Partager la publication "800 millions d’oiseaux ont disparu en 40 ans en Europe et on en connaît la cause"
20 millions d’oiseaux en moins chaque année en Europe. Le réchauffement climatique est-il à l’origine de cette disparition de masse ? Selon les scientifiques du CNRS, ce serait plutôt les activités humaines, comme l’intensification de l’agriculture, qui provoquent un déclin net du nombre de volatiles en Europe depuis près d’un demi-siècle. Une vaste collaboration scientifique européenne, menée sous la tutelle du CNRS, a permis pour la première fois de quantifier l’impact direct de différentes activités humaines sur la disparition des oiseaux.
Les données analysées portent sur 37 ans, 170 espèces d’oiseaux communs. Elles sont issues de plus de 20 000 sites de suivi écologique répartis dans 28 pays d’Europe. Et le bilan chiffré a de quoi inquiéter. Dans une étude parue ce mardi 16 mai dans la revue PNAS, le CNRS explique que le nombre d’oiseaux a décliné de 25 % en 40 ans sur le continent européen. Le recul est même encore plus important – de près de 60 % – pour les espèces des milieux agricoles.
En comparant quatre critères distincts liés à l’activité humaine – l’évolution des températures, de l’urbanisation, des surfaces forestières et des pratiques agricoles –, les scientifiques ont pu établir l’élément qui a l’impact le plus important sur la disparition estimée de 800 millions de volatiles en Europe depuis 1980. Certes, les volatiles “souffrent de ce ‘cocktail’ »’ de pressions”, explique le CNRS. Mais “les recherches montrent que l’effet néfaste dominant est celui de l’intensification de l’agriculture”. En cause en priorité : “l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectares.”
Engrais et pesticides sont pointés du doigt dans la disparition des oiseaux.
Ces produits chimiques sont notamment à l’origine d’une hécatombe parmi les oiseaux insectivores. “En effet, engrais et pesticides peuvent perturber l’équilibre de toute la chaîne alimentaire d’un écosystème”, précise le CNRS.
Et d’ajouter : “L’autre pression la plus importante est celle liée à l’augmentation globale des températures, qui touche bien sûr plus durement les espèces préférant le froid, avec 40 % de déclin, mais n’épargne pas les espèces préférant le chaud, avec 18 % de déclin.”
L’étude a aussi permis de constater des disparités dans la disparition des oiseaux selon les espèces. Tandis que le nombre d’oiseaux forestiers a diminué de 18 %, ce chiffre grimpe à 28 % pour les oiseaux urbains. Il fait même un bond à 57 % pour les oiseaux des milieux agricoles. “Certaines espèces ont vu leur population chuter de manière spectaculaire : -75 % environ pour le moineau friquet, le tarier des prés et le pipit farlouse, par exemple.”
La disparition des oiseaux bouleverse en effet tout une chaîne alimentaire et le cycle de vie de la nature. Les scientifiques mettent ainsi en lumière l’importance de ces animaux dans la prédation et la régulation d’autres espèces ainsi que la dissémination des graines. Une disparition qui vient donc encore un peu plus déstabiliser les écosystèmes. Qui souffrent déjà assez.
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