Partager la publication "#MeTooInceste: les victimes brisent le silence sur les réseaux sociaux"
“J’avais 6 ans, puis 7, 8 et enfin 9 ans lorsque mon frère m’a violée. Tout ce que je fais aujourd’hui, c’est pour me réconcilier avec l’enfant que j’étais et que j’ai si souvent l’impression d’avoir abandonné…”
“Ma mère violée dans le cercle familial à 12 ans, viol dont je suis né, s’est suicidée à 18 ans : j’en avais 5.”
“J’avais entre 6 et 12 ans. C’était mon cousin. Je n’étais pas consentante. Ce n’était pas des jeux d’enfants. Une partie de moi s’est éteinte à jamais. Je suis une survivante.“
Depuis samedi 16 janvier, des centaines de témoignages proches de ceux-ci sont publiés sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, sous le hashtag #MeTooInceste.
Tout est parti de la parution du livre de Camille Kouchner, La Familia Grande le 7 janvier. Dans son ouvrage, elle raconte l’histoire de son frère jumeau, qui aurait été abusé adolescent par leur beau-père, l’influent politologue Olivier Duhamel. Suite à ce récit, ce dernier à démissionné de tous ses postes, notamment de ses fonctions à Sciences-Po Paris.
Quelques jours plus tard, les réseaux sociaux prennent le relais, s’inspirant du hashtag #MeToo apparu en 2017 suite aux révélations de violences sexuelles du producteur américain Harvey Weinstein.
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Le mouvement #MeTooInceste a lui été lancé par le collectif féministe #NousToutes le 16 janvier, vers midi. Caroline De Haas et Madeline Da Silva, deux membres du collectif, ont coordonné une action pour que 180 personnes tweetent en même temps avec le hashtag.
Selon une enquête menée par l’association Face à l’inceste, 1 Français sur 10 serait concerné par l’inceste. Soit 6,7 millions de Français, dont 78 % de femmes. Un chiffre qui a triplé en dix ans. Mais, petit à petit, la parole se libère.
“Je l’attendais, je l’espérais”, rapporte au Monde Charlotte Pudlowski, cofondatrice du studio Louie Media et autrice du podcast Ou peut-être une nuit, consacré aux victimes d’inceste, parmi lesquelles, sa mère.
Pour parler de ce fléau, Alexandre Mognol a lui lancé quelques mois plus tard, en octobre 2020, le documentaire sonore Les Cris. Celui-ci donne la parole à un père incestueux en attente de jugement.
La mobilisation fera-t-elle évoluer la législation ? Le mot “inceste” n’a fait son apparition dans le code pénal qu’en 2016, même si les relations sexuelles au sein d’une famille étaient déjà pénalement répréhensibles. En 2018, la prescription a été prolongée de dix ans, en passant de 20 à 30 ans.
Certaines associations, comme Face à l’inceste, lutte aujourd’hui pour l’imprescriptibilité des crimes sur mineurs et pour que l’inceste soit inscrit dans le code pénal comme un “crime spécifique”, et non pas comme une “surqualification” des viols, agressions sexuelles et atteintes sexuelles.
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, a elle interpellé le secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, Adrien Taquet, pour lui demander “À quand la loi ?”.
Ce dernier à rappelé au journal Le Monde qu’une commission sur le sujet serait lancée début février, malgré la démission de sa présidente, Elisabeth Guigou, qui était une proche d’Olivier Duhamel.
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