Partager la publication "Le reconditionné, un marché en plein boom et qui se diversifie"
Si le smartphone reste encore, et de loin, l’appareil high-tech le plus populaire sur le marché du reconditionné, celui-ci – en plein boom – ne cesse de se diversifier. Voici, en résumé, le constat de l’étude menée par Happydemics* pour le compte du reconditionneur français YesYes en août 2022. “Dans un environnement instable – que ce soit sur le plan climatique, économique ou géopolitique –, l’économie de la seconde vie se développe de plus en plus”, analyse David Mignot, cofondateur de YesYes.
Entre 2020 et 2021, il s’est vendu 3,1 millions de smartphones reconditionnés en France, un chiffre en hausse de 20 % d’une année sur l’autre. Une belle progression mais qu’il faut mettre en perspective avec le marché du neuf. En 2021, ce sont quelque 16 millions de téléphones mobiles de première main qui ont été achetés dans l’Hexagone. La seconde main reste donc encore majoritaire mais dépasse les 15 % (16,23 %) en volume. Le marché du reconditionné des smartphones a pesé pour 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en France en 2021.
42 % des Français ont déjà acheté un produit reconditionné
Selon l’étude YesYes-Happydemics, un peu plus d’une personne sur quatre en France (42 %) a déjà acheté un produit reconditionné. 59 % d’entre elles déclarent l’avoir fait une fois et 41 % à plusieurs reprises. Parmi les individus ayant sauté le pas, 58 % se sont procurés un smartphone, 26 % un ordinateur, 25 % du petit électroménager, 19 % une console de jeux et 15 % une tablette.
Bien que de loin en tête du marché du reconditionné, la part du smartphone a reculé de 11 points entre août 2021 et août 2022. “C’est une bonne nouvelle. Ce recul est dû à la diversification des objets achetés d’occasion, notamment le petit électroménager”, explique David Mignot. Mais en matière de mobile, c’est iPhone qui domine, de loin, la seconde main. Il représente 80 % des unités vendues par YesYes, par exemple.
Le prix reste la première motivation, devant la question écologique
Pas (ou peu) d’hypocrisie dans la réponse des Français interrogés dans le cadre de l’étude : 75 % reconnaissent qu’ils ont opté pour de la seconde main en raison du prix plus attractif. Néanmoins, ce chiffre s’inscrit en recul de 8 points en 2022 par rapport à 2021. Un retrait qui s’explique par la montée en puissance de la motivation écologique pour expliquer un recours au reconditionné. 45 % des personnes interrogées ont donné cette justification parmi les motifs d’avoir opté pour de la seconde main. Un chiffre en hausse de 11 points en un an.
Et pour ceux qui n’ont pas encore sauté le pas, 29 % avouent un manque de confiance dans la qualité des produits (-8 points par rapport à 2021). Et 40 % expliquent qu’ils n’ont pas eu l’occasion mais sont intéressés. Le marché devrait donc poursuivre sa belle croissance sur les prochaines années. Surtout si les garanties et le SAV proposés sont plus fiables. 43 % indiquent que cela les ferait changer d’avis. Pour 34 %, une garantie plus longue, 29 % un accès à un point de vente et 27 % un reconditionnement réalisé en France aideraient à faire pencher la balance.
Un besoin d’être rassuré pour sauter le pas
Un accès à une boutique physique, un service après-vente digne de ce nom, une vraie garantie qui s’inscrit dans le temps, une transparence dans les réparations faites sur le produit avant sa revente… autant de critères qui ont leur importance quand les Français hésitent entre du neuf et du reconditionné. Preuve en est le léger recul des ventes via les grandes plateformes (Back Market, Amazon, Fnac, Boulanger, Darty, Rakuten, etc.), même s’ils restent en tête. Certes, 47 % des personnes interrogées ont déclaré être passées par ces grands portails. Mais ce chiffre est en retrait de 6 points en un an. Ces enseignes ne reconditionnent pas eux-mêmes les produits mais font de la mise en relation.
Les boutiques physiques spécialisées (YesYes, EasyCash, etc.) s’octroient 17 % du marché, les opérateurs 14 %, le reconditionnement en ligne spécialisé 13 % (YesYes, Certideal, Recommerce…) tout comme les hypermarchés (Carrefour, Auchan, etc., 13 % eux aussi). “Tous les smartphones que nous reconditionnons sont achetés en France puis traités dans nos ateliers qui emploient 35 personnes, détaille David Mignot. C’est la différence avec un Back Market qui ne reconditionne pas lui-même mais permet à des prestataires – situés en Chine ou ailleurs – de revendre des produits sur sa plateforme, avec des critères de qualité de réparation qui peuvent être très variables.”
Un manque de cadre législatif formel
Il n’existe en effet pas de législation très précise sur la qualité de la mise à niveau du produit d’occasion. Remplacer la batterie quand elle ne charge plus qu’à 70, 80, 90 % ? Laissé à l’appréciation du reconditionneur. Changer l’écran cassé par un nouveau, vendu 30 ou 70 euros pièces ? Au bon vouloir du reconditionneur.
Fournir ou pas un nouveau câble chargeur, avec ou sans certification par le constructeur d’origine ? Cela dépend… Ce n’est pas un hasard si la DGCCRF a déjà épinglé les deux-tiers des magasins et sites spécialisés. Avant de sauter le pas, il vaut donc mieux se renseigner… et ne pas se focaliser uniquement sur le prix.
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