Partager la publication "Plan Eau : Emmanuel Macron veut des économies, quoi qu’il en goutte"
“Mille projets en cinq ans pour recycler et réutiliser l’eau”. Ce jeudi 30 mars, Emmanuel Macron a présenté un ambitieux Plan Eau pour la France. Depuis le village de Savines-le-Lac, non loin du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), le chef de l’État a dévoilé une cinquantaine de mesures pour économiser la ressource hydrique. Parmi elles, citons la mise en place d’un “Ecowatt de l’eau” ainsi que la “tarification progressive généralisée de l’eau”.
“On a une ressource en eau qui a fortement baissé”, s’est désolé le président de la République. Avant d’ajouter qu’il redoutait à nouveau des “situations de grand stress à l’été prochain“. Pour anticiper un problème de sécheresse récurrent en France en raison du réchauffement climatique, le gouvernement veut donc améliorer la gestion de l’eau. Une nécessité quand on sait que les scientifiques tablent sur une diminution de 10 à 40 % de la ressource en eau dans notre pays dans les décennies à venir. Voici les 8 principales mesures annoncées
Emmanuel Macron veut que chaque citoyenne et citoyen s’empare du sujet. Ainsi, à l’instar de l’outil EcoWatt sur la consommation d’électricité, le chef de l’État souhaite un “EcoWatt de l’eau”. “Les préfets ont fixé des règles de partage et de bon usage de l’eau. Et comme nous l’avons fait pendant l’hiver sur l’énergie, on aura cet outil dès le début de l’été pour que chaque Français, chaque agriculteur, chaque maire, chaque chef d’entreprise, puisse connaître les gestes à adapter de manière très transparente et l’évolution de la situation”, a déclaré le président.
Autre mesure pour inciter les Français à davantage de sobriété : une “tarification responsable et progressive de l’eau”. Pour cela, il imagine une tarification par paliers. “Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant. Ensuite, au-delà d’un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé”, a-t-il expliqué ce jeudi 30 mars. Le premier palier sera calculé de manière à permettre de couvrir les besoins essentiels.
L’énergie, l’industrie, le tourisme, l’agriculture, les loisirs… aucun secteur ne sera épargné. Le chef de l’État a annoncé qu’un “plan de sobriété de l’eau” serait demandé à chaque branche professionnelle en France.
À l’instar d’Israël qui est le champion du traitement des eaux usées (plus de 80 % de sa consommation totale), Emmanuel Macron souhaite une montée en puissance de notre pays dans ce domaine. Actuellement, cela représente moins de 1 % des volumes. Le président souhaite que l’on atteigne les 10 % à horizon 2030, soit 300 millions de mètres cubes. C’est l’équivalent de “trois piscines olympiques par commune […] ou 3 500 bouteilles d’eau par Français et par an”, a-t-il déclaré.
Premier consommateur d’eau via l’irrigation – plus de 2 milliards de mètres cubes par an –, le secteur de l’agriculture doit faire des efforts. Surtout que cette consommation est sensiblement concentrée sur la période estivale, quand la ressource se fait plus rare. Plusieurs pistes d’économies ont été évoquées par Emmanuel Macron. Comme l’adaptation au réchauffement climatique en modifiant les types de plants cultivés ou en développant des cultures plus résistantes à la sécheresse. Il veut aussi qu’un “diagnostic eau, sols et adaptation” fasse partie intégrante des aides à l’installation des nouveaux jeunes agriculteurs. Enfin, le chef de l’État a annoncé dégager un budget de 30 millions d’euros pour aider le secteur à s’équiper en systèmes d’irrigation plus sobres en eau.
En France, on estime que 20 % de l’eau potable produite s’échappe, en raison de fuites sur le réseau vieillissant. Selon les chiffres de l’Office français de la Biodiversité, cela représente 937 millions de m³ d’eau perdus chaque année. Soit un litre sur cinq qui se perd. Le Plan Eau veut mettre fin à cette gabegie.
Emmanuel Macron a annoncé vouloir investir 180 millions d’euros pour résorber ces fuites. Et souligné notamment l’existence de “170 points noirs, c’est-à-dire toutes les zones où les fuites sont très importantes”. Il s’agit de 170 communes prioritaires dans la lutte contre les fuites du réseau de distribution. En complément, les agences de l’eau vont bénéficier d’un budget annuel supplémentaire de 50 millions d’euros. “C’est l’effort dont on a besoin pour déclencher au total environ 6 milliards de plus dans l’économie de l’eau chaque année”, a-t-il estimé.
Selon le chef de l’État, c’est pas moins de 12 % de l’eau consommée en France qui est utilisée par les centrales nucléaires. Tout comme l’agriculture, cette activité va donc devoir fournir de gros efforts pour gagner en sobriété. “On doit adapter nos centrales nucléaires au changement climatique en engageant un vaste programme d’investissements pour faire des économies d’eau et permettre de fonctionner beaucoup plus en circuit fermé”, a-t-il expliqué. Le programme d’investissement annoncé n’a cependant pas été chiffré.
Cinq jours après les violents affrontements à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) autour d’un projet de méga-bassine, Emmanuel Macron a tenu à préciser sa position sur le sujet. S’il a expliqué que tout nouvel ouvrage de stockage ne devait pas “privatiser l’eau”, elles ne sont cependant pas interdites. Il a cependant détaillé les conditions de création et insisté sur le fait qu’elles seraient conditionnées à des “changements de pratiques significatifs” des agriculteurs (économie d’eau, baisse de l’usage des pesticides, etc.) ainsi qu’à une préservation de la biodiversité.
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