 par rapport à 2022 grâce aux énergies renouvelables et à l’amélioration de l’efficacité énergétique. Mais des politiques climatiques d’ampleur sont également nécessaires dans les pays en développement. Le rôle que la finance climatique est appelée à jouer dans les années à venir est donc crucial.
Quelques raisons de se réjouir de la COP29 malgré tout
Même si cette conclusion de la COP29 est très limitée, quelques décisions annoncées au cours de la conférence pour le climat donnent des raisons de se réjouir. Ainsi, le Mexique a entériné un objectif “zéro émission nette” d’ici à 2050 lors d’une conférence de presse. Jose Luis Samaniego, représentant du ministère de l’Environnement mexicain envoyé à Bakou, a confirmé que son pays était prêt à sauter le pas. C’était le dernier État du G20 à ne pas encore avoir pris cet engagement. Il ne reste désormais plus qu’un pays à ne pas suivre cette voie parmi les 15 nations les plus émettrices de gaz à effet de serre dans le monde. Il s’agit de l’Iran.
Pour tenir sa promesse, Le pays prévoit notamment de :
- Augmenter sa production d’énergie propre à 40 GW d’ici 2030
- Réduire ses émissions de carbone fossiles de 51 % à 70 % d’ici 2030
- Mettre en œuvre des stratégies de transition écologique dans divers domaines. Comme la préservation des écosystèmes naturels, la sécurité alimentaire et des infrastructures plus vertes
Centraliser le marché carbone et lutter contre la désinformation climatique
Une autre bonne nouvelle, c’est l’adoption de l’article 6 de l’Accord de Paris sur les marchés carbone. La COP29 veut autoriser et standardiser les échanges mondiaux de crédits carbone. Cela se fera via un marché centralisé sous l’égide des Nations unies. Cette décision finalise un aspect central de la mise en œuvre de la COP15. Elle devrait faciliter la réduction des émissions à l’échelle mondiale en permettant à certains pays en voie de développement de financer en partie leur transition écologique.
En outre, en préparation de la COP30 au Brésil, une initiative mondiale pour l’intégrité de l’information sur le changement climatique a été lancée. Plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et la Suède, ont déjà confirmé leur participation à cet effort conjoint de lutte contre la désinformation climatique. Une nécessité car les effets délétères sont bien présents. En 2023, selon Statista, seuls 57 % des Français pensaient que le changement climatique était réel et qu’il était principalement dû à l’activité humaine.
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