Pollution : Célia Blauel “curieuse de voir ce que les candidats ont dans le ventre”

À quel point votre quartier est-il pollué ? La mairie de Paris vient de lancer une nouvelle cartographie en ligne pour visualiser en temps réel les niveaux de pollution dans la capitale. Célia Blauel, membre d’Europe Ecologie Les Verts et maire-adjointe chargée des questions environnementales auprès d’Anne Hidalgo, revient sur cet outil. Et les projets de lutte contre la pollution à l’approche des municipales.
 
We Demain : Pourquoi lancer maintenant cette cartographie ?

Célia Blauel : Cela s’inscrit dans la continuité du combat de la maire de Paris contre la pollution. Il nous semble essentiel d’augmenter le public sensibilisé. Et pour cela, il faut de la transparence. La cartographie permet de montrer que la qualité de l’air s’est améliorée mais qu’il faut encore évoluer. Surtout quand – une récente étude le montre – les constructeurs de voitures diesel continuent à piper leurs chiffres et à dépasser les seuils d’émission autorisés ! On a besoin de mettre des thermomètres fiables dans les mains de la collectivité.
 

 
Il existait déjà des cartes disponibles sur le site d’Airparif (l’organisme en charge de la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France) et sur son application Itiner’Air. Qu’apportez vous de plus ?

Ce nouvel outil reprend en effet des données déjà connues, mais les consolide et les compile. La carte permet une géolocalisation très précise dans la ville, rue par rue (et intègre des particules plus fines que l’application Itiner’Air, ndlr). Nous diffusons aussi les données obtenues via des capteurs Pollutrack embarqués sur 400 véhicules qui sillonnent Paris en continue et qui ont permis de visualiser d’autres données, comme la pollution très forte près des métros.
 
Que faire quant à cette pollution dans le métro, également pointée par un nouveau rapport de l’association Respire ?

Cela relève de la compétence d’Ile-de-France mobilité. Je sais que la RATP mène des expérimentations, avec des filtres, des dispositifs d’aération, mais rien d’assez probant pour l’heure. Nous relançons la présidente de région sur ce sujet.
 
Les associations regrettent aussi que les particules “ultrafines” ne soient pas mesurées, alors qu’elles sont extrêmement nocives, comme le montre un récent rapport de l’ANSES

C’est un sujet sur lequel on travaille avec Airparif. Nous souhaitons nous doter dans les années à venir d’une instrumentation qui permette de mesurer cela d’une manière plus précise. Une première station va déjà être installée à l’automne (financée par la région, ndlr).
 
La pollution a diminué ces dernières années, mais reste bien au-dessus des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Quel est votre programme pour la prochaine mandature ?

Il faut continuer à sortir de la logique des années 1950, celle d’une ville organisée pour et autour de la voiture. Nous soutiendrons toujours d’autres mobilités, l’électrique ou l’hydrogène, la marche ou les vélos, qui devraient être aussi nombreux que les voitures à Paris en 2025. Nous avons aussi fixé la sortie du diesel à 2024, objectif qui est aussi celui de la métropole, et de l’essence en 2030. Enfin, nous allons développer le maillage métropolitain et continuer à faciliter l’accès aux transports en commun. Nous poursuivons la réflexion sur la gratuité, qui a déjà été étendue au 4-11 ans en cette rentrée, un grand succès. 
 
Quid du périphérique, que votre concurrent Gaspard Gantzer veut faire disparaître ?

La cartographie montre encore une fois que les grand axes nord-sud et ouest-est sont les plus pollués, ainsi que le périphérique. Nous allons donc y créer une voie réservée au covoiturage et aux véhicules propres, a priori d’ici 2024 pour les JO, y réduire la vitesse à moyen terme et peu à peu le transformer en boulevard urbain avec des feux. À plus long terme, mais c’est un avis personnel, il faudra faire disparaître cette autoroute urbaine.
 
L’écologie semble plus que jamais au coeur de la bataille pour les municipales…

En effet, tout le monde se déclare écolo depuis trois semaines. On n’a jamais eu autant de candidats écolos à Paris ! Car oui, c’est un des éléments sur lequel les candidats sont attendus. De mon côté, je vois l’écologie comme une question globale, touchant à nos infrastructures autant qu’à notre organisation sociale. Je suis donc curieuse de savoir ce que les autres mettent derrière ce terme d’écologie et ce que chacun a dans le ventre sur ces sujets !
 

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