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Pour venir à bout du burn-out, l’entreprise doit faire le choix de l’intelligence collective

TRIBUNE. Par Christine Marsan, à l’origine du site AlterCoop.

Le 08/12/2017 par WeDemain

En quelques années, le sujet du burn-out a émergé dans les médias. Tout d’abord regardé par beaucoup avec une certaine méfiance voire une forme de mépris, il est aujourd’hui perçu comme un sujet clé pour le monde de l’entreprise. Pour preuve, les pouvoirs publics se sont emparés du sujet pour explorer quelles voies législatives permettraient de trouver des solutions.
 
S’il est difficile d’imaginer que la solution puisse être seulement politique, il est en revanche clair que le burn-out n’est rien d’autre que le reflet du monde dans lequel nous vivons : violent, radical et amateur de conflit plutôt que de dialogue.
 
Les illustrations sont d’ailleurs légions : le terrorisme de Daesh, la repolarisation flagrante des relations internationales ou encore le conflit opposant les climato-sceptiques aux tenants des accords signés dans le cadre de la COP21. Une situation que l’on retrouve tout autant au niveau social notamment dans la stigmatisation de minorités religieuses, ou au sujet de la violence faite aux femmes.

Le burn-out : reflet du monde du travail

L’entreprise n’est pas épargnée. Le burn-out reflète lui un monde du travail violent, frontal, anxiogène et en pleine mutation. C’est d’ailleurs ce qui conduit nombre d’entreprises à tenter de créer les conditions du bien-être et d’un certain épanouissement de leurs collaborateurs en déployant des dispositifs QVT (Qualité de Vie au Travail).

Démontrer sa capacité à proposer un cadre de travail favorable – et sans burn-out – devient même un axe d’action et de… communication. Preuve en est faite avec le succès d’opérations comme Great Place to Work.
 
Mais, malgré tous ces efforts, force est de constater que les choses changent peu et que le burn-out continue ses ravages. Face à un environnement du travail de plus en plus complexe, un grand nombre de professionnels se sentent dépassés, incapables de répondre aux attentes de leur employeur, de leur manager.

Une réalité qui fait écho à un monde du travail en profonde mutation. Outre une exigence d’excellence, une compétition entre collaborateurs, renforcée par les oppositions de générations, les individus doivent en plus faire face à une réduction des moyens mis à leur disposition.

Pire, l’arrivée et la généralisation d’une économie digitalisée sont venues fragiliser des millions de professionnels seniors, perçus trop souvent comme dépassés et trop coûteux par l’entreprise.

Dans ce contexte de changement permanent et “liquide”, nombreux sont ceux qui ont le sentiment d’une perte de valeur. L’instantanéité rendue possible par le digital se fait bien trop souvent au détriment de la prise de recul, de la stratégie et, au final, d’une réelle expertise.

​Un phénomène encore accentué par l’omniprésence d’un monde professionnel qui rogne progressivement sur le personnel, un temps libre et déconnecté de plus en plus rare.

Créer un nouvel élan

Si certains s’extasient devant les perspectives qu’offre un monde digitalisé et robotisé où l’intelligence artificielle est promise à un avenir radieux, d’autres voient le monde que l’on nous promet comme particulièrement anxiogène et annonciateur de leur obsolescence à venir. Un clivage qui est l’expression d’un monde bipolaire, qui rend nécessaire et urgent de se poser la question du sens et de notre vision de l’humanité.
 
Pour venir à bout du burn-out, il est donc temps de se poser les bonnes questions ; celles qui permettent de construire une vision pérenne et partagée de l’humanité. Et cela passe d’abord par notre capacité à nous interroger concernant nos relations. Il est temps de prendre conscience et de créer les conditions de la coopération et du dialogue plutôt que de persister dans un modèle qui favorise la compétition à outrance, des formes variées mais systématiques d’affrontement et de violence.
 
L’entreprise a indéniablement un rôle majeur à jouer dans cette mutation que nous appelons de nos vœux. Pour y parvenir, pérenniser son activité et garantir son développement, elle doit faire le choix de l’intelligence collective. Une intelligence collective fondée sur des modalités de fonctionnement et d’organisation basés sur la coopération et la valorisation du rôle de chacun.
 
Nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter ce changement de paradigme. Un changement qui ne pourra se faire qu’au travers d’un travail pédagogique ambitieux et ouvert à tous, petites et grandes entreprises, ONG.  DRH, dirigeants, managers et, plus largement, toutes les personnes en charge d’activités sociales au sein de l’entreprise, tous sont les bienvenus pour expérimenter et développer cette pédagogie de l’altérité et de la coopération que nous sommes en train de bâtir.

Christine Marsan
Auteure et psychosociologue spécialisée dans l’intelligence collective et la résolution des conflits depuis plus de 25 ans à l’origine d’AlterCoop, pédagogie de l’altérité et de la collaboration. 

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