Partager la publication "Les écologistes ont-ils atteint un “plafond vert” aux régionales ?"
Tous défaits. Le taux d’abstention aux élections régionales – plus de 65 % – sonne comme un désaveux pour l’ensemble de la classe politique. Mais, au-delà de cette débâcle démocratique, comment s’en sortent les écologistes ?
Europe Écologie les Verts (EELV) a certes progressé par rapport aux précédentes élections régionales. Le nombre d’élus écologistes siégeant dans les conseils régionaux doublera par rapport au précédent mandat. Une avancée qu’aucun autre parti ne peut revendiquer.
Toutefois, les scores de 2015 – à peine 8 % – avaient été très mauvais. “Les écologistes venaient de sortir du gouvernement et se déchiraient. Ce n’est pas une bonne référence”, estime Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof, et spécialiste de l’écologie politique.
Les scores des Verts ont aussi été moins bons qu’aux élections européennes et municipales. Comment expliquer ce recul ? “C’est simple : seuls un tiers des gens ont voté ! Surtout des personnes âgées… qui ne votent ni pour les écologistes ni pour le Rassemblement national ! Ils privilégient les sortants“, poursuit Daniel Boy.
Autre explication possible : l’écologie a été moins présente dans la campagne des régionales qu’en 2019, lors des européennes. “Alors que les questions de sécurité, qui comptent davantage pour les personnes âgées, ont été au cœur des débats.”
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Aucune nouvelle région pour les écologistes
EELV échoue d’ailleurs à décrocher une nouvelle région. En Pays de la Loire, où existait le seul espoir solide, la liste d’union de gauches menée par Matthieu Orphelin n’a pas réussi à déloger la présidente sortante Christelle Morançais (LR).
Dans les Hauts-de-France, la liste d’union EELV-LFI-PS de l’écologiste Karima Delli (22 % des suffrages) n’a pas fait chuter Xavier Bertrand. L’ancien ministre est réélu avec 52,37 %.
En Ile-de-France, la liste d’union menée par l’écologiste Julien Bayou ne rassemble que 33,68 % des voix, contre 45,92 % pour Valérie Pécresse.
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Avenir des unions des gauches
Des résultats qui interrogent sur la capacité des écologistes à mener l’union des gauches. “Il existe ‘un plafond vert’ quand le PS et les écologistes se rassemblent”, a même lancé le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Sautant sur l’occasion pour affirmer que son parti avait désormais le “devoir de prendre le leadership pour mener l’union” à la présidentielle de 2022…
Ce score et cette petite phrase interrogent surtout sur la solidité de cette union des gauches. Dans plusieurs régions, l’alliance n’a même pas eu lieu. C’est le cas en Bretagne, en Nouvelle Aquitaine ou en Occitanie.
Peut-être car le rapprochement est encore balbutiant. “Sur des sujets locaux et très concrets, par exemple sur le nucléaire, il y a des divergences entre écologistes et socialistes qui n’ont pas été profondément discutées”, estime Daniel Boy. Taclant au passage : “Les socialistes avaient 30 ans pour travailler à cette union, pour s’intéresser à l’écologie, mais cela ne fait que deux-trois ans qu’ils s’y penchent vraiment…”
La réflexion est donc en cours. Et d’autres initiatives pour la consolider sont lancées, comme la Primaire populaire. Mais un long chemin reste à parcourir. “On savait que cela serait dur pour 2022. Et ces élections régionales ne sont pas de très bonne augure”, conclut Daniel Boy. À moins qu’elles ne servent d’électrochoc…