Partager la publication "La protection de la biodiversité, un bon pari économique"
Quelle est la valeur d’un bébé panda, d’une forêt primaire ou de récifs coralliens ? Pour la première fois, à partir de vendredi et jusqu’au 11 septembre, la France accueille le Congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à Marseille. Et avant ce rendez-vous clé pour la biodiversité, de plus en plus d’acteurs mettent en avant sa valeur économique.
“La moitié de nos activités dépendent aujourd’hui d’une nature en bonne santé”. Tel est le message lancé par les principaux défenseurs de la biodiversité en France dans une tribune du Journal du Dimanche. Un calcul issu d’un rapport du Forum économique mondial chiffrant à 44 000 milliards de dollars les activités économiques dépendantes de la nature. Soit plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) mondial.
Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l’UICN, première signataire de cette tribune, explique à WE DEMAIN : “L’idée que la nature a un prix est contre-intuitive. Les gens pensent souvent que la préserver coûte cher. Or la déforestation par exemple a un impact social et économique considérable. On ne peut plus penser que la nature est gratuite et illimitée. Il faut une prise de conscience de sa valeur”.
Dernier exemple de cette valeur de la biodiversité : la crise mondiale de la zoonose du Covid. “Aujourd’hui, cinq à sept maladies ou variants apparaissent par an. Et ces maladies infectieuses sont en partie liées à la transformation des écosystèmes”, précise encore Maud Lelièvre.
Or, rien qu’en France, cette crise va coûter 424 milliards d’euros sur trois ans, selon le gouvernement.
Autre exemple : “Quand un insecte ou une plante disparaissent, il est possible qu’on en ait besoin vingt ou trente ans plus tard pour fabriquer des médicaments”, rappelle Maud Lelièvre.
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Le WWF vient aussi mettre en avant le poids économique de la protection de la nature. Dans son dernier rapport, publié le 19 août, l’ONG appelle d’urgence à mettre fin aux 500 milliards de “subventions publiques dommageables à la biodiversité” et à les affecter à la protection de la nature. Ce qui permettrait, selon le WWF, de créer 39 millions d’emplois verts par an. Non négligeable.
De plus en plus de collectivités locales cherchent également à intégrer la préservation de la biodiversité dans leur comptabilité. Par exemple en donnant une valeur aux arbres, comme à Orléans.
Le 11 mars 2021, l’ONU a aussi adopté un nouveau cadre statistique qui tient compte des contributions de la nature pour mesurer la prospérité économique et le bien-être humain. Reste que cette comptabilité demeure balbutiante, et ne fait pas encore l’unanimité dans le monde. “Mettre en place des standards internationaux pour calculer des bilans carbone a pris du temps. Il faut aussi un peu de temps pour diffuser des standards liés au capital naturel”, reconnaît Maud Lelièvre.
Enfin, si ces calculs à haute valeur symbolique peuvent accélérer la prise de conscience, le changement repose avant tout sur la volonté politique.
L’UICN doit ainsi voter à Marseille des motions pour que les fonds dédiés par les États à la relance post-Covid soient davantage consacrés à la protection de la nature. Ils devront aussi s’attaquer à la lutte contre les zoonoses, développer les aires protégées ou mieux coordonner la lutte en faveur de la biodiversité et du climat.
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