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Le vote électronique, bonne ou mauvaise idée face à l’abstention ?

Votera-t-on un jour sur notre Smartphone ? Face à l’abstention record au premier tour des élections régionales, l’intérêt du vote électronique revient dans le débat. Plus de 66 % des Français ont en effet déserté les urnes le 20 juin 2021. 

Stanislas Guerini, délégué général de la République en Marche a notamment lancé sur RTL : “Il faut se donner tous les moyens pour mettre en place le vote par Internet dans le prochain quinquennat. Cela fait partie des enjeux démocratiques“. Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, a aussi posté un message en ce sens sur Twitter.

L’Estonie, pionnière du vote électronique

À première vue, la solution est simple. Exit les problèmes de procuration en cas de déplacement. Chacun pourrait s’exprimer là et quand il le souhaite. Une solution qui semble aussi pouvoir réconcilier les plus jeunes avec le vote.

Pour l’heure toutefois, un seul pays a vraiment réussi à instaurer ce vote électronique : l’Estonie. Pionnier en matière de transition numérique, le petit État balte a dématérialisé presque toutes ses démarches administratives. Nous vous en parlions dans ce reportage. Lors des dernières législatives en mars 2019, 44 % des Estoniens ont ainsi voté en ligne. 

Possible notamment car plus de 89 % de la population est connectée. Les Estoniens disposent aujourd’hui d’une carte d’identité numérique qui sert à la fois de carte de crédit, de permis de conduire, de carte vitale, et de carte d’électeur… Cette carte est à introduire chez soi dans un petit lecteur. Ensuite, via une application, le vote est validé moyennant plusieurs mots de passe pour éviter l’usurpation d’identité. 

D’autres expérimentations ont eu lieu en Norvège, en Suisse, en Irlande, aux États-Unis. Mais toutes ont été suspendues. Pour plusieurs raisons.

À lire aussi : Comment je suis devenue “e-résidente” estonienne

Problèmes de sécurité

La première est celle de la sécurité, souligne Armel Le Coz du collectif Démocratie Ouverte, qui milite pour une modernisation de nos institutions. Même en Estonie, petit pays de 1,3 million d’habitants, des risques de piratage sont souvent pointés du doigt. En France, en 2017, le vote à distance des Français de l’étranger pour les législatives a d’ailleurs été annulé en raison d’un haut risque d’attaque malveillante.

Il pourrait être rétabli en 2022, selon Guillaume Poupard, directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), interrogé par Le Monde début juin. Mais des progrès sont encore nécessaires en matière de cybersécurité pour le généraliser. Par exemple grâce à la blockchain.

Deuxième gros problème : celui de l’indépendance du vote. L’isoloir et l’enveloppe garantissent aujourd’hui le secret et la sincérité dans les urnes. Comment éviter l’influence de tiers dans la sphère privée ?

En Estonie, les électeurs peuvent modifier leur vote autant de fois qu’ils le souhaitent jusqu’à la fermeture des urnes. Un garde-fou permettant de revenir sur son choix si l’on a subi des pressions par exemple. 

À lire aussi : Abstention record : “Créons une banque de l’innovation politique”

Test lors de votes locaux

Enfin, la technologie ne saurait à elle seule remédier à la crise de représentation politique. “Ce n’est pas parce qu’on ferait le vote par Internet ou le vote par correspondance seuls qu’on réglerait les problèmes démocratiques”, reconnait lui-même Stanislas Guerini. En Estonie, l’abstention n’a pas massivement reculé jusqu’ici.

De plus, “sur de grands rendez-vous politiques, comme la présidentielle, le passage rituel par les urnes, même s’il est vécu comme un peu poussiéreux par certains, confère encore une certaine légitimité au vote par sa symbolique solennel”, souligne Armel Le Coz.

Ce dernier propose une voie intermédiaire : commencer par tester le vote en ligne lors des référendums locaux ou de votations citoyennes. 

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