Partager la publication "Pollution plastique triplée d’ici 2060 : “Il y a urgence à agir”, pour la Fondation Tara Océan"
D’ici la fin de l’année 2024, assistera-t-on à la signature d’un Traité de lutte contre la pollution plastique, comme l’a appelé de ses vœux l’Organisation des Nations unies (ONU) ? Si cette idée est loin de faire l’unanimité, elle est néanmoins portée par certains défenseurs de la planète, dont la Fondation Tara Océan. 175 pays vont en tout cas se rassembler à Ottawa (Canada) dans moins d’une semaine, du 23 au 29 avril 2024, pour parler pollution plastique.
Un problème majeur qui ne cesse de prendre de l’ampleur car la production ne cesse de croître tandis que le recyclage reste très limité. D’ici 2060, la quantité de déchets plastiques devrait tripler sur le globe, dont la moitié risque de prendre le chemin de la décharge, tandis que moins du cinquième sera effectivement recyclé, selon des chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Malgré tous les objets plastiques estampillés comme “recyclables”, bien peu le sont dans les faits. Environ 7 des 9,2 milliards de tonnes de plastique produites entre 1950 et 2017 sont devenues des déchets, qui ont été mis en décharge ou jetés. “On a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes, et le phénomène continue à s’accentuer”, relève L’Atlas du plastique, publié par la Fondation allemande Heinrich Böll. Des déchets qui finissent dans la nature… et jusque dans notre corps.
Nous constatons, en outre, une vraie différence de consommation des plastiques sur Terre, qui devrait se creuser encore dans les années à venir. Chaque habitant des pays de l’OCDE (38 pays, principalement occidentaux) consommera 238 kg de plastiques en 2060, contre 77 kg pour les habitants des pays non membres OCDE, prévient la Fondation Tara Océan. Or, le plastique représente déjà quelque 3,4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). “C’est plus que le secteur aérien”, souligne Henri Bourgeois-Costa, directeur des affaires publiques à la Fondation Tara Océan.
En matière de pollution plastique, nous devons faire face à une double problématique : une production massive de plastiques et la mauvaise gestion des déchets qui en découlent. “Le monde a commencé par prendre conscience du problème en découvrant des déchets plastiques en mer. Ensuite, les scientifiques ont révélé la présence de microplastiques qui s’immiscent partout. Dans les airs, les sols et les eaux”, pointe Henri Bourgeois-Costa. Et même jusque dans notre système sanguin, a révélé une enquête.
Et d’ajouter : “Nous demandons un accord de réduction de la production de 50 % minimum – par rapport à 2019 et à l’horizon 2040 si possible. Il y a urgence à agir.” Pour affirmer cela, la Fondation Tara Océan s’appuie sur les coûts réels des plastiques, notamment ceux concernant l’impact sur la vie humaine.
“Les maladies dues aux produits chimiques utilisés dans les matières plastiques sont importantes, elles touchent déjà environ 18 millions d’êtres humains [chiffre qui ne concerne que les États-Unis, l’Union Européenne et le Canada]. Ce chiffre est, en fait, largement sous-estimé, notamment parce qu’il date de 2010 et que, depuis, la production plastique et la pollution qui en découle ont été multipliées par 1,6″, explique la Fondation. En outre, une équipe internationale de chercheurs (France, Japon et États-Unis) a estimé les coûts des pollutions plastiques, parvenant à une estimation moyenne de 148 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale.
Pour la Fondation Tara Océan, l’objectif est clair : “Avec le Traité mondial de lutte contre la pollution plastique, nous appelons à diviser par deux notre production de plastique, pointe Henri Bourgeois-Costa. Ce n’est pas d’un ‘retour aux âges des cavernes’ dont il est question mais d’un retour à l’état de la production du milieu des années 2010.” Selon, lui, cet objectif est plutôt conservateur car, en réalité, il faudrait “réduire la production de 75 % pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l’accord de Paris. Les conclusions de la conférence de Stockholm fixent même à zéro la quantité de nouvelles entités – dont les plastiques font partie – que nous devrions injecter dans le système pour rester dans les limites planétaires.” Il reconnaît cependant que “50 %, cela reste tout de même un objectif ambitieux.”
Le défi est avant tout de convaincre des pays, sans doute pas les 175 entités qui seront présentes à Ottawa mais au moins une partie, de s’engager sur cette voie. En mixant une réduction de la production et le recours à des solutions de substitution, cet objectif est réaliste. Mais encore faut-il s’en donner réellement les moyens. Cela impose notamment “un strict respect de la hiérarchie des 3R – Réduire, Réutiliser, Réparer” – mais aussi recycler… et résister à la pression des pays exportateurs de pétrole.
Puisqu’il est illusoire de penser que l’on pourra un jour nettoyer les océans en profondeur, il faut trouver des solutions concrètes contre l’usage du plastique. Fin systématique des emballages et autres objets à usage unique, développement de systèmes de consignes (par exemple, 15 centimes d’euro par bouteille pour que ce soit suffisamment incitatif), déploiement d’alternatives réellement biodégradables, de vaisselle comestible… les pistes sont multiples mais bien souvent plus coûteuses que le plastique traditionnel. Encore que, cela mérite une mise en perspective.
Les économistes estiment qu’il nous en coûterait environ 3 250 milliards de dollars par an sur les 25 prochaines années pour trouver des alternatives sérieuses aux plastiques issus des combustibles fossiles ou non réellement biodégradables. Exorbitant ? Pas au regard du prix de l’inaction qui, lui, serait presque du double. Selon la Fondation Tara Océan, celui-ci a été estimé 148 000 milliards de dollars, soit 5 920 milliards de dollars par an sur 25 ans.
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