L’Archipel citoyen à Toulouse, Le printemps marseillais, les Grenopolitains, La belle démocratie… À l’approche des municipales de mars 2020, des Français lancent un peu partout
des listes citoyennes et s’impliquent dans la transformation de leur commune. Problème, “si beaucoup d’habitants et d’élus ont envie de construire des alternatives, ils ne savent pas toujours comment”, explique Aliette Lacroix. D’où le lancement du Pacte pour la Transition qu’elle coordonne : un programme de 32 propositions mis à disposition de tous ceux et celles qui souhaitent construire des cités “plus écologiques, plus solidaires et plus démocratiques”.
Pour élaborer ce pacte, se sont assis à la même table 60 organisations : le Mouvement Colibris, Enercoop, la Nef, le Secours catholique, la Fondation Nicolas Hulot, Notre Affaire à Tous, Démocratie ouverte… Elles ont aussi consulté 1135 citoyens tirés au sort et un comité d’experts alliant chercheurs et élus locaux.
Résultat : les 32 mesures couvrent toutes les facettes de la vie d’une commune. La majorité, une vingtaine, ont une portée écologique, touchant à l’éclairage, aux cantines scolaires, aux transports…
“Les Municipales sont le bon échelon : 50 à 70 % des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique reviennent à l’échelle infranationale selon le Giec, qui appelle à agir avant 2030 pour éviter la catastrophe écologique, et donc pendant la prochaine mandature !”, pointe Zoé Lavocat, du Réseau Action Climat France.
De nombreuses propositions portent aussi sur une gouvernance plus partagée: “
La crise politique est profonde. Nous avons besoin d’une démocratie de construction, habitée, vivante, continue. Les élus doivent sortir de la condescendance jupitérienne et devenir des animateurs du territoire, pour aller vers un modèle plus fraternel”, ajoute Jo Spiegel, le maire de Kingersheim (Haut-Rhin) qui a une longueur d’avance en la matière.
La solidarité est également très présente dans ce programme :
“Les communes peuvent avoir un rôle clé pour faire entendre la voix des plus précaires qui ne votent pas ou peu, car elles ont des compétences essentielles en matière de logement, d’accueil, d’emploi”, souligne Jean-François Maruszyczak, directeur général d’Emmaüs France.
Déjà, des citoyens se sont signalés dans plus de 1400 communes pour porter ces revendications, et de nouveaux collectifs locaux naissent chaque jour. Concrètement, ils peuvent créer des collectifs et organiser des débats pour établir un diagnostic des priorités locales. Tous les points du Pacte ne doivent pas forcément être repris : l’objectif est d’en retenir au moins 10 sur 32. Puis s’ouvre le dialogue avec les candidats locaux pour obtenir des engagements et leur faire signer leur propre Pacte pour la Transition, un engagement mutuel entre une liste candidate et le collectif.
“L’idée est qu’il y a ait une souplesse, que les pactes s’adaptent aux besoins des communes”, explique Cédric Szabo, directeur de l’Association des Maires Ruraux de France. En Haute-Savoie, par exemple, des citoyens ont lancé des agoras sur la pollution de l’air, qui les touche de près. À La Réunion, d’autres s’intéressent davantage à l’exclusion et à la transition alimentaire.
“L’idée est aussi de mettre les initiatives existantes en réseau, pour qu’elles sortent de la solitude“, poursuit Aliette Lacroix.
Le principe vous intéresse ?
Une carte interactive recense les comités locaux déjà existants, et donne accès à du matériel pédagogique, affiches ou webinaires, pour fonder son propre comité.