Partager la publication "La meilleure façon de devenir écolo ? “Faites un enfant !”"
La natalité est au plus bas en France depuis 1945, du fait de la crise sanitaire. Des jeunes renoncent aussi à la parentalité pour des raisons écologiques. Faut-il vraiment arrêter de faire des enfants ? Nous avons posé la question à Valère Corréard, directeur du média ID L’Info Durable et co-auteur avec Mathilde Golla de Un bébé pour tout changer, 9 mois pour réussir sa transition écologique (Editions Marabout). Il l’affirme : l’arrivée d’un enfant est l’une des meilleures occasions de transformer son mode de vie.
WE DEMAIN : Arrêter de faire des bébés est-il une bonne réponse à la crise écologique ?
Valère Corréard : Est-ce que l’écologie, c’est l’extinction de notre espèce ? Est-ce que c’est renoncer à l’un des actes les plus fondateurs et naturels de l’existence humaine ? C’est la question philosophique que posent les mouvements No kids. Ils sont utiles parce que saisissants. La radicalité a cette vertu d’interpeler. Mais je crois que c’est un discours difficilement audible, particulièrement pour ceux qui ne sont pas encore en transition écologique, soit la majorité des gens. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que la crise écologique pèse pour l’heure sur la natalité.
Ce qui est vrai, c’est qu’on est dans une période qui peut paraître de plus en plus anxiogène. Mais, justement, avoir un enfant ramène les pieds sur terre ! C’est ce que j’ai vécu en étant père à 19 ans, grand-père à 40 ans. Et ce que confirment les études et entretiens que nous avons menés. L’arrivée d’un bébé, ça ancre, ça remet les idées en place !
A lire aussi : “La raison pour laquelle je ne veux pas d’enfant ? Nous sommes trop nombreux”
Dans votre livre, vous dîtes même que la parentalité est le meilleur levier de changement écologique, que les parents sont bien placés pour préparer le monde d’après ?
Oui, attention, ça dépend bien sûr des conditions dans lesquelles on a un enfant. Si on est une famille monoparentale, si on a des soucis de santé, de précarité, c’est plus compliqué. Mais dans des situations assez confortables, la parentalité est un levier psychologique, car elle est en soi une transition : on se met en mouvement entre un point A et un point B. L’occasion d’évoluer sur d’autres sujets. Ensuite, côté pratico-pratique, instinctivement, on va vouloir protéger d’abord la maman enceinte, puis le bébé, de toutes les agressions, pour bien respirer, toucher, boire, manger, etc. Cet instinct de protection et cette responsabilisation matchent plutôt bien avec les solutions de la transition écologique. Enfin, quand on a un enfant, c’est quand même la première fois qu’on porte un intérêt sincère à ce qui se passera au-delà de notre existence, et donc aux générations futures. Et ça, c’est fondateur !
Seulement, ce sont souvent les femmes qui font les petits-pots maison et lavent les couches… Comment éviter que cette responsabilité écologique ne devienne la charge de trop ?
J’ai conscience de ce déséquilibre, même si de plus en plus de papas s’impliquent et ont parfois un rôle ingrat, servent de tampon.. Il n’est pas toujours facile pour eux de trouver leur place. Ils ont aussi des angoisses. À ces pères, j’ai envie de dire que cela peut être une belle opportunité de faire cette transition, par conviction, par plaisir, ou pour faire des économies !
Et il ne faut pas se mettre trop la pression, on peut commencer par de petits gestes, ceux que l’on sent, dans l’alimentation, le bricolage, le choix d’une banque responsable… On peut commencer par un biberon en verre plutôt qu’en plastique. Des couches un peu clean avant de se lancer dans les couches lavables. Il faut y aller cool ! Le tout c’est de mettre un pied dans la porte. Ensuite, les enfants vont prendre le relais. Très vite, ça rentre dans leur logiciel et ce sont eux qui vous rappellent à l’ordre, qui courent si un papier tombe par terre…
A lire aussi : Noël Mamère vs Laure Noualhat : La Terre pourra-t-elle nourrir 11 milliards d’humains ?
En termes économiques, on peut épargner beaucoup ?
Oui ! C’est un sujet que j’aimerais creuser, mais je pense qu’être écolo peut permettre d’économiser au moins un salaire par an. L’important c’est vraiment toute la partie préparatoire à l’arrivée de bébé : on peut éviter d’acheter le transat qui va bercer seul le bébé, les hochets musicaux. Au début, l’enfant va s’émerveiller de tout ! Même une table à langer on peut s’en passer !
Quels sont les autres gros pièges marketing à éviter ?
D’abord tout ce qui est hypertechno. Je pense que la technologie a très peu de place à l’arrivée de l’enfant, tout ce qui est son, lumière, etc. Côté habillement aussi. À la naissance, on limite les mini-bodies qui vont durer quelques jours.
On est dans une société où l’on nous fait croire qu’avoir c’est être, que cela fait de nous de bons parents. Alors qu’il faut surtout de la disponibilité et de l’amour.
Mieux vaut aussi se préparer un peu avant le big bang de l’arrivée de l’enfant…
Vous avez raison, un ou deux mois avant l’arrivée du bébé, il est intéressant de se renseigner, sur les couches, les achats groupés, de s’inscrire sur des groupes d’échange. Parce que, quand il arrive, il y un tunnel de 2-3 mois en général, on n’a pas besoin de contraintes en plus !
On voit effectivement de plus en plus de groupes ou de magasins d’échange et de vente de jouets et vêtements d’occasion par exemple. Vous pensez qu’un mouvement est amorcé ?
Oui, c’est incroyable ! J’ai commencé à faire des lives sur Facebook pour prolonger la vie du livre. Là, il y a 550 personnes inscrites ce mercredi, et 15 000 vues sur la dernière vidéo. On est tellement sous un flot d’informations, de désinformation, d’injonctions qu’on a besoin d’échanger pour coopérer. Il y a une sorte d’intelligence collective qui redonne tout leur sens aux réseaux sociaux, précieux en cette période d’isolement et plus généralement au début de la parentalité qui est souvent une période où l’on vit un peu tourné sur le foyer.
Le prochain live facebook, “Faire grandir bébé (presque) sans plastique”, est prévu ce mercredi à 18h.
Et retrouvez aussi plus de bons plans dans le magazine Idées pratiques #1: Bébé (aussi) sera écolo
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…
À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…
Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…
Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…