Partager la publication "Pour le renouveau de la politique… à la télévision"
Le sujet n’est pas ici de débattre de sa personne et de son programme (ce qui impliquerait d’abord d’avoir lu les 1000 pages qui le décrivent…). Mais de prendre prétexte du “renouveau” qu’il cherche à incarner pour dire qu’il devrait aussi passer par une remise en cause des émissions politiques à la télévision.
Des affrontements stériles
Ou encore Alexandre Jardin, que l’on a déjà vu plus empathique et objectif, venu sans nuance “casser du technocrate” en usant d’effets de tribune assez grossiers. Mais surtout faire la promotion de ses propres actions (par ailleurs louables dans leur principe) et de sa propre personne (ce qui l’est un peu moins).
“L’invité” a dû aussi affronter (comme les précédents) des journalistes dont le principal objectif apparent est de le prendre en défaut, ne serait-ce que pour montrer qu’ils font bien leur métier. En l’occurrence, il s’agissait de faire dire à Bruno Le Maire qu’il ne sera pas le Premier ministre de l’un de ses concurrents à la primaire, ou de lui faire reconnaître à toute force qu’il va enrichir les riches pour mieux plumer les pauvres.
Des débats asymétriques
On constate ainsi une fois de plus qu’à la télévision, le registre de l’émotion (surtout celle exprimée par les “vrais gens”) est bien plus efficace que celui de la raison (que doivent utiliser ceux qui ne s’inscrivent pas dans une démarche “populiste”). Les premiers évoquent des cas particuliers douloureux, voire scandaleux ; les seconds sont contraints de rester dans un cadre général.
Les premiers parlent simplement et touchent le plus grand nombre ; les seconds ont un langage choisi, une allure de “nantis” montrant qu’ils n’ont pas connu les mêmes incidents de parcours. Au total, ces échanges “asymétriques” ne servent pas la réconciliation des Français avec les politiques ; ils tendent au contraire à entretenir leur détestation, souvent excessive, parce que dictée par la volonté de désigner des boucs-émissaires, façon de se dédouaner de leur propre responsabilité de citoyen.
Une dramaturgie digne de la Rome Antique
Sans cesse, il lui faut montrer à des interlocuteurs qui l’écoutent à peine que son intention profonde n’est pas de faire le mal autour de lui mais, sincèrement, de redresser le pays. Pour couronner le tout, il lui faut subir en fin de soirée l’humour (drôle pour le téléspectateur mais assez “vachard” pour le destinataire principal) d’une humoriste.
Puis, enfin, tombe le verdict des téléspectateurs-jurés, recueilli par un institut de sondage. Il indique si l’on a été “convaincant” ou non, et s’il a fait mieux ou moins bien que ses prédécesseurs. Comme dans les arènes de la Rome Antique, la dramaturgie atteint son comble : on sait alors si le pouce des Français est levé ou baissé. Avec la différence, importante tout de même, que sa “mise à mort” éventuelle ne sera que symbolique.
Des coups à prendre
La récompense est très rarement la gloire, surtout lorsque la situation du pays est telle qu’il sera difficile d’être l’homme (ou la femme) providentiel(le) qui pourrait le remettre sur pieds.
Reste donc pour les candidats la satisfaction de faire leur devoir en essayant d’améliorer la situation de leurs compatriotes et celle de leurs enfants. Au moins pourrait-on reconnaître à la fois l’utilité et la difficulté de la tâche, et chercher à la faciliter pour ceux qui ont le courage de se lancer, plutôt que de chercher à les détruire avant qu’ils n’aient pu essayer.
Cela permettrait de ne pas décourager ceux qui sont sincères (il y en a), au profit de ceux dont les idées sont a priori moins généreuses et plus dangereuses. Il existe en effet plusieurs modèles proposés pour le “renouveau” nécessaire de la France. Aux Français de choisir celui qui leur paraît le plus utile au pays. Il serait bon qu’ils le fassent sans colère, ni “par défaut”. En prenant leurs responsabilités.