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Paul Watson libéré : le combat continue

Cest bon dêtre dehors après cinq mois et de pouvoir rentrer à la maison pour Noël.” Les premiers mots de Paul Watson claquent dans une vidéo postée par la fondation qui porte son nom. Ce mardi 17 décembre, face au vent glacé du Groenland, où il était détenu depuis le 21 juillet dernier, le militant américano-canadien salue la fin de sa captivité. Sur son visage, on lit plus que jamais toute cette détermination qui fait sa renommée depuis plus de quarante ans.

Le Danemark, pays souverain en matière judiciaire sur ce territoire autonome du Groenland, a tranché après 149 jours de détention pour l’homme de 74 ans. L’extradition demandée par le Japon est rejetée. Une décision à forte portée symbolique. Car il ne s’agit pas seulement d’une bataille légale mais d’un affrontement global entre deux visions du monde : celle d’une protection radicale des océans et celle d’une industrie baleinière qui persiste à se prétendre scientifique.

À lire aussi : Paul Watson contre l’industrie baleinière : une bataille au-delà des océans

Une arrestation qui résonne comme un acte de guerre

En juillet dernier, Paul Watson est interpellé dans le port de Nuuk, au cours d’une escale pour ravitailler en carburant son bateau, le John-Paul-DeJoria. Le militant écologiste était en mission pour intercepter un navire-usine japonais flambant neuf, le Kangei Maru, symbole d’une industrie baleinière que Tokyo peine à légitimer.

Le mandat d’arrêt à son encontre, émis par le Japon en 2012, l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier japonais, le Shonan Maru 2, un autre navire baleinier, en Antarctique en 2010. Au cours de cette opération énergique, une sorte de “boule puante” lancée pour gêner l’équipage aurait blessé un marin japonais. L’épisode avait déjà enflammé les passions et donné lieu à une véritable guerre médiatique. Mais pour Sea Shepherd, organisation fondée par Paul Watson en 1977, l’enjeu est simple : dénoncer ce qu’ils considèrent comme un “massacre industriel maquillé en recherche scientifique”.

” Le Japon a tenté de faire taire un homme dont le seul crime est d’avoir dénoncé l’illégalité du massacre industriel maquillé en recherche scientifique” Les mots de François Zimeray, un des avocats de Paul Watson, dans une déclaration à l’AFP, résonnent comme un défi lancé à la justice japonaise, accusée par les partisans du militant d’être à sens unique. Dans le pays, le taux de condamnation atteint 99,6 %.

À lire aussi : Paul Watson, le pirate qui aimait les baleines

Le Danemark face à un choix cornélien

Refuser l’extradition de Paul Watson n’était pas sans risques pour le Danemark. En plein prélude à sa présidence tournante de l’Union européenne, Copenhague devait éviter à tout prix l’affront diplomatique avec Tokyo, tout en préservant ses propres intérêts. Finalement, le ministère danois de la justice a mis en avant deux arguments : le temps écoulé depuis les faits – quatorze ans – et la durée déjà passée par Watson en détention. Une position diplomatique, presque subtile.

Le Danemark a trouvé un argument technique astucieux pour ne pas donner satisfaction au Japon, sans l’humilier“, analyse William Bourdon, autre avocat de l’activiste. Une manière pour les autorités d’éviter d’être accusées de complaisance envers un système judiciaire japonais souvent mis en cause.

Pour le fondateur de l’ONG Sea Shepherd, le combat est ailleurs. Son arrestation a fait l’effet d’un électrochoc. “Ces cinq mois ont été une extension de la campagne. L’attention du monde est de nouveau portée sur la chasse illégale à la baleine”, a-t-il réaffirmé à sa sortie.

Un héros controversé mais inébranlable

Paul Watson n’en est pas à sa première confrontation avec les puissances maritimes. Fondateur de Sea Shepherd après avoir quitté Greenpeace, il a fait de la confrontation directe sa signature. L’organisation, souvent critiquée pour ses méthodes jugées radicales, a pourtant réussi à empêcher la capture de milliers de baleines depuis les années 1980.

“Sea Shepherd marche sur une ligne très fine lorsqu’il s’agit de la loi, mais qu’importe tant qu’on ne la franchit pas, non ?” répond Paul Watson à ses détracteurs (ointerview dqns M Le magazine du Monde du 13 novembre 2024). Car pour lui, l’objectif justifie les moyens. Sa méthode : rendre visible l’invisible. La chasse aux cétacés, dissimulée derrière un voile de légalité, est révélée au grand jour par des campagnes audacieuses, souvent dangereuses. Et qu’importe s’il faut pour cela suivre ces navires-baleiniers, véritables géants des mers, jusqu’au milieu du Pacifique. Plus de 6 000 baleine auraient ainsi eu la vie sauve, selon les estimations de l’ONG.

L’homme est aussi un maître de la communication. Ses images – des hommes face aux baleiniers à l’assaut – captent l’attention du public mondial. “L’arme la plus puissante du monde, c’est la caméra”, aime-t-il à répéter.

“L’eau est le sang de notre planète, si l’océan meurt,
on meurt tous !”
Paul Watson

À l’horizon, une lutte inlassable pour la défense des baleine

À 74 ans, Paul Watson n’a rien perdu de sa fougue. Installé en France depuis deux ans, où il a demandé l’asile politique et la nationalité française, il a déjà de nouvelles campagnes en tête et en préparation avec ses équipes. Car pour lui, les océans sont le cœur battant de notre survie : “Un océan sans baleines, c’est le naufrage de l’humanité.”

Si le Danemark a mis fin à cet épisode, le mandat d’arrêt international émis par le Japon plane toujours. Jean Tamalet, l’un de ses avocats, l’a confirmé : “Nous allons attaquer la notice rouge et le mandat pour qu’il puisse voyager librement.” D’ici là, c’est en famille que le militant écologiste passera les fêtes de fin d’année.

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